Europe
Madrid dévoile son plan de relance, Bruxelles ferme bars et cafés
Face à la pandémie de coronavirus, l’Espagne a dévoilé mercredi un plan pour créer 800.000 emplois et relancer son économie dévastée, tandis que la Belgique s’apprête à fermer à partir de jeudi les bars et cafés dans la région de Bruxelles.
L’Espagne compte « créer plus de 800.000 nouveaux emplois en trois ans » grâce aux fonds du plan européen de relance, a annoncé le chef du gouvernement Pedro Sanchez.
Madrid étalera sur six ans, de 2021 à 2026, l’utilisation des 140 milliards d’euros alloués par Bruxelles à l’Espagne pour redresser son économie, laminée par la pandémie de Covid-19, a-t-il précisé. L’Espagne sera le deuxième plus gros bénéficiaire des fonds européens après l’Italie.
Aux Etats-Unis, Donald Trump a en revanche mis brutalement fin mardi aux négociations avec les démocrates sur de nouvelles aides aux ménages et entreprises affectés par la pandémie, avant de laisser une porte ouverte à quelques mesures ciblées.
« J’ai demandé à mes représentants d’arrêter de négocier jusqu’à après les élections », a tweeté le président américain, accusant la cheffe des démocrates au Congrès Nancy Pelosi de ne pas négocier « de bonne foi ».
L’état-major américain en quarantaine
Cette décision a immédiatement fait chuter Wall Street, alors que de nombreux économistes et experts ont déjà prévenu que l’absence d’un nouveau coup de pouce gouvernemental risquait de freiner la reprise économique.
Au lendemain du retour théâtral à la Maison Blanche de Donald Trump – qui n’a plus de symptômes selon son médecin après trois jours d’hospitalisation -, l’ensemble de l’état-major américain s’est mis en quarantaine mardi après des réunions avec le numéro deux des Garde-Côtes, qui a été testé positif au nouveau coronavirus.
Outre le chef d’état-major, le général Mark Milley, tous les plus hauts gradés américains sont à l’isolement: le numéro deux de l’état-major, les chefs de l’US Navy, l’armée de Terre, l’US Air Force, la Space Force, la Garde Nationale, l’agence de renseignement militaire NSA et celui des Forces Spéciales, selon un responsable du Pentagone.
En Europe, les restrictions se multiplient. La fermeture des bars et cafés à Bruxelles et dans sa région est prévue jusqu’au 8 novembre pour endiguer la propagation du coronavirus qui s’accélère dans la capitale belge.
« Situation tendue à Bruxelles »
« On est vraiment dans une situation extrêmement complexe et tendue à Bruxelles », a justifié le président de la région Rudi Vervoort.
Ces nouvelles restrictions sont similaires à celles qui s’appliquent depuis mardi à Paris et dans les trois départements limitrophes.
Les villes de Berlin et Francfort avaient annoncé la veille la mise en place d’un couvre-feu de 23 heures à 6 heures du matin et une restriction des contacts sociaux.
En Roumanie, des policiers en civil vont patrouiller pour faire respecter le port obligatoire du masque dans certains espaces publics.
En Suisse, avec plus de mille cas d’infections confirmées pour la première fois depuis le 1er avril, les autorités ont appelé la population à « se reprendre ».
« Nous ne voulons pas de fermetures comme en France. Il faut donc que nous nous tenions aux règles de base », a déclaré le ministre de la santé Alain Berset.
La pandémie a fait 1.788 morts dans ce pays de 8,5 millions d’habitants, selon le dernier décompte publié mercredi par l’Office fédéral de la santé.
Dans le monde, la pandémie du nouveau coronavirus a fait au moins 1.051.149 morts depuis que le bureau de l’OMS en Chine a fait état de l’apparition de la maladie fin décembre, selon un bilan établi mercredi par l’AFP.
Le patron du Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés, Filippo Grandi, a annoncé pour sa part qu’il était positif mais que ses symptômes étaient légers. « J’espère être rétabli rapidement », a écrit sur Twitter le chef d’une des plus importantes agences de l’ONU, qui porte secours à des millions de réfugiés dans le monde.
Milliardaires de plus en plus riches
La pandémie ne fait pas que des perdants: les milliardaires voient leur fortune atteindre de nouveaux sommets grâce au vif rebond des marchés financiers dont ont bénéficié les géants de la technologie et de la santé, selon une étude publiée mercredi.
Fin juillet, la fortune cumulée des milliardaires avoisinait 10.200 milliards de dollars (8.676 milliards d’euros), selon cette étude réalisée par la banque suisse de gestion de fortune UBS et le cabinet d’audit et de conseils PWC, dépassant le précédent pic de 2017 où elle avait culminé à 8.900 milliards de dollars.
En revanche en Inde, où plus de dix millions d’enfants d’entre cinq et 14 ans travaillent malgré une loi qui l’interdit, la situation a empiré avec le coronavirus qui a dévasté l’économie et fermé les écoles des mois durant.
« Si nous n’engageons pas tout de suite une action corrective, cela ne fera qu’empirer », s’alarme Dhananjay Tingal, directeur exécutif de l’organisation Bachpan Bachao Andolan (BBA) contre le travail des enfants.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Europe
Le Portugal, fleuron européen du cannabis médical
Le Portugal se positionne comme un leader européen dans la production de cannabis à usage médical, grâce à des conditions climatiques idéales et une législation avant-gardiste.
Le Portugal émerge comme un acteur clé dans le domaine du cannabis médical en Europe. Grâce à un climat favorable et une réglementation adaptée, le pays attire de nombreuses entreprises pharmaceutiques, se positionnant comme un pionnier sur le marché européen.
Dans la région de Serpa, au sud du Portugal, des ouvriers agricoles récoltent du cannabis destiné à des fins thérapeutiques. José Martins, agronome en charge de cette vaste plantation, souligne que le Portugal bénéficie d’un environnement unique pour cette culture. La région, avec ses collines paisibles et son ensoleillement exceptionnel, offre des conditions idéales pour la croissance du cannabis, réduisant ainsi les coûts énergétiques par rapport aux cultures sous serres.
L’entreprise portugaise FAI Therapeutics, filiale du groupe Iberfar, a investi dans cette filière dès 2022. Cette initiative vise à concurrencer les sociétés étrangères déjà bien implantées dans le pays. Pedro Ferraz da Costa, PDG d’Iberfar, insiste sur la qualité et la sécurité des produits portugais, qui répondent aux exigences internationales grâce à un cadre réglementaire strict mis en place dès 2019.
À Cantanhede, au centre du Portugal, la multinationale canadienne Tilray a établi une importante installation. José Tempero, directeur médical de Tilray, affirme que le Portugal est à l’avant-garde de la production de cannabis médical en Europe. Avec ses serres de 4,4 hectares, Tilray peut produire jusqu’à 27 tonnes de cannabis par an, destinées à divers marchés mondiaux, y compris en Europe, en Amérique latine et en Australie.
Malgré cette expansion, l’accès au cannabis médical pour les patients portugais reste limité. Non remboursé par la sécurité sociale et peu prescrit par les médecins, le cannabis thérapeutique souffre encore d’une certaine stigmatisation. Lara Silva, mère d’une enfant épileptique, témoigne de l’inefficacité du système actuel. Elle doit importer du CBD depuis l’Espagne pour traiter les crises de sa fille, constatant des améliorations significatives.
Le marché mondial du cannabis médical est en pleine croissance, avec une valeur estimée à 16,6 milliards de dollars en 2023, et une projection à plus de 65 milliards en 2030. L’Europe, en particulier, devrait voir sa part du marché bondir de 226 millions de dollars à plus de 1,2 milliard d’ici la fin de la décennie. Le Portugal, avec ses exportations de près de 12 tonnes de produits médicaux à base de cannabis en 2023, principalement vers l’Allemagne, la Pologne, l’Espagne et l’Australie, est bien placé pour capitaliser sur cette tendance.
Cependant, l’acceptation du cannabis médical au Portugal reste un défi. Les patients et les professionnels de santé doivent surmonter les préjugés et les obstacles administratifs pour que cette thérapie devienne une option de traitement reconnue et accessible.
Europe
Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer
À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.
Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.
Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.
Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.
En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.
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