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Monde

Dans le Mississippi, les hommes noirs sur le divan du barbier

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Pour « briser la glace », Antonio Wiggins entame la conversation avec les dernières nouvelles sportives. Très vite, le ton se fait plus intime entre ce barbier du sud des Etats-Unis et ses clients, des hommes noirs qui lui confient aussi bien leur tête que leurs états d’âme.

Avant les élections, « tous les hommes politiques devraient aller chez le barbier pour savoir ce que les gens pensent », estime cet Afro-Américain qui exerce son art du rasoir au Trendsetters Barber College de Jackson, la principale ville du Mississippi, où plus de 80% de la population est noire.

Sur son siège surélevé défilent aussi bien prêtres, médecins, que trafiquants de drogues. « Un vendredi, j’ai même coupé les cheveux d’un homme qui avait tué quelqu’un le samedi », raconte-t-il. « Ici, dans le sud, tout le monde vient chez le barbier. »

« Nous sommes les piliers de notre communauté », renchérit Anthony Kelley, l’administrateur de ce salon de coiffure qui sert aussi de centre de formation.

Récemment, les deux hommes ont rejoint le « Confess project », un réseau de barbiers noirs qui veulent participer à la lutte contre les problèmes de santé mentale dans le « Deep South », le sud profond des Etats-Unis, encore très marqué par des décennies de ségrégation raciale.

La plupart des Afro-Américains « ne peuvent pas s’offrir une visite chez le psychiatre ou le psychologue », explique Anthony Kelly. Alors, « nous leur offrons un endroit où ils peuvent se confier ».

Ces barbiers se réunissent régulièrement pour échanger les bonnes pratiques et leur dernière conversation a porté sur la prévention du suicide. « Beaucoup de gens y pensent en ces temps difficiles », regrette ce géant à la voix grave.

Skaï rouge

Dans une petite pièce sans prétention, aux murs parsemés d’affiches colorées dont une renvoie à un centre d’appels gratuit pour dépressifs, Robert White attend son tour.

Ce quadragénaire vient depuis des années au moins une fois par mois dans ce salon et s’y sent « à l’aise ». « On parle de tout, des bonnes choses comme des mauvaises », explique-t-il à l’AFP. « Ici, personne ne nous juge et parfois, on a juste besoin d’être écoutés. »

C’est particulièrement vrai en cette année 2020 marquée par la pandémie de nouveau coronavirus qui a tué plus de 207.000 Américains, avec une surreprésentation des minorités, et détruit des millions d’emplois.

Deux des clients de Darius Campbell, barbier dans la petite ville de Terry au sud de Jackson, ont perdu cinq membres de leur famille à cause du Covid-19, et plusieurs ont vu leurs revenus chuter.

« Ce que j’entends le plus, ce sont des gens qui ont du mal à payer leurs factures », des « pères de famille qui se demandent si on va saisir leur maison dans 3, 4, 5 ou 6 mois », dit-il, perché sur un fauteuil en skaï rouge.

Les violences policières contre les Afro-Américains, au coeur d’un débat national enflammé depuis la mort de George Floyd le 25 mai, ont également fait irruption chez les barbiers noirs.

« Mais on en parle de manière plus +normale+ car on est habitué à ce genre de choses », souligne Antonio Wiggins dans un soupir. « Ce gars a eu un incident, j’ai eu un incident, alors on a un terrain d’entente ici dans mon salon. »

« Se débarrasser » de Trump

A l’approche du scrutin du 3 novembre, « on parle aussi beaucoup de politique », relève James Bennett, un fonctionnaire municipal de 34 ans venu, comme chaque samedi, se faire coiffer par Antonio Wiggins. « C’est ouvert, chacun peut entrer dans la conversation quand il le veut », apprécie-t-il.

A en croire Darius Campbell, malgré leurs différences, ses clients sont tous d’accord sur un point: « Il faut qu’on se débarrasse du président » Donald Trump, accusé d’être insensible aux problèmes des Afro-Américains.

Et pour ce faire, tous insistent sur l’importance d’une forte participation des électeurs noirs. M. Wiggins, qui dénonce le manque « d’honnêteté » à la Maison Blanche, se félicite même d’avoir convaincu un jeune client de s’inscrire sur les listes électorales.

Pour lui, même si le Mississippi semble acquis aux républicains, le candidat démocrate Joe Biden devrait lui consacrer un déplacement.

Il pourrait aussi envoyer sa colistière noire Kamala Harris, suggère-t-il. « On cherche juste quelqu’un qui nous témoigne de son intérêt parce qu’on se sent tellement mal-aimés. »

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Culture

Grève à Hollywood : Accord historique conclu entre les scénaristes et les studios

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Grève à Hollywood : Accord historique conclu entre les scénaristes et les studios

La Writers Guild of America approuve l’accord salarial, mais l’industrie cinématographique attend toujours la fin de la grève des acteurs.

Los Angeles, le 27 septembre 2023 – Après près de cinq mois de grève qui ont paralysé l’industrie cinématographique de Hollywood, un vent d’optimisme souffle sur les collines de la cité des anges. Les dirigeants de la Writers Guild of America (WGA), le puissant syndicat des scénaristes, ont annoncé mardi 26 septembre qu’ils avaient approuvé l’accord salarial conclu avec les studios, marquant ainsi la fin de la grève et le retour imminent des membres de la WGA au travail.

Le conseil d’administration du syndicat a voté à l’unanimité en faveur de la recommandation de l’accord salarial, mettant ainsi fin à une période de négociations intenses qui ont duré des mois. Les 11 500 scénaristes représentés par la WGA aux États-Unis devront maintenant ratifier cet accord par le biais d’un vote qui se tiendra entre le 2 et le 9 octobre prochain.

Cependant, les observateurs de l’industrie cinématographique estiment que la ratification de cet accord devrait être une formalité, étant donné qu’il comprend des « gains significatifs » en matière de rémunérations pour les scénaristes. De plus, l’accord contient des dispositions visant à encadrer l’usage de l’intelligence artificielle, une préoccupation croissante dans l’industrie du divertissement.

Dès mercredi, les scénaristes de Hollywood pourront reprendre le travail, mettant ainsi en chantier de nombreuses séries et films américains qui étaient bloqués aux premiers stades d’écriture. Les talk-shows de fin de soirée, animés par des présentateurs qui dépendent de scripts, devraient également revenir à l’antenne dans le courant du mois prochain, offrant ainsi un soulagement tant attendu aux amateurs de divertissement.

Néanmoins, même après l’ultime ratification des scénaristes, l’industrie cinématographique d’Hollywood ne retrouvera pas immédiatement sa normalité, car les acteurs, représentés par le syndicat SAG-Aftra, sont toujours en grève depuis la mi-juillet. La résolution de ce conflit social, qui semble prendre des semaines de plus en plus longues, s’annonce complexe, car certaines des revendications du SAG-Aftra vont au-delà de celles de la WGA.

En somme, bien que la fin de la grève des scénaristes marque un tournant positif pour Hollywood, l’industrie du cinéma devra encore patienter avant de reprendre complètement son rythme effréné. Les amateurs de cinéma et de télévision espèrent maintenant que les négociations entre les acteurs et les studios aboutiront bientôt, mettant ainsi un terme à cette période tumultueuse qui a secoué le monde du divertissement.

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Décès

L’ancien président italien Giorgio Napolitano est mort à l’âge de 98 ans

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L'ancien président italien Giorgio Napolitano est mort à l'âge de 98 ans

Né sous Mussolini le 29 juin 1925, Giorgio Napolitano, qui a été élu en 2006, a géré une phase particulièrement turbulente en Italie.

Il était considéré pendant des années comme le garant de la stabilité de l’Italie. L’ancien président italien Giorgio Napolitano (2006-2015), dirigeant historique du Parti communiste et promoteur de la construction européenne, est mort à l’âge de 98 ans, vendredi 22 septembre.

Né sous Mussolini le 29 juin 1925, Giorgio Napolitano a géré une phase particulièrement turbulente en Italie. Elu en 2006, il comptait prendre sa retraite à l’issue de son premier septennat au printemps 2013, après les législatives. Mais les résultats des élections, trop serrés, et l’incapacité des principaux partis à s’accorder sur un éventuel successeur, l’avaient contraint à reprendre du service. Dès son discours d’investiture, particulièrement dur envers les responsables politiques dont il avait dénoncé « la surdité » face aux exigences du pays, il avait annoncé qu’il ne resterait pas sept ans de plus et avait en effet démissionné en janvier 2015.

L’ensemble de la classe politique de la péninsule a rendu hommage à ce Napolitain, qui est reconnu pour sa modération, sa prudence et son sens de l’Etat. Giorgia Meloni, dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d’Italia et « présidente du conseil » depuis octobre 2022 a sobrement présenté « les plus profondes condoléances » de son cabinet à la famille de l’ancien président.

L’actuel président de la République, Sergio Mattarella, a rappelé l’engagement européen de l’ancien député au Parlement de Strasbourg qui a mené « des batailles importantes pour le développement social, la paix et le progrès en Italie et en Europe ».

Dans un télégramme à sa veuve, le pape François, en voyage à Marseille, a quant à lui salué un homme ayant consacré son action politique à préserver « l’unité et la concorde » de son pays.

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Europe

Guerre en Ukraine : la Pologne arrête ses livraisons d’armes à l’Ukraine

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Guerre en Ukraine : la Pologne arrête ses livraisons d’armes à l’Ukraine

La Pologne a annoncé la cessation de ses livraisons d’armes à l’Ukraine, provoquant des tensions diplomatiques entre les deux pays alliés.

La Pologne a annoncé mercredi qu’elle avait cessé de fournir des armes à l’Ukraine, marquant une escalade des tensions entre les deux pays alliés au moment où l’Ukraine riposte à l’invasion russe. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a déclaré que leur priorité était la modernisation et l’armement de l’armée polonaise pour la renforcer rapidement, sans préciser quand exactement les livraisons d’armes à l’Ukraine avaient cessé.

La Pologne était l’un des plus grands fournisseurs d’armes à l’Ukraine. Cependant, cette décision intervient peu de temps après que Varsovie a interdit l’importation de céréales ukrainiennes pour protéger ses intérêts agricoles. La Pologne a nié que ces deux mesures soient liées, affirmant qu’elle continuait à honorer les contrats d’armement antérieurs avec l’Ukraine.

L’annonce de la Pologne est survenue après la convocation « d’urgence » de l’ambassadeur ukrainien par Varsovie pour protester contre les remarques du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à l’ONU. Zelensky avait critiqué certains pays pour avoir soutenu indirectement la Russie.

La France a réagi aux tensions entre les deux pays, qualifiant la situation de « regrettable » et suggérant qu’elle résultait de « considérations de politique intérieure ». La décision de l’UE de mettre fin à l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes, prononcée en mai par cinq États membres, a été à l’origine des derniers développements, avec des embargos unilatéraux et des poursuites devant l’OMC.

La Pologne a averti qu’elle élargirait la liste des produits ukrainiens interdits d’importation en réponse à ces actions. Cependant, les deux pays tentent toujours de trouver une solution constructive au problème des céréales.

L’Ukraine, engagée dans une lutte pour sa survie contre la Russie, a déclaré que les mesures prises par la Pologne étaient « inacceptables » et a proposé une résolution du conflit. La communauté internationale surveille de près ces développements, craignant que les tensions diplomatiques ne compromettent les efforts pour soutenir l’Ukraine dans son conflit avec la Russie.

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