Monde
Après un débat cacophonique, Trump et Biden retournent en campagne
Donald Trump et son adversaire démocrate pour la Maison Blanche Joe Biden retournent mercredi sur le terrain au lendemain d’un premier débat à l’image d’une campagne d’une rare âpreté, marqué par les interruptions du président américain, lui-même traité en retour de « clown » raciste et menteur.
« Film d’horreur », « pire débat de l’histoire », « fiasco », « shitshow » (bordel): les commentateurs n’avaient pas de mots assez durs pour décrire l’émission télévisée de 90 minutes de mardi soir à Cleveland, un débat sans vrai débat d’idées, au point que certains ont appelé à l’annulation des deux autres prévus en octobre.
« Le summum du divertissement », a tweeté le rappeur 50 Cent. « Impossible de vivre quatre ans de plus de cette catastrophe ambulante », a écrit le chanteur John Legend, qui soutient le démocrate.
« C’était le débat présidentiel le plus chaotique et agressif de notre histoire », dit à l’AFP Mitchell McKinney, professeur à l’université du Missouri et spécialiste de ces rendez-vous inaugurés en 1960. « L’image donnée par Donald Trump fut celle d’un président irascible. Joe Biden a évité de faire des gaffes ou de trébucher, ce qui aurait alimenté l’idée promue par Trump qu’il est trop vieux ou pas assez en forme pour être président. »
Le président, revenu à Washington dans la nuit, sera en meeting mercredi soir dans le Minnesota, tandis que Joe Biden se rendra en train en Pennsylvanie, faisant plusieurs étapes dans cette région industrielle où il convoite le vote ouvrier.
A chaque débat télévisé, des sondages express sont réalisés par des médias américains pour savoir qui a « gagné ». Selon une telle enquête de CBS, Joe Biden l’aurait légèrement emporté mais 69% des spectateurs se sont surtout dits « agacés ». Il faut quoiqu’il en soit rappeler qu’en 2016, Hillary Clinton avait été déclarée largement gagnante de ses trois débats contre Donald Trump, ce qui relativise l’importance de ces duels…
La différence avec 2016 est que le candidat démocrate, contrairement à Mme Clinton, a pu s’appuyer sur les quatre ans du bilan du président sortant, et Joe Biden n’a pas manqué de rappeler les 200.000 morts de la pandémie de Covid-19: « Nous avons 4% de la population mondiale et 20% des morts »… « Il a paniqué. »
L’ancien vice-président de Barack Obama l’a tour à tour qualifié de « pire président que l’Amérique ait jamais eu », de « clown » et de « caniche de Poutine ». « Tout le monde sait que c’est un menteur », a-t-il asséné, avant de lui demander plusieurs fois de « la fermer ».
Suprémacistes
« Il n’y a rien d’intelligent en vous », a de son côté martelé Donald Trump qui, en mauvaise posture dans les sondages, espérait un faux-pas de son rival qui n’a pas eu lieu.
Mâchoires serrées, le dirigeant, qui brigue le 3 novembre un second mandat de quatre ans, s’est efforcé de dépeindre le démocrate de 77 ans comme une marionnette de la « gauche radicale », que ce soit sur la santé, la sécurité ou le climat.
Si Joe Biden s’est engagé à accepter le résultat du scrutin, Donald Trump a lui esquivé, se bornant une fois de plus à affirmer sans preuves que le vote par correspondance, qui s’annonce important en raison du Covid-19, favoriserait des « fraudes » sans précédent et pourrait empêcher de connaître le vainqueur « avant des mois ».
Le président sortant a peiné, tout au long du débat, à reprendre la main, tentant continuellement d’interrompre « Joe » jusqu’à se faire fermement rappeler à l’ordre par le modérateur, le journaliste de Fox News Chris Wallace — qui se retrouvait mercredi attaqué par le camp trumpiste.
Le milliardaire républicain s’est aussi attiré de vives critiques du camp démocrate pour sa réponse trouble lorsque le journaliste lui a demandé s’il était prêt à condamner les suprémacistes blancs.
« OK Proud Boys, reculez et tenez-vous prêts », a répondu Donald Trump.
Le groupe d’extrême-droite Proud Boys, fondé en 2016, est lié à plusieurs épisodes de violences contre des manifestants antiracistes du mouvement Black Lives Matter.
Les deux autres débats présidentiels sont prévus les 15 et 22 octobre. La semaine prochaine, leurs colistiers, le vice-président Mike Pence et la sénatrice démocrate Kamala Harris, débattront ensemble.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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