Monde
La justice grecque refuse toute indulgence envers le parti néonazi Aube dorée
La Cour pénale d’Athènes a rejeté lundi toutes les circonstances atténuantes susceptibles d’alléger les peines de prison encourues par les dirigeants du parti néonazi Aube dorée, reconnus coupables la semaine dernière de « direction d’organisation criminelle ».
Le chef d’Aube dorée Nikos Michaloliakos, négationniste et admirateur du national-socialisme, ainsi que six autres cadres du parti néonazi dont l’eurodéputé Ioannis Lagos, l’ancien porte-parole du parti Ilias Kassidiaris, et le député Christos Pappas, bras droit de Michaloliakos, encourent jusqu’à quinze ans de prison.
Tous les sept, reconnus coupables d’avoir dirigé une organisation criminelle, avaient demandé des circonstances atténuantes, ce que la cour pénale d’Athènes a rejeté lundi matin, selon une source judiciaire.
Mais l’annonce de leurs peines a été retardée, l’un des principaux accusés ayant réclamé le remplacement des trois juges de la cour pénale, d’après la même source.
L’eurodéputé indépendant Ioannis Lagos, ancien membre d’Aube dorée, est rentré dans le palais de justice d’Athènes lundi matin et a demandé que la cour soit récusée, jugeant le verdict « partial ».
« La cour prononcera les peines dans quelques heures », a cependant annoncé à la presse le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas.
Devant la cour pénale d’Athènes, quelques centaines de manifestants anti-fascistes s’étaient rassemblés lundi matin, espérant le prononcé de lourdes peines de prison. « Pas de circonstances atténuantes pour les criminels nazis », pouvait-on lire sur des banderoles brandies par les manifestants, a constaté un vidéaste de l’AFP.
Après cinq ans et demi d’audiences, la cour a unanimement qualifié mercredi le parti paramilitaire d' »organisation criminelle » dans un verdict qualifié d' »historique » par la présidente de la République et toute une frange de la classe politique grecque.
Elle a établi la culpabilité d’Aube dorée dans plusieurs crimes, en particulier le meurtre en 2013 du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, celui du Pakistanais Sahzat Luckman, en 2013, ainsi que l’agression de pêcheurs égyptiens en 2012 et de syndicalistes communistes en 2013.
Plus d’une cinquantaine de personnes, dont 18 anciens députés d’Aube dorée, ont été reconnues coupables de crimes divers: direction d’une organisation criminelle, meurtre, agression, possession illégale d’armes…. Une dizaine des 68 accusés ont été acquittés.
« Vous ne me faites pas peur »
L’annonce du verdict avait été acclamée par une foule de 20.000 manifestants rassemblés devant le palais de justice. De brèves émeutes avaient opposé des protestataires et la police.
Celle-ci avait interdit une manifestation lundi de sympathisants d’Aube dorée, à l’appel de Ioannis Lagos qui estime avoir été condamné par « une équipe tétanisée de petites gens répondant aux ordres et piétinant le droit dans tous les sens ».
« Vous ne me faites pas peur », avait-il encore tweeté la semaine dernière.
Lundi, son avocat Constantinos Plevris, sympathisant nazi et auteur d’un livre antisémite, a déclaré à la cour avoir l’impression d’être devant « un tribunal de la Révolution française », estimant que le verdict a été influencé par la taille de la manifestation antifasciste alors devant le tribunal.
« Ce n’est pas un procès de l’idéologie », a encore déclaré l’avocat, fustigeant un verdict « partial ».
Le chef et fondateur du parti paramilitaire Nikos Michaloliakos a également rejeté sa condamnation la semaine dernière sur Twitter.
« Nous avons été condamnés sur nos idées », a-t-il tweeté. « Quand les immigrés illégaux sont majoritaires en Grèce, quand (le gouvernement) cède à tout devant la Turquie, quand des millions de Grecs sont au chômage dans la rue, ils se souviendront d’Aube dorée ». Son compte a été ensuite suspendu par Twitter.
Le meurtre du militant de gauche et rappeur Pavlos Fyssas, dans la nuit du 18 septembre 2013, avait choqué la Grèce en pleine crise financière et contraint les autorités à poursuivre le parti néonazi, responsable de meurtres et violences contre des migrants et des militants de gauche depuis les années 90 mais qui avait bénéficié jusque là d’une quasi-impunité.
Dans cette affaire, Yorgos Roupakias, membre d’Aube dorée, a été reconnu coupable d' »homicide volontaire » par la cour pénale d’Athènes et risque la prison à perpétuité.
Ce procès fleuve a entraîné progressivement le déclin d’Aube dorée, troisième force politique en 2015, qui n’a obtenu aucun député aux dernières législatives de juillet 2019.
Europe
Arrestation du fils de la princesse de Norvège soupçonné de viol
Les forces de l’ordre norvégiennes ont procédé à l’arrestation de Marius Borg Høiby, 27 ans, suspecté d’agression sexuelle. Les détails de l’affaire commencent à émerger.
Lundi soir, les autorités norvégiennes ont mis sous les verrous Marius Borg Høiby, fils de la princesse héritière Mette-Marit, dans le cadre d’une enquête pour viol. Le jeune homme de 27 ans est accusé d’avoir eu un rapport sexuel avec une personne incapable de donner son consentement, selon les déclarations de la police. Cet incident est décrit comme un acte sexuel sans pénétration, où la victime était dans un état d’inconscience ou de faiblesse l’empêchant de s’opposer.
Les investigations ont rapidement progressé. Une perquisition a été menée au domicile de Høiby, où des éléments matériels ont été saisis. Cette arrestation fait suite à une précédente interpellation en août, lors d’une altercation nocturne à Oslo, où Høiby était accusé de violences domestiques. À cette occasion, un couteau avait été découvert planté dans un mur de la chambre de la femme impliquée, avec laquelle il entretenait une relation.
La situation s’est encore compliquée en septembre, lorsque Høiby a été arrêté pour avoir enfreint une ordonnance de protection. La police a révélé qu’au moment de son arrestation lundi, il se trouvait en compagnie de la même femme qui avait été impliquée dans l’incident d’août. Les charges contre lui se sont élargies pour inclure des accusations de violences domestiques.
Marius Borg Høiby, né d’une relation antérieure de Mette-Marit avant son mariage avec le prince héritier Haakon, n’a pas de rôle officiel au sein de la famille royale, contrairement à ses demi-frères et sœurs, la princesse Ingrid Alexandra et le prince Sverre Magnus. La police n’a pas encore décidé si Høiby serait placé en détention provisoire, laissant l’avenir judiciaire du jeune homme en suspens.
Cet événement soulève des questions sur les dynamiques familiales au sein de la royauté norvégienne et sur la manière dont la justice traite les affaires impliquant des personnalités publiques. La Norvège, connue pour son système judiciaire transparent et équitable, devra naviguer avec soin dans cette affaire délicate, assurant à la fois la protection des droits de la victime et le respect des procédures légales.
Europe
Russie : Vladimir Poutine signe un décret permettant un recours plus large à l’arme nucléaire
Face à la montée des tensions avec l’Occident, Vladimir Poutine a modifié la doctrine nucléaire russe, permettant un recours plus large à l’arsenal atomique en cas de menaces jugées sérieuses.
L’annonce de la signature par le président russe Vladimir Poutine d’un décret élargissant les conditions d’emploi des armes nucléaires marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions internationales. Ce décret intervient après que les États-Unis ont permis à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, signalant une évolution stratégique dans le conflit.
Le document, signé le 19 novembre, modifie substantiellement la politique nucléaire russe. Désormais, toute attaque contre la Russie par un État non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, sera considérée comme une agression conjointe. Cette révision reflète une adaptation de la Russie à ce qu’elle perçoit comme des menaces croissantes à sa sécurité, selon les dires du Kremlin. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a justifié cette mesure en expliquant qu’il était impératif de réajuster les fondements de la doctrine nucléaire face aux défis actuels.
Cette décision intervient à un moment où les relations entre la Russie et l’Occident sont particulièrement tendues. Fin septembre, Poutine avait déjà fait état de sa volonté d’utiliser l’arme nucléaire en réponse à une attaque aérienne massive contre le territoire russe, une menace qui a été réitérée par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, indiquant que la réponse de la Russie serait proportionnée et décisive.
La Russie accuse également l’Ukraine d’avoir utilisé des missiles de longue portée fournis par les États-Unis pour frapper la région de Briansk. Selon les informations relayées par le ministère russe de la Défense, six missiles ATACM ont été lancés, dont cinq ont été interceptés par la défense antiaérienne russe. Les débris auraient causé des dommages mineurs à un site militaire, attisant encore la tension dans la région.
Cette escalade dans la rhétorique et les actions nucléaires soulève des inquiétudes quant à une possible intensification du conflit, déjà marqué par des échanges de prisonniers et des accusations réciproques d’agressions. La signature de ce décret par Poutine pourrait être interprétée comme une tentative de dissuasion, mais aussi comme une manifestation de l’intention de la Russie de protéger ses intérêts par tous les moyens, y compris les plus extrêmes.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
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