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Société

« Je vais dévisser »: mal-être et dépression explosent en temps de crise sanitaire

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L’incapacité de voir le bout du tunnel, la solitude, l’inquiétude au niveau professionnel. Le coronavirus, le confinement, et aussi le terrorisme qui continue de frapper, plongent de nombreux Français dans un profond mal-être: les syndromes dépressifs ont doublé en quelques semaines.

« Ce qui est dur, c’est l’accumulation. Il y a eu beaucoup trop de choses cette année », confie Marie, 43 ans. Cette Parisienne, mère de deux enfants, sent qu’elle est « à deux doigts » de basculer. « C’est monté en puissance au retour des vacances de la Toussaint » avec le reconfinement, l’assassinat terroriste du professeur Samuel Paty, l’attentat de Nice.

Avec son mari médecin généraliste, elle suit les chiffres du Covid de manière « quasi obsessionnelle ». Mais elle essaie chez elle de ne parler que de choses positives: « Sinon, je vais dévisser ». Cette cadre supérieure a depuis dix jours « du mal à bosser, à trouver du plaisir ». « Tout est labeur: s’occuper des enfants, fêter les anniversaires, organiser les Skype avec les copains. J’ai un sentiment d’étouffement ».

Mal-être, déprime et aussi dépression gagnent du terrain. Jeudi, le ministre de la Santé Olivier Véran a observé que la santé mentale s’était « significativement dégradée ». Entre fin septembre et début novembre, le nombre de personnes dans un état dépressif a doublé, de 10 à 21% selon Santé publique France.

Déjà lors du premier confinement et les mois qui ont suivi, la consommation d’anxiolytiques et de somnifères a augmenté, avec près de 1,6 million de traitements supplémentaires délivrés en 6 mois par rapport au niveau prévisible.

« Nous voulons éviter une troisième vague, qui serait une vague de la santé mentale », a dit Olivier Véran lors d’une visite à « Fil santé jeunes », un dispositif d’écoute pour les 12-25 ans. Les étudiants sont particulièrement touchés.

« Les ressources s’épuisent »

Sur le forum de cette plateforme, un appel à l’aide: « Je vais bientôt avoir 21 ans et le temps que j’ai passé sur terre me semble déjà beaucoup trop long ». Le confinement « n’a fait qu’empirer les choses, mon avenir, si j’en ai un, est plus qu’incertain (…), je me rends compte à quel point je suis seule, absolument personne ne prend de mes nouvelles. La pire des choses c’est que j’ai dû rentrer chez mes parents ».

Si les enfants semblent davantage protégés, Julie a vu sa fille de 10 ans sombrer. « Quand son centre aéré a fermé pendant les vacances parce que la directrice a eu le Covid, j’ai commencé à voir des tics apparaître », raconte la mère de famille.

Mais le basculement a eu lieu le jour de la rentrée, marqué par le port du masque pour les écoliers et l’hommage à Samuel Paty. Le soir même, la fillette a fait une crise d’angoisse: « On va pas s’en sortir ». Ses tics se sont accentués et elle a déclenché « quelque chose du style syndrome de Tourette ». L’enfant habituellement calme a commencé à insulter sa mère, tenir des propos incohérents, crier dans sa chambre.

Elle est désormais suivie par un psychologue et va consulter un neurologue. « Le contexte, ça l’a fait vriller », décrit Julie.

La Croix-Rouge reçoit environ 300 appels par jour, trois fois plus qu’il y a un an. Des mots reviennent. Rosine Duhamel, responsable du pôle de soutien psychologique, a noté quelques paroles d’appelants. « Je ne voulais pas revivre un confinement. (…) Je n’en vois pas la fin, je ne sais pas si les choses reviendront comme avant un jour et ça me fait terriblement peur ».

La solitude pèse pour beaucoup. « Le silence, quand on est seul, c’est comme un bruit », a dit l’un d’eux.

Sur une autre ligne, Suicide Ecoute, un homme souffrant d’insuffisance respiratoire a partagé ses idées suicidaires. « Je bois de plus en plus depuis le confinement. Je me dégoute ». « Terrorisé » d’attraper le Covid, il ne sort plus. « A quoi ça sert de continuer comme ça? », a-t-il questionné.

« Avec la répétition et la durée, les ressources pour s’adapter s’épuisent », explique Rosine Duhamel. « Et quand les mécanismes de défense s’effondrent, on risque de tomber dans un état dépressif. C’est ce que l’on voit aujourd’hui ».

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France

Algérie : le massacre du 17 octobre 1961 condamné par l’Assemblée nationale

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Algérie : le massacre du 17 octobre 1961 condamné par l’Assemblée nationale

Jeudi, l’Assemblée nationale a approuvé une proposition de résolution condamnant la répression meurtrière des Algériens lors du massacre du 17 octobre 1961 sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon. Le texte préconise également l’inscription d’une journée de commémoration de cet événement dans l’agenda des journées nationales et des cérémonies officielles.

La proposition de loi, portée par l’écologiste Sabrina Sebaihi et la députée Renaissance Julie Delpech, a été votée par 67 députés, tandis que 11 ont voté contre, provenant principalement du Rassemblement national.

Mme Sebaihi a salué ce vote comme une « première étape » dans le travail de reconnaissance de ce « crime colonial » et de « crime d’Etat ». Bien que le terme « crime d’Etat » ne soit pas inclus dans le texte final, il représente néanmoins un pas significatif vers la reconnaissance de cet événement tragique.

La proposition de résolution a été élaborée avec le parti présidentiel et l’Elysée dans le but de parvenir à un consensus. Mme Sebaihi a souligné l’importance de se souvenir des victimes et de leurs familles, tout en reconnaissant le travail de mémoire déjà entrepris. En 2012, le président François Hollande avait rendu hommage aux victimes, suivi par Emmanuel Macron en 2021, déclarant que les crimes commis étaient « inexcusables pour la République ».

Cependant, certaines réserves ont été exprimées quant à l’instauration d’une journée de commémoration spécifique pour le 17 octobre 1961. La députée socialiste Valérie Faure a souligné l’existence de trois dates pour commémorer les événements liés à la guerre d’Algérie, estimant qu’il était essentiel de laisser l’histoire faire son travail avant d’envisager une nouvelle journée commémorative.

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France

Voile à l’école: vague d’indignation après le départ d’un proviseur menacé de mort

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Voile à l'école: vague d'indignation après le départ d'un proviseur menacé de mort

Le départ anticipé du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, menacé de mort après un incident lié au port du voile par une élève, provoque une vague d’indignation.

Le départ du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, menacé de mort après avoir demandé à une élève de retirer son voile, a déclenché une vague d’indignation et de réactions politiques. Après l’altercation avec l’élève, des menaces de mort à l’encontre du proviseur avaient été proférées sur internet, suscitant une enquête pour cyberharcèlement.

Malgré le soutien exprimé par la ministre de l’Éducation nationale, les attaques contre le proviseur ont persisté, le forçant à quitter ses fonctions pour des raisons de sécurité. Son départ anticipé à la retraite a été attribué aux événements récents et à leur impact sur lui.

Cette décision a provoqué une réaction forte dans la classe politique, avec des accusations d’échec collectif et de défaite de l’État face à la montée de l’islamisme. Des responsables politiques ont dénoncé la passivité et le renoncement face à cette situation, soulignant la nécessité de lutter contre la mouvance islamiste.

Le nouveau proviseur intérimaire, soutenu par l’équipe de direction et la communauté éducative, prend en charge la situation exceptionnelle dans l’établissement. Le ministère de l’Éducation nationale a affirmé son engagement à soutenir ses agents face aux menaces et à accompagner le proviseur dans toutes ses démarches.

Malgré les mesures prises pour protéger le proviseur et sécuriser l’établissement, le départ de ce dernier soulève des inquiétudes quant à la capacité de l’État à garantir la sécurité des personnels éducatifs et à lutter contre les menaces et le harcèlement en ligne.

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Faits Divers

Disparition de Lina: les trois gardes à vue « ont été levées », « pas d’éléments incriminants »

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Disparition de Lina en Alsace: trois personnes en garde à vue

Les trois gardes à vue ont été levées mercredi dans le cadre de l’enquête sur la disparition de Lina, 15 ans, en septembre dernier dans le Bas-Rhin. Les personnes interrogées ne font pas l’objet de poursuites, indique une source proche de l’enquête. Ces gardes à vue, bien que dénuées d’éléments incriminants, avaient suscité l’espoir d’une avancée dans un dossier jusqu’ici au point mort depuis six mois.

Initiées dans le but de procéder à des vérifications et de fermer des pistes, ces gardes à vue visaient notamment à éclaircir des incohérences dans les emplois du temps des personnes interrogées le jour de la disparition de Lina. D’autres témoins ont également été convoqués pour être entendus librement.

Depuis l’ouverture de l’information judiciaire en octobre 2023 pour enlèvement et séquestration criminelle, les autorités n’ont ménagé aucun effort pour retrouver Lina. Malgré d’importantes recherches et des appels à témoignages, aucune trace de la jeune fille n’a été trouvée.

Lina a été vue pour la dernière fois le 23 septembre alors qu’elle se rendait à la gare de Saint-Blaise-la-Roche pour rejoindre son petit ami à Strasbourg. Malgré les témoignages la plaçant sur la route de la gare, son téléphone a cessé d’émettre peu après et n’a pas été retrouvé.

Parallèlement à l’enquête sur sa disparition, une enquête est en cours sur un viol dénoncé par Lina en 2022. Cette affaire, initialement classée sans suite, a été rouverte par le parquet de Strasbourg le mois dernier.

Pour soutenir les efforts de recherche, la mère de Lina a créé une association baptisée « Les bonnes étoiles de Lina » et organise un concert de soutien le 20 avril à Plaine.

Malgré ces développements, le mystère entourant la disparition de Lina demeure, et la mère de la jeune fille continue d’appeler à toute information susceptible de faire avancer l’enquête.

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