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Côte d’Ivoire : les candidatures de Gbagbo, Soro et Blé Goudé en suspens pour 2025

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Trois figures majeures de l’opposition ivoirienne voient leurs ambitions présidentielles compromises. Exclus de la liste électorale provisoire, ils dénoncent une manœuvre politique visant à les écarter du scrutin d’octobre 2025.

La Côte d’Ivoire traverse une période électorale tendue alors que trois poids lourds de la scène politique, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, se retrouvent exclus de la liste électorale provisoire. Cette situation compromet sérieusement leurs chances de se présenter à la présidentielle prévue le 25 octobre 2025. Les trois hommes, tous condamnés par la justice ivoirienne, sont privés de leurs droits civiques, ce qui les empêche de figurer sur les listes électorales.

Laurent Gbagbo, ancien président, et Charles Blé Goudé, son ancien allié, ont été condamnés à vingt ans de prison pour leur rôle dans la crise post-électorale de 2010-2011, marquée par des violences ayant fait plus de 3 000 morts. Bien qu’acquittés par la Cour pénale internationale et rentrés au pays en 2021 et 2022 respectivement, ils restent exclus du processus électoral en l’absence d’une amnistie présidentielle. Guillaume Soro, ancien Premier ministre et ex-allié du président Alassane Ouattara, est quant à lui en exil depuis 2019 et condamné à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’État ».

Les partis de ces trois leaders contestent vivement cette exclusion. Sébastien Dano Djedje, président exécutif du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), a annoncé son intention de recourir à tous les moyens légaux pour réinscrire Laurent Gbagbo. De son côté, Serge Ouraga, porte-parole du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), dénonce une stratégie du gouvernement visant à éliminer ses adversaires politiques.

La Commission électorale indépendante (CEI), chargée d’organiser le scrutin, se défend de toute partialité. Son président, Ibrahime Kuibiert Coulibaly, affirme que l’institution applique strictement les règles constitutionnelles. Cependant, l’opposition accuse régulièrement la CEI et la justice d’être sous l’influence du pouvoir en place. Geoffroy Julien Kouao, politologue, rappelle que l’exclusion de candidats pour des motifs juridiques est une pratique récurrente en Côte d’Ivoire, citant l’exemple d’Alassane Ouattara lui-même, empêché de se présenter en 2000 en raison de questions liées à sa nationalité.

Par ailleurs, la candidature de Tidjane Thiam, chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), est également scrutée. Bien que figurant sur la liste provisoire, sa double nationalité ivoirienne et française suscite des débats houleux. D’autres figures politiques, comme Pascal Affi N’Guessan, Simone Ehivet Gbagbo et Jean-Louis Billon, sont pour l’instant éligibles, mais l’opposition craint que l’exclusion de ses principaux leaders ne vide l’élection de son caractère démocratique.

En marge de ces tensions, une coalition regroupant plusieurs opposants, dont Thiam, Simone Gbagbo, Blé Goudé et Affi N’Guessan, a vu le jour en mars pour réclamer un dialogue politique. Cependant, la question d’un candidat unique n’est pas encore à l’ordre du jour. Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, n’a pas encore officialisé sa candidature pour un quatrième mandat, mais a exprimé en janvier son désir de « continuer à servir son pays ». Dans un contexte marqué par des divisions profondes, l’élection de 2025 s’annonce comme un test crucial pour la stabilité politique de la Côte d’Ivoire.

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