Nous rejoindre sur les réseaux

Monde

Des huîtres en première ligne pour sauver les océans américains

Article

le

Dans la baie de Chesapeake, des citoyens engagés élèvent ces précieux mollusques, véritables stations d’épuration naturelles, pour restaurer un écosystème maritime en péril.

Au cœur du Maryland, une armée silencieuse œuvre pour redonner vie aux eaux de la baie de Chesapeake. Ces soldats de l’ombre ? Des huîtres, élevées avec passion par des bénévoles déterminés à inverser la tendance écologique. Parmi eux, une consultante en immobilier a transformé son ponton en nurserie aquatique, où des milliers de jeunes mollusques grandissent avant de rejoindre leur mission : filtrer l’eau polluée de l’estuaire.

Chaque huître peut purifier jusqu’à 190 litres d’eau quotidiennement, un pouvoir méconnu qui en fait des alliées indispensables. Leur déclin, causé par la surpêche, les maladies et la pollution, a réduit leur population à 1 % de ce qu’elle était au XIXe siècle. Un désastre pour la biodiversité, mais aussi pour la lutte contre le réchauffement climatique, car des écosystèmes marins sains captent mieux le CO₂.

Le processus est minutieux. Pendant neuf mois, les juvéniles sont protégées dans des cages suspendues, à l’abri des prédateurs. Une fois assez robustes, elles sont transférées vers des récifs sanctuaires, zones interdites à la pêche où elles pourront se reproduire et agir comme filtres naturels. Une fondation locale pilote cet ambitieux projet, visant à réintroduire 10 milliards d’huîtres d’ici 2025.

Mais le défi est colossal. Le manque de substrat – essentiel à la fixation des jeunes huîtres – complique les efforts. Les coquilles, autrefois pillées pour des usages industriels, manquent cruellement. Pour y remédier, des habitats artificiels en béton sont conçus, tandis que les riverains sont incités à recycler les coquilles vides.

L’engagement citoyen fait la différence. Écoliers, retraités et professionnels se relaient pour nettoyer, trier et transporter ces précieux mollusques. Récemment, 75 000 huîtres ont ainsi été déversées en quelques minutes depuis un bateau, rejoignant les 6,7 milliards déjà réintroduites. Un pas de plus vers la résilience, mais la route reste longue.

« Nous avons tant détruit, il est temps de réparer », résume une bénévole, les yeux levés vers les balbuzards survolant la baie. Dans cette course contre la montre écologique, chaque huître compte.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus