Monde
Israël : victoire de Netanyahu, majoritaire avec ses alliés
Le suspense est terminé! L’ex-Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réussi son objectif tant souhaité d’obtenir une majorité avec ses alliés religieux et d’extrême droite pour fouler à nouveau les plus hautes marches du pouvoir.
Malgré son procès pour corruption, M. Netanyahu et ses alliés des partis ultra-orthodoxes et de la liste d’extrême droite « Sionisme religieux » remportent 64 mandats sur les 120 de la Knesset (Parlement), soit trois de plus que le seuil de la majorité, a annoncé jeudi soir la commission électorale.
Peu avant, le Premier ministre sortant Yaïr Lapid, qui avait chassé du pouvoir M. Netanyahu l’an dernier en mettant sur pied une coalition hétéroclite (droite, centre, gauche, arabe) qui a depuis implosé, a contacté son rival pour le féliciter de cette victoire, à l’issue des législatives de mardi.
« Le Premier ministre Lapid a félicité M. Netanyahu pour sa victoire aux élections et a informé le chef de l’opposition qu’il avait donné les instructions pour préparer une transition ordonnée », a indiqué son porte-parole dans un communiqué.
« L’Etat d’Israël est au dessus de toute considération politique. Je souhaite à Netanyahu la réussite, pour le bien du peuple d’Israël et l’Etat d’Israël », a déclaré de son côté M. Lapid.
Selon la commission électorale, le « bloc de droite » de M. Netanyahu obtient 64 élus – 32 pour son parti le Likoud, 18 pour les deux partis orthodoxes et un record de 14 pour l’extrême droite- dans ce qui pourrait être, selon des analystes, le gouvernement le plus à droite de l’histoire du pays.
La formation Yesh Atid (« Il y a un futur ») du centriste Lapid a récolté 24 élus, son allié de centre-droit Benny Gantz 12 députés, suivi de 10 élus pour deux autres formations et de cinq pour le parti arabe Raam qui avait aussi soutenu sa coalition, pour un total de 51 députés.
Le parti arabe Hadash-Taal a lui obtenu 5 députés.
Par 4.000 voix ?
Dans le système proportionnel israélien, les partis doivent obtenir 3,25% des voix pour faire leur entrée au Parlement, un taux minimal leur conférant de facto quatre députés.
Or deux petits partis hostiles au camp de M. Netanyahu, la formation de gauche Meretz et le parti arabe Balad, ont moissonné respectivement 3,16% et 2,90% d’appuis.
Pour Meretz, qui faisait partie de la coalition de M. Lapid et dont les quatre élus auraient pu permettre de priver M. Netanyahu d’une majorité, le sort est d’autant plus cruel que la formation a raté la cible des 3,25% par près de 4.000 votes.
« Les résultats des élections sont une catastrophe pour Meretz, pour le pays et à titre personnel », a reconnu la cheffe du parti, Zehava Galon.
Afin d’éviter ce scénario, Meretz avait demandé avant les élections au parti travailliste (gauche) de former une alliance afin de s’assurer de franchir ensemble le seuil. En vain.
Idem pour deux partis arabes – Hadash/Taal et Balad – qui ont décidé à la dernière minute de ne pas se présenter sur une même liste électorale, privant au total le camp anti-Netanyahu de nombreux sièges.
Sécurité et négociations
Surnommé « Bibi », M. Netanyahu n’avait pas quitté la vie politique comme le souhaitaient ses opposants mais s’était accroché au poste de chef de l’opposition avec l’objectif de revenir aux affaires pour éventuellement faire voter une immunité par les députés et annuler son procès pour corruption.
Au cours des prochains jours, le président israélien Isaac Herzog, dont la fonction est essentiellement symbolique, devra mandater officiellement M. Netanyahu pour former un gouvernement. Ce dernier aura alors 42 jours pour le faire.
Selon la presse israélienne, l’ex-Premier ministre a d’ores et déjà mandaté Yariv Levin, un de ses proches, pour entamer des pourparlers qui pourraient s’annoncer compliqués, avec la formation « Sionisme religieux » notamment.
Le chef de ce parti, Bezalel Smotrich, a indiqué vouloir le ministère de la Défense, et le n.2 Itamar Ben Gvir, celui de la Sécurité publique, deux postes clés à l’avant-scène du conflit israélo-palestinien qui connait ses violences les plus importantes en sept ans.
« Il est temps de ramener la sécurité dans les rues, de rétablir l’ordre, de montrer qui est le maître, il est temps de tuer un terroriste qui mène une attaque », a affirmé le ténor de l’extrême droite Itamar Ben Gvir.
Sans vouloir « spéculer sur un gouvernement », Washington a dit espérer que « tous les responsables israéliens continueront de partager les valeurs d’une société ouverte, démocratique et porteuse de tolérance et de respect pour toute la société civile, en particulier les groupes minoritaires ».
Plusieurs dirigeants étrangers ont félicité M. Netanyahu pour sa victoire, notamment le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a affirmé sur Twitter souhaiter « l’ouverture d’une nouvelle page dans la coopération avec le nouveau gouvernement israélien ».
Le Premier ministre indien Narendra Modi et la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni ont également félicité M. Netanyahu dans des messages sur leur compte Twitter.
« Quelle belle victoire pour Benjamin Netanyahu en Israël! », a tweeté pour sa part le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, décrivant M. Netanyahu comme « l’ami de la Hongrie ».
M. Netanyahu s’est entretenu au téléphone avec les dirigeants de Hongrie, Roumanie et d’Autriche, selon son bureau.
Monde
Des milliers de Syriens exultent en Europe après la chute d’Assad
La chute du régime de Bachar al-Assad a déclenché des célébrations à travers l’Europe, offrant un souffle d’espoir et de liberté à la diaspora syrienne.
Dans un élan de joie et de soulagement, des milliers de Syriens ont célébré dans les rues des grandes villes européennes la prise de Damas par les forces rebelles et la chute du président Bachar al-Assad. Ce week-end, des scènes de liesse ont marqué les cœurs et les esprits, illustrant un tournant historique pour la Syrie et ses ressortissants à l’étranger.
En Allemagne, où réside la plus importante communauté syrienne de l’Union européenne, Berlin a été le théâtre d’une manifestation festive. Des milliers de personnes, drapeaux syriens en main, ont exprimé leur allégresse, scandant des slogans de liberté et de victoire. Les images de manifestants en costume de Père Noël, symbole de fête et de renouveau, ont capté l’attention mondiale. La capitale allemande, avec son large éventail de Syriens, a vu des familles entières se rassembler, les visages peints aux couleurs nationales, pour célébrer ce qu’ils perçoivent comme une nouvelle ère de liberté.
En Grèce, la liesse a été tout aussi palpable. Le pays, qui a servi de point d’entrée pour de nombreux Syriens fuyant la guerre civile, a vu ses rues résonner de chants de liberté. À Athènes, la foule s’est massée devant le Parlement, brandissant des pancartes et des drapeaux, proclamant leur espoir dans un avenir sans Assad.
Stockholm, Londres, et Vienne n’ont pas été en reste. En Suède, le drapeau de l’opposition syrienne a flotté sur l’ambassade de Syrie, tandis qu’à Londres, Trafalgar Square a été le lieu de rassemblement pour des centaines de manifestants, chantant et exprimant leur détermination à voir la Syrie libre de l’emprise de la famille Assad.
Cet élan de joie n’est pas sans contrepoint. En Allemagne, l’extrême droite a déjà exprimé ses réticences face à un éventuel nouvel afflux migratoire. Alice Weidel, figure de proue de ce courant politique, a fermement déclaré sur les réseaux sociaux que les frontières resteraient closes.
Pour beaucoup de Syriens en Europe, cette chute du régime est l’occasion de réfléchir à leur rôle dans la reconstruction de leur patrie. Des voix comme celle de Bassam Al Hamada, un travailleur social ayant fui Raqqa, expriment le désir de retourner en Syrie pour participer à cette renaissance. D’autres, comme Sabreen, une architecte de Tartous, préfèrent pour le moment aider depuis l’étranger, conscients que la reconstruction nécessite des compétences déjà présentes sur place.
Enfin, une demande forte émane de ces célébrations: la justice. De nombreux manifestants appellent à ce que Bachar al-Assad soit traduit en justice devant un tribunal international pour les crimes commis sous son régime. Ahmad al-Hallabi, qui a fui Alep, témoigne de la nécessité de rendre justice pour les horreurs vécues par le peuple syrien.
Ainsi, au-delà de la joie, ces manifestations reflètent une profonde aspiration à la paix, à la justice, et à une Syrie reconstruite, libre et démocratique.
Europe
Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer
À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.
Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.
Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.
Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.
En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.
Europe
Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale
En réponse à la vente potentielle de The Observer, les journalistes du Guardian et de son édition dominicale entament une grève inédite depuis un demi-siècle.
Les journalistes du journal britannique The Guardian, ainsi que ceux de son édition du dimanche, The Observer, se sont mobilisés pour une grève de 48 heures, un événement marquant car il s’agit de la première action de ce type en plus de cinquante ans. Cette grève, qui coïncide avec le 233ème anniversaire de la première parution de The Observer, vise à contester la décision du Guardian Media Group (GMG) de vendre ce vénérable hebdomadaire à Tortoise Media, un site d’actualité lancé en 2019.
Le GMG avait annoncé en septembre dernier son intention de céder The Observer, reconnu par le Guinness World Records comme le plus ancien journal dominical au monde. Le syndicat National Union of Journalists (NUJ) a réagi avec vigueur, appelant à cette grève pour exprimer le mécontentement général face à ce projet de vente. Laura Davison, secrétaire générale du NUJ, a souligné l’importance de The Observer dans le paysage médiatique britannique et a plaidé pour une réévaluation des options afin de garantir un avenir pérenne pour les deux publications.
La vente à Tortoise Media, dirigé par James Harding, ancien rédacteur en chef du Times et de la BBC, et Matthew Barzun, ancien ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, soulève des inquiétudes quant à l’avenir éditorial et la ligne directrice de The Observer. Les journalistes craignent que cette transaction ne modifie l’identité unique et la mission de ce journal, qui a été acquis par le Guardian Media Group en 1993.
Cette action syndicale met en lumière les tensions croissantes entre les impératifs économiques des groupes de presse et les aspirations professionnelles des journalistes à préserver l’indépendance et l’intégrité de leur travail. La grève, bien que symbolique, témoigne d’un engagement profond des rédacteurs à défendre un journal qui a marqué l’histoire du journalisme britannique.
Le débat sur l’avenir de The Observer est loin d’être clos, et cette grève pourrait bien être le prélude à des négociations plus approfondies entre les parties prenantes pour trouver une solution qui respecte l’héritage de ce journal emblématique tout en répondant aux défis contemporains de l’industrie des médias.
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