Monde
Pérou: trois morts lors de manifestations appelant à la démission du nouveau président
Au moins trois personnes ont été tuées samedi à Lima lors d’une nouvelle journée de manifestations, réprimées par la police, contre l’accession à la présidence de Manuel Merino dont le chef du Congrès péruvien a réclamé la « démission immédiate ».
Des milliers de manifestants, pour la plupart des jeunes de moins de 25 ans, étaient de nouveau descendus dans la rue samedi, dans différentes villes du pays, pour exiger la démission de M. Merino et rejeter ce qu’ils considèrent comme un coup d’Etat parlementaire.
Le Parlement péruvien avait voté lundi la destitution du président Martin Vizcarra, qui jouit d’une grande popularité, pour « incapacité morale », le chef de l’Etat étant accusé d’avoir reçu des pots-de-vins alors qu’il était gouverneur en 2014, ce qu’il dément.
Son éviction et l’accession à la présidence de M. Merino, un ingénieur agronome de centre-droit de 59 ans jusque-là à la tête du Parlement, ont entraîné depuis mardi des manifestations à travers le pays.
La plus grande marche a réuni samedi à Lima des milliers de personnes qui ont convergé vers la place San Martin. La police a de nouveau fait usage de gaz lacrymogène, lancé y compris par hélicoptères, pour disperser des manifestants qui menaçaient de marcher sur le siège du Parlement.
Les jeunes portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: « Merino, tu n’es pas mon président », « Merino imposteur », « le Pérou s’est réveillé ». Un groupe s’est approché de la maison de M. Merino, à l’est de Lima, pour manifester au son des casseroles et tambours.
Réagissant à la répression violente des manifestations, le chef du Congrès a demandé la démission du nouveau président, entré en fonction mardi. « Je demande à M. Merino d’envisager sa démission immédiate », a déclaré Luis Valdez à la chaîne de télévision N.
Les députés doivent tenir une réunion extraordinaire dimanche pour débattre de la démission de M. Merino, a annoncé un communiqué sur le compte twitter du Congrès.
Le maire de Lima, Jorge Muñoz, qui appartient au même parti Action Populaire que M. Merino, a lui aussi exigé la démission du président.
Démissions en série
Le décès d’un manifestant de 25 ans a été annoncé par le fonctionnaire Alberto Huerta, du bureau du Défenseur du peuple, entité publique chargée de veiller au respect des droits de l’Homme au Pérou.
Son corps était arrivé à l’hôpital Almenara, a-t-il précisé, ajoutant que « la victime avait des blessures par plomb de chasse au visage et au cuir chevelu, selon le médecin ».
Selon le ministère de la Santé, au moins 63 manifestants ont en outre été blessés. Le Défenseur du peuple a dénoncé un usage indiscriminé de la force par la police.
Un peu plus tard, l’archevêque de Lima, Carlos Castillo, a condamné la répression policière en annonçant à la télévision publique qu’il venait d’apprendre qu’il y avait « un troisième mort ».
Sept des 18 ministres de M. Merino ont annoncé leur démission samedi soir après la répression policière, dont celui de la Santé, Abel Salinas, selon les médias locaux.
Même si le Premier ministre, Antero Flores Araoz, conservateur de 78 ans, avait exclu plus tôt que le président se retire sous la pression des manifestations, cette éventualité semblait se préciser dimanche.
Le nouveau président, qui a gardé le mutisme depuis samedi, était injoignable dimanche matin. « Je l’appelle sans succès, je ne sais absolument pas s’il a démissionné », a déclaré le Premier ministre à la radio RPP.
L’aéroport international de Lima était fermé en raison du couvre-feu nocturne.
Vers 02H00 dimanche (07H00 GMT), le gouvernement a publié une photo de M. Merino réuni avec son cabinet, mais certains ont estimé qu’il s’agit d’une photo ancienne, puisqu’elle montre le ministre de la Santé qui avait démissionné quelques heures auparavant.
Le président de la Conférence épiscopale a exhorté le gouvernement à dialoguer et à respecter le droit à manifester: « Il est essentiel d’écouter et de prendre en compte les cris et la clameur de la population pour retrouver confiance, tranquillité et paix sociale », a déclaré dans un communiqué l’archevêque de Trujillo, Miguel Cabrejos.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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