Le futur chancelier allemand défend un plan d’investissement massif pour renforcer la défense européenne et moderniser l’économie. Un virage historique pour l’Allemagne.
Friedrich Merz, leader de la CDU et futur chancelier allemand, a présenté mardi un ambitieux plan d’investissements devant le Bundestag. Ce projet, qualifié de « bazooka budgétaire » par les médias, vise à répondre à la menace russe tout en relançant l’économie allemande. Merz a insisté sur la nécessité de contrer ce qu’il décrit comme une « guerre contre l’Europe » menée par Moscou, évoquant les cyberattaques et les sabotages d’infrastructures attribués à la Russie.
Le plan prévoit un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur douze ans, dont une partie sera consacrée à la modernisation des infrastructures et à la protection du climat. Une enveloppe supplémentaire de 100 milliards d’euros est destinée à la transition écologique, sous la pression des écologistes. Au total, les investissements pourraient atteindre entre 1.000 et 1.500 milliards d’euros sur la prochaine décennie, selon les estimations. Ces dépenses massives marquent un tournant pour l’Allemagne, traditionnellement rigoureuse en matière budgétaire.
Merz a également plaidé pour une plus grande indépendance européenne en matière de défense, soulignant l’imprévisibilité des États-Unis sous l’administration Trump. Il a appelé à la création d’une « nouvelle communauté européenne de défense », incluant des pays non membres de l’UE comme le Royaume-Uni et la Norvège. Le futur chancelier a insisté sur l’importance de privilégier les fabricants européens pour les commandes d’équipements militaires.
Cependant, ce virage budgétaire ne fait pas l’unanimité. Les partis d’extrême droite et d’extrême gauche, qui disposeront d’une minorité de blocage dans le nouveau Bundestag, pourraient compliquer l’adoption du plan. Merz doit également obtenir l’approbation du Bundesrat, la chambre haute du parlement, et finaliser les négociations avec les sociaux-démocrates pour former une coalition d’ici Pâques. Les discussions s’annoncent difficiles, car les investissements massifs s’accompagneront de coupes budgétaires et de réformes structurelles.
Emmanuel Macron, fervent défenseur d’une Europe de la défense, se rendra à Berlin pour rencontrer Merz et le chancelier sortant Olaf Scholz. Le plan allemand pourrait également débloquer une aide militaire de 3 milliards d’euros pour l’Ukraine, actuellement en suspens. Si ce projet est adopté, il marquera un tournant historique pour l’Allemagne et l’Europe, mais son succès reste incertain face aux divisions politiques et aux défis économiques.