Les tensions commerciales entre Pékin et Ottawa s’intensifient. La Chine impose des droits de douane supplémentaires sur les produits agricoles canadiens, une riposte qui inquiète les producteurs locaux.
Depuis ce jeudi, la Chine a mis en place des taxes douanières supplémentaires sur plusieurs produits agricoles en provenance du Canada, notamment l’huile de canola. Cette décision, annoncée début mars, intervient en réponse aux mesures protectionnistes adoptées par Ottawa contre les véhicules électriques chinois. Les droits de douane chinois atteignent désormais 100 % pour l’huile de colza, les tourteaux d’oléagineux et les pois canadiens, avec un impact particulièrement marqué sur le secteur du canola, une culture emblématique du pays.
Le canola, une variété de colza développée au Canada, est largement utilisé pour la production d’huile alimentaire et d’aliments pour animaux. Le pays est l’un des principaux exportateurs mondiaux de cette plante, et la Chine représente un marché clé pour ses producteurs. En parallèle, Pékin a également instauré une surtaxe de 25 % sur les produits aquatiques et la viande de porc canadiens, accentuant la pression sur les exportateurs.
Chris Davison, président du Conseil canadien du canola, a exprimé son inquiétude face à ces mesures. Selon lui, ces taxes pourraient avoir un « effet dévastateur » sur les producteurs et l’ensemble de la filière, dans un contexte déjà marqué par des tensions commerciales et géopolitiques croissantes. Il a appelé le gouvernement canadien à agir rapidement pour trouver une solution avec la Chine.
Cette escalade tarifaire s’inscrit dans un conflit commercial plus large. L’an dernier, le Canada avait décidé d’imposer des droits de douane supplémentaires de 100 % sur les véhicules électriques chinois, ainsi que des taxes de 25 % sur les produits en acier et en aluminium. Pékin avait alors dénoncé ces mesures comme une atteinte aux intérêts de ses entreprises, justifiant ainsi sa riposte.
En Chine, certains citoyens soutiennent cette politique de fermeté. Zheng Ruitao, un habitant de Pékin, estime que son pays est désormais assez puissant pour ne plus dépendre des autres nations. Song Qing, une autre résidente, reconnaît que ces tensions ont peu d’impact sur sa vie quotidienne, mais souligne leur importance au niveau national.
Les relations entre le Canada et la Chine sont tendues depuis plusieurs années, notamment depuis l’affaire Huawei et l’arrestation en 2018 de Meng Wanzhou, directrice financière du groupe chinois. Cet épisode avait entraîné l’incarcération de deux Canadiens en Chine, alimentant un climat de méfiance mutuelle. Aujourd’hui, ces nouvelles mesures douanières risquent d’aggraver encore les relations déjà fragiles entre les deux pays.