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De Charlie à Libé, Coco « dessine encore » pour « réussir à vivre »

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« Réussir à vivre avec »: rescapée de l’attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo, son école, la caricaturiste Coco retrace dans « Dessiner encore » son combat vers la reconstruction, affûtant ses crayons avant de prendre, à 38 ans, la succession de Willem à Libération.

Corinne Rey, de son vrai nom, deviendra le 1er avril la première dessinatrice attitrée d’un grand quotidien. Une revanche pour la jeune femme qui a eu le malheur de croiser les frères Kouachi, le 7 janvier 2015, en partant chercher sa fille à la halte-garderie.

Sous la menace des kalachnikovs, Coco a composé le code d’entrée du journal où elle travaille depuis 2008. « Cette place de la fille qui a ouvert la porte a été dure à encaisser. Encore maintenant c’est difficile d’accepter ce qui s’est passé », dit la dessinatrice à l’AFP.

Culpabilité, angoisse, mais aussi souvenirs heureux… Son bouleversant récit graphique, récemment paru aux éditions Les Arènes, mêle cauchemars, séances chez le psy et tranches de vie chez Charlie, « cette rédaction géniale entre déconne, sérieux, boulot, engueulades, bouffe, vie ».

La dessinatrice y dépeint « la vague » prête à l’engloutir à tout moment. Et « les obsessions » qui la hantent : « Et si j’avais appelé au secours ? Et si j’avais essayé de m’enfuir ? Et si je les avais poussés dans les escaliers ? » s’interroge-t-elle frénétiquement dans une séquence d’une dizaine de pages conclue « par un fragment rouge, l’équivalent d’une mort certaine ».

« Il m’a fallu du temps pour regarder ce moment-là et me dire que je n’avais pas le choix », relate-t-elle.

La vague toujours là

C’est à l’approche du procès des attaques de Charlie, de Montrouge et de l’Hyper Cacher fin 2020 que la dessinatrice s’est plongée dans son album. « Cela m’a aidée à me préparer » pour la Cour d’assises, « à trouver des mots, à rentrer à l’intérieur de moi ».

« Le procès dans un certain sens a été cathartique », après des années à taire ces « choses enfouies » en pensant « aux familles, enfants des victimes beaucoup plus déchirées » qu’elle, qui est « en vie » et « pas blessée ».

Mais « la vague sera toujours là. (…) On cohabite avec ce 7 janvier, le tout c’est de réussir à vivre avec le mieux possible », souligne la jeune femme, toujours sous protection rapprochée.

Son salut, elle le doit au dessin, passion née « vers 4-5 ans ». Son bac en poche, après une première année décevante aux Beaux-Arts de Lyon, la jeune fille d’Annemasse « s’éclate » à l’école européenne supérieure de l’image de Poitiers et s’oriente vers le dessin de presse en 2007 au détour d’un stage… chez Charlie.

Celle qui aimait « faire marrer les profs et les copains » avec ses caricatures se trouve séduite par « la portée des dessins engagés » de Wolinski, Tignous, Honoré et Cabu –le seul qu’elle connaissait, génération « Club Dorothée » oblige.

Remplacer Dieu

Percevant son « petit potentiel », selon ses mots, Cabu et Philippe Val, alors directeur de la publication, l’invitent à revenir. Elle publie son premier dessin dans l’hebdomadaire satirique en 2008.

Cabu, « toujours disposé à vous aider », lui transmet « ses propres codes de dessins ». Charb, « bienveillant », l’encourage à aller « faire ses armes dans d’autres journaux comme l’Humanité » et à « 28 minutes » (une émission d’Arte). Et suivant les conseils de Luz, elle illustre « pendant six ans le billet d’humour satirique de Christophe Conte » aux Inrocks.

Son prochain défi ? Succéder à Willem, « géant du dessin » qui prendra sa retraite de Libération à 80 ans, tout en continuant, comme elle, à travailler pour Charlie.

« Cavanna disait +un dessin, c’est un coup de poing dans la gueule+. Mais Willem, c’est vraiment un grand coup de pied, un uppercut, et je te casse trois dents en plus » dit-elle au sujet de ce « grand esprit de synthèse », « percutant », à « la liberté incroyable ».

« On m’a dit +tu vas remplacer Dieu+ », lance-t-elle en riant. « Comment prendre la suite de Dieu ? Je n’en sais rien, je vais y aller comme je suis ». Engagée, parfois « violente », parfois « moins violente ».

Elle ne sera pas dépaysée: Libération a accueilli la rédaction de Charlie à deux reprises, après l’attentat et après l’incendie de ses locaux en 2011.

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JO Paris 2024 : la Pologne enverra des soldats pour aider à la sécurisation de la compétition

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JO Paris 2024 : la Pologne enverra des soldats pour aider à la sécurisation de la compétition

La Pologne va prêter main forte à la France. Le ministre polonais de la Défense a annoncé que son pays allait envoyer « une force opérationnelle composée de nos soldats, y compris avec des chiens renifleurs » pour aider à la sécurisation des Jeux olympiques de Paris.

Le ministre polonais de la Défense a annoncé jeudi que son pays allait envoyer des renforts militaires pour aider à la sécurisation des Jeux olympiques à Paris, alors que la France est en alerte maximale face à la menace d’attentats.

« Les forces armées polonaises rejoindront la coalition internationale mise en place par la France pour soutenir la préparation et la sécurité des Jeux olympiques d’été 2024 », a déclaré sur le réseau social X Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, sans préciser le nombre de soldats déployés. « Une force opérationnelle composée de nos soldats, y compris avec des chiens renifleurs, sera déployée à Paris. Son objectif principal sera d’entreprendre des opérations de détection d’explosifs et de lutte contre le terrorisme », a ajouté le ministre.

Selon la porte-parole de l’état-major de l’armée polonaise, « les décisions ont déjà été prises ». « Nous sommes en train de construire une ‘task force’ pour les JO », a indiqué Joanna Klejszmit, en ajoutant que le chef d’état-major des armées françaises, Thierry Burkhard, effectuait jeudi une visite en Pologne.

Le gouvernement français a décidé dimanche dernier, immédiatement après l’attentat contre la salle de concert de Moscou où 143 personnes ont péri, de relever le plan Vigipirate à son niveau maximal, « urgence attentat », à quatre mois des Jeux olympiques à Paris.

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Algérie : le massacre du 17 octobre 1961 condamné par l’Assemblée nationale

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Algérie : le massacre du 17 octobre 1961 condamné par l’Assemblée nationale

Jeudi, l’Assemblée nationale a approuvé une proposition de résolution condamnant la répression meurtrière des Algériens lors du massacre du 17 octobre 1961 sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon. Le texte préconise également l’inscription d’une journée de commémoration de cet événement dans l’agenda des journées nationales et des cérémonies officielles.

La proposition de loi, portée par l’écologiste Sabrina Sebaihi et la députée Renaissance Julie Delpech, a été votée par 67 députés, tandis que 11 ont voté contre, provenant principalement du Rassemblement national.

Mme Sebaihi a salué ce vote comme une « première étape » dans le travail de reconnaissance de ce « crime colonial » et de « crime d’Etat ». Bien que le terme « crime d’Etat » ne soit pas inclus dans le texte final, il représente néanmoins un pas significatif vers la reconnaissance de cet événement tragique.

La proposition de résolution a été élaborée avec le parti présidentiel et l’Elysée dans le but de parvenir à un consensus. Mme Sebaihi a souligné l’importance de se souvenir des victimes et de leurs familles, tout en reconnaissant le travail de mémoire déjà entrepris. En 2012, le président François Hollande avait rendu hommage aux victimes, suivi par Emmanuel Macron en 2021, déclarant que les crimes commis étaient « inexcusables pour la République ».

Cependant, certaines réserves ont été exprimées quant à l’instauration d’une journée de commémoration spécifique pour le 17 octobre 1961. La députée socialiste Valérie Faure a souligné l’existence de trois dates pour commémorer les événements liés à la guerre d’Algérie, estimant qu’il était essentiel de laisser l’histoire faire son travail avant d’envisager une nouvelle journée commémorative.

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Voile à l’école: vague d’indignation après le départ d’un proviseur menacé de mort

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Voile à l'école: vague d'indignation après le départ d'un proviseur menacé de mort

Le départ anticipé du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, menacé de mort après un incident lié au port du voile par une élève, provoque une vague d’indignation.

Le départ du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, menacé de mort après avoir demandé à une élève de retirer son voile, a déclenché une vague d’indignation et de réactions politiques. Après l’altercation avec l’élève, des menaces de mort à l’encontre du proviseur avaient été proférées sur internet, suscitant une enquête pour cyberharcèlement.

Malgré le soutien exprimé par la ministre de l’Éducation nationale, les attaques contre le proviseur ont persisté, le forçant à quitter ses fonctions pour des raisons de sécurité. Son départ anticipé à la retraite a été attribué aux événements récents et à leur impact sur lui.

Cette décision a provoqué une réaction forte dans la classe politique, avec des accusations d’échec collectif et de défaite de l’État face à la montée de l’islamisme. Des responsables politiques ont dénoncé la passivité et le renoncement face à cette situation, soulignant la nécessité de lutter contre la mouvance islamiste.

Le nouveau proviseur intérimaire, soutenu par l’équipe de direction et la communauté éducative, prend en charge la situation exceptionnelle dans l’établissement. Le ministère de l’Éducation nationale a affirmé son engagement à soutenir ses agents face aux menaces et à accompagner le proviseur dans toutes ses démarches.

Malgré les mesures prises pour protéger le proviseur et sécuriser l’établissement, le départ de ce dernier soulève des inquiétudes quant à la capacité de l’État à garantir la sécurité des personnels éducatifs et à lutter contre les menaces et le harcèlement en ligne.

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