Monde
Afghanistan: sur la ligne de front, une paix bien éloignée
Dans le village d’Aziz Abad, la mosquée est inaccessible à la nuit tombée tant les combats font rage. Sur la ligne de front de Maiwand, dans le sud de l’Afghanistan, personne ne croît aux pourparlers de paix de Doha, entre talibans et gouvernement afghan.
Depuis des mois, et malgré les négociations se tenant depuis septembre au Qatar, les incursions talibanes se multiplient dans le district le plus instable de la province de Kandahar, bastion historique des insurgés.
« Tu vois cette mosquée ? », demande Sardar, fermier quadragénaire d’Aziz Abad. « Nous ne pouvons pas y faire la prière du soir, car la situation sécuritaire est trop mauvaise. »
Son village aride, perdu au milieu du désert, se situe à quelques mètres seulement de la dernière base marquant la fin du territoire sous contrôle de Kaboul. Les rues sont vides, des murs détruits. Le silence règne. La population se terre.
« Mes proches vivent là-bas et je ne peux pas aller les voir », regrette Sardar, pointant du doigt le camp taliban.
Le contrôle des insurgés semble permanent. Dans le crachotement d’un talkie-walkie, la police affirme les entendre s’interroger après avoir remarqué de l’autre côté de la ligne de front les véhicules utilisés par l’AFP, pourtant ordinaires mais qu’ils ne connaissent pas.
Parqués dans leur mini-base en terre entourée de barbelés, sans eau courante ni électricité, les policiers montrent les maisons en ruines, tas de gravats et autres tranchées d’où les talibans les observent, et d’où ils attaquent chaque soir.
« Il n’y a pas une seule nuit où n’allons pas nous réfugier dans nos tranchées », raconte Zainullah, 20 ans mais des traits d’enfant, sa moustache se dessinant à peine, tout en désignant de minuscules tunnels jonchés de déchets.
Lui était jeune adolescent quand il a rejoint la police pour défendre son district. Les hommes à ses côtés sont des proches. Ils défendent leur territoire armés de leur seul courage et de quelques vieilles Kalachnikovs. Leur base actuelle, peuplée de chiens faméliques, s’écroule. Les sacs de sable la protégeant sont troués par les projectiles ennemis.
Improbable paix
Le processus de paix vu d’ici paraît bien improbable. « Les talibans ne veulent pas la paix », tranche Zainullah, qui n’utilise qu’un nom, comme de nombreux Afghans. Et de se remémorer avec nostalgie un passé récent, quand les forces afghanes jouissaient du « soutien aérien des forces américaines qui bombardaient les talibans ».
Mais les Etats-Unis ont signé en février un accord avec les rebelles dans lequel ils s’engagent à retirer les troupes étrangères du sol afghan d’ici mi-2021 contre de vagues promesses des rebelles, dont la tenue des pourparlers de paix de Doha avec une délégation de Kaboul.
Eux qui à la tête d’une coalition internationale ont chassé les talibans du pouvoir fin 2001 et comptaient jusqu’à 100.000 soldats au plus fort de leur présence en 2010, devraient ramener ce nombre à 2.500 début 2021, selon un conseiller à la Maison blanche.
Donald Trump a même annoncé début octobre que tout le contingent américain aurait quitté l’Afghanistan « d’ici Noël ». Une nouvelle qui a plombé davantage encore le moral des forces afghanes, que le départ des Etats-Unis met en péril.
L’impact de telles décisions est évident sur le terrain. Libéré de la pression militaire américaine, les talibans ont en à peine une semaine pris deux avant-postes, gagné du terrain, et lancé plusieurs attaques sur Maiwand, énumère Abdul Ghafar, un autre policier.
Les combats n’ont de fait jamais cessé dans le district depuis l’intervention américaine de 2001, qui a mis un terme à cinq années de règne sanglant des talibans.
Ils se sont même « intensifiés » avec les pourparlers de Doha, démarrés en septembre, estime Ahmad Ikhlas, un jeune commandant de police à l’ouïe endommagée dans un attentat. Ce que confirment plusieurs responsables locaux.
D’après le Sigar, un comité parlementaire américain, qui cite des chiffres de l’armée US, les attaques « ennemies » ont cru de 50% entre le 1er juillet et le 30 septembre en Afghanistan par rapport au deuxième trimestre. Un total « supérieur aux normes saisonnières ».
Fin septembre, des centaines d’insurgés ont réussi à pénétrer un ou deux kilomètres en territoire gouvernemental. Ils ont atteint le village de Deh Qubat, situé à une demi-heure de route d’Aziz Abad, une première, avant d’être repoussés par les forces afghanes.
« Les talibans se cachaient derrière les murs, dans les maisons et dans la mosquée. Ils étaient partout », se souvient Atta Jan, un agriculteur de 28 ans, qui prenait son petit-déjeuner quand les insurgés ont fait irruption dans sa rue.
« Je n’ai jamais vu de combats aussi intenses », confirme Khalil, 26 ans, un haut gradé n’utilisant qu’un nom, qui a participé à la libération de Deh Qubat face à quelque 800 insurgés.
« Poudre aux yeux »
« Ils jettent de la poudre aux yeux des Américains, font un accord avec eux, mais pas la paix en Afghanistan. Une autre guerre va commencer », assure cet homme ayant lui-même des proches parmi les insurgés.
Alors que le président Ashraf Ghani multiplie les appels à un cessez-le-feu permanent, les rebelles refusent scrupuleusement de s’engager sur ce terrain, estimant qu’ils se priveraient ainsi d’un fort ascendant sur Kaboul dans leur quête d’une reprise du pouvoir, alors qu’ils contrôlaient ou contestaient déjà près de la moitié du territoire afghan début 2019, selon le Sigar. Une tendance qui n’est depuis lors allée qu’en se renforçant.
Les civils en paient le prix. L’ONU a recensé près de 2.200 morts et 3.800 blessés du conflit les neuf premiers mois de l’année, constatant une reprise des violences depuis mi-septembre.
Quelque 58% des pertes sont causées par les « éléments anti-gouvernementaux », talibans et groupe Etat islamique, selon l’ONU, ce que les talibans rejettent. Au 1er novembre, l’Afghanistan comptait 260.000 déplacés, de même source.
A Maiwand, personne ne croît plus en une amélioration de la situation, dans un pays entré dans sa cinquième décennie de guerre, où les habitants ne connaissent que la violence depuis l’invasion soviétique de Noël 1979.
« J’ai 41 ans et de ma vie entière, je n’ai pas vu la paix », se désespère Bibi Khanum, une villageoise de Aziz Abad.
Les progrès qui ont suivi la chute du régime taliban ont en outre été bien trop lents à se matérialiser, poussant certains à s’engager, pour l’argent ou par conviction, avec les rebelles.
Dix-neuf ans plus tard, la première école pour filles d’Aziz Abad est toujours en construction. « J’aurais été heureuse d’aller à l’école », déplore Malalai, 14 ans et déjà fiancée. « Mais si je commence maintenant, je serai trop vieille quand je serai diplômée. »
Tous les établissements scolaires sont également fermés à Deh Qubat du fait de la situation sécuritaire.
Depuis l’attaque, Rafiullah, 13 ans, craint de sortir de chez lui. A la radio, il entend bien parler des pourparlers de Doha. Mais n’y voit qu’une mascarade. « Les Américains ont fait la paix, lance-t-il. Pas les talibans. »
Décès
L’ancien président italien Giorgio Napolitano est mort à l’âge de 98 ans
Né sous Mussolini le 29 juin 1925, Giorgio Napolitano, qui a été élu en 2006, a géré une phase particulièrement turbulente en Italie.
Il était considéré pendant des années comme le garant de la stabilité de l’Italie. L’ancien président italien Giorgio Napolitano (2006-2015), dirigeant historique du Parti communiste et promoteur de la construction européenne, est mort à l’âge de 98 ans, vendredi 22 septembre.
Né sous Mussolini le 29 juin 1925, Giorgio Napolitano a géré une phase particulièrement turbulente en Italie. Elu en 2006, il comptait prendre sa retraite à l’issue de son premier septennat au printemps 2013, après les législatives. Mais les résultats des élections, trop serrés, et l’incapacité des principaux partis à s’accorder sur un éventuel successeur, l’avaient contraint à reprendre du service. Dès son discours d’investiture, particulièrement dur envers les responsables politiques dont il avait dénoncé « la surdité » face aux exigences du pays, il avait annoncé qu’il ne resterait pas sept ans de plus et avait en effet démissionné en janvier 2015.
L’ensemble de la classe politique de la péninsule a rendu hommage à ce Napolitain, qui est reconnu pour sa modération, sa prudence et son sens de l’Etat. Giorgia Meloni, dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d’Italia et « présidente du conseil » depuis octobre 2022 a sobrement présenté « les plus profondes condoléances » de son cabinet à la famille de l’ancien président.
L’actuel président de la République, Sergio Mattarella, a rappelé l’engagement européen de l’ancien député au Parlement de Strasbourg qui a mené « des batailles importantes pour le développement social, la paix et le progrès en Italie et en Europe ».
Dans un télégramme à sa veuve, le pape François, en voyage à Marseille, a quant à lui salué un homme ayant consacré son action politique à préserver « l’unité et la concorde » de son pays.
Europe
Guerre en Ukraine : la Pologne arrête ses livraisons d’armes à l’Ukraine
La Pologne a annoncé la cessation de ses livraisons d’armes à l’Ukraine, provoquant des tensions diplomatiques entre les deux pays alliés.
La Pologne a annoncé mercredi qu’elle avait cessé de fournir des armes à l’Ukraine, marquant une escalade des tensions entre les deux pays alliés au moment où l’Ukraine riposte à l’invasion russe. Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a déclaré que leur priorité était la modernisation et l’armement de l’armée polonaise pour la renforcer rapidement, sans préciser quand exactement les livraisons d’armes à l’Ukraine avaient cessé.
La Pologne était l’un des plus grands fournisseurs d’armes à l’Ukraine. Cependant, cette décision intervient peu de temps après que Varsovie a interdit l’importation de céréales ukrainiennes pour protéger ses intérêts agricoles. La Pologne a nié que ces deux mesures soient liées, affirmant qu’elle continuait à honorer les contrats d’armement antérieurs avec l’Ukraine.
L’annonce de la Pologne est survenue après la convocation « d’urgence » de l’ambassadeur ukrainien par Varsovie pour protester contre les remarques du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à l’ONU. Zelensky avait critiqué certains pays pour avoir soutenu indirectement la Russie.
La France a réagi aux tensions entre les deux pays, qualifiant la situation de « regrettable » et suggérant qu’elle résultait de « considérations de politique intérieure ». La décision de l’UE de mettre fin à l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes, prononcée en mai par cinq États membres, a été à l’origine des derniers développements, avec des embargos unilatéraux et des poursuites devant l’OMC.
La Pologne a averti qu’elle élargirait la liste des produits ukrainiens interdits d’importation en réponse à ces actions. Cependant, les deux pays tentent toujours de trouver une solution constructive au problème des céréales.
L’Ukraine, engagée dans une lutte pour sa survie contre la Russie, a déclaré que les mesures prises par la Pologne étaient « inacceptables » et a proposé une résolution du conflit. La communauté internationale surveille de près ces développements, craignant que les tensions diplomatiques ne compromettent les efforts pour soutenir l’Ukraine dans son conflit avec la Russie.
Monde
Gabon : Le fils aîné d’Ali Bongo écroué pour corruption
Trois semaines après le coup d’État, le fils d’Ali Bongo et d’autres hauts responsables sont inculpés pour corruption et d’autres crimes.
Trois semaines après le coup d’État qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba au Gabon, son fils Noureddin Bongo Valentin et plusieurs proches du cabinet du président déchu ont été mis en examen et incarcérés, notamment pour des accusations de corruption. Au total, dix personnes ont été inculpées mardi pour une série de crimes, dont des « troubles des opérations d’un collège électoral », « corruption », « détournement de deniers publics », « blanchiment de capitaux », et bien d’autres, a annoncé le procureur de Libreville, André-Patrick Roponat, lors d’une conférence de presse. Sept d’entre elles ont été placées en détention provisoire.
Parmi les inculpés figurent Noureddin Bongo Valentin, le fils aîné d’Ali Bongo, et Jessye Ella Ekogha, l’ancien porte-parole de la présidence, tous deux mis en examen pour corruption. Ces arrestations ont eu lieu le jour du coup d’État et ils étaient initialement soupçonnés de « haute trahison », bien que ce chef d’inculpation n’ait pas été retenu.
Le 30 août, peu de temps après l’annonce controversée de la réélection d’Ali Bongo, les militaires dirigés par le général Brice Oligui Nguema ont renversé le président, l’accusant notamment de « détournements massifs » de fonds publics. Les perquisitions menées dans les domiciles de ces hauts responsables du cabinet de l’ex-président Ali Bongo et de son épouse Sylvia Bongo Valentin ont montré des sommes considérables d’argent en espèces.
Sylvia Bongo Valentin, l’ex-première dame du Gabon, est actuellement en résidence surveillée à Libreville « pour sa protection », selon la présidence. Cependant, ses avocats ont déclaré que sa situation était « injustifiable » et « incompatible avec un État de droit ». Ils ont déposé une plainte contre les responsables de cette détention.
Les putschistes avaient accusé Sylvia et son fils Noureddin d’être les véritables dirigeants du pays et au cœur d’un réseau de corruption étendu. Ali Bongo, quant à lui, avait été placé en résidence surveillée à Libreville mais est actuellement « libre de ses mouvements » et peut « se rendre à l’étranger », selon le général Oligui.
Le 13 septembre, le général Brice Oligui Nguema, désigné président de transition, a annoncé la création d’une commission d’enquête sur les marchés publics pour lutter contre les fraudes. Avant le coup d’État, il avait sommé les chefs d’entreprise pratiquant la « surfacturation » de cesser leurs pratiques frauduleuses dans les passations de marchés publics.
L’enquête sur les « biens mal acquis » de la famille Bongo en France, ouverte suite à des plaintes d’ONG en 2007, avait déjà révélé des soupçons de détournement de fonds publics permettant l’acquisition d’un important patrimoine immobilier. Plusieurs membres de la famille Bongo, dont Ali Bongo lui-même, sont mis en examen en France pour recel de détournement de fonds publics dans le cadre de cette enquête. Le Gabon est souvent critiqué pour le niveau élevé de corruption qui y sévit et est classé 136e sur 180 pays en termes de perception de la corruption par Transparency International (2022).
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