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« Il vaudrait mieux qu’on nous tue »: les migrants piégés dans le cul-de-sac bosnien

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La forêt est leur seul abri mais en ce début d’automne, la froideur de la nuit est déjà dure à supporter: des centaines de migrants bloqués en Bosnie enchaînent les tentatives de passage vers la Croatie et leur rêve européen, dans la violence et une précarité extrême.

La Bosnie est un cul-de-sac pour des milliers de migrants de la « route des Balkans » qui traversent ce pays pauvre et enclavé dans l’espoir de rejoindre l’Europe occidentale.

Des dizaines d’entre eux essayent tous les jours d’entrer illégalement en Croatie mais sont régulièrement refoulés en Bosnie, où les autorités ferment des centres d’accueil sous la pression d’habitants excédés par leur présence.

Dans l’extrême nord-ouest de la Bosnie, dans la forêt proche de la petite ville de Velika Kladusa, Mahbubur Rahman, 23 ans, parti du Bangladesh en février 2019, se prépare pour sa quatrième tentative de passage.

Déterminé à parvenir en Italie avant l’hiver, il vit depuis un mois dans un camp de fortune en compagnie de 300 autres Bangladais, des jeunes hommes pour la plupart, à trois kilomètres de la frontière.

Des dizaines d’abris, fabriqués à l’aide de branches de bois et de bâches en plastique, ne les protègent plus du froid après le coucher du soleil. La nuit, les températures descendent à 5°C et seront négatives d’ici un mois.

« Il fait très froid maintenant, il pleut. Nous n’avons pas de nourriture, d’eau, des gens tombent malades », raconte Mahbubur Rahman à l’AFP.

« Torture »

Le jour, les plus audacieux se lavent dans un ruisseau à proximité. D’autres rapportent de l’eau pour préparer un maigre repas de riz ou de pâtes.

Mahbubur Rahman décrit les refoulements par la police croate comme une « torture »: « Ils nous prennent tout, les vestes, les sacs, la nourriture, les chaussures, l’argent. C’est le plus grave problème ».

Les migrants, originaires souvent d’Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh et du Maroc, accusent aussi régulièrement les policiers croates de les passer à tabac. A Zagreb, les autorités réfutent tout en bloc.

Aux violences qu’ils disent subir aux mains des forces de l’ordre croates, s’ajoutent des bagarres fréquentes entre migrants de différentes nationalités.

Deux Pakistanais ont été tués mercredi et une vingtaine blessés lors d’une rixe avec un groupe qu’ils ont présentés comme des Afghans, près de Bihac, la grande ville de la région, selon la police.

Les migrants sans abri sont estimés dans le pays à environ 2.500 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), mais celle-ci juge que leur nombre va s’envoler avec la fermeture par les autorités de certains centres d’accueil.

« On va très rapidement dans la direction d’une crise humanitaire », met en garde Peter Van der Auweraert, responsable de l’OIM en Bosnie. « On risque de se retrouver, fin novembre, dans une situation où il y aura 4.000 à 4.500 personnes sans abri (…) dans cette région où il y a beaucoup de neige et où il fait très froid », dit-il à l’AFP.

« Crise humanitaire »

Les autorités ont fermé mercredi un site géré par l’OIM qui a accueilli jusqu’à 2.000 personnes à Bihac.

Depuis un mois déjà, aucun nouveau arrivant ne pouvait y rentrer et ceux qui en sortaient pour un « game », nom donné par les migrants à leurs tentatives de passage frontalier, étaient empêchés d’y revenir.

Les autorités locales veulent également fermer rapidement le centre de Velika Kladusa (700 personnes), interdit aussi d’accès à tout nouveau migrant.

Les habitants de ces deux localités ont manifesté à plusieurs reprises pour réclamer la fermeture des camps et le sujet est sensible politiquement à l’approche des élections municipales de novembre.

« Au-delà de l’inhumanité de tout cela, il est difficile de voir comment (cette) action répond aux préoccupations légitimes des citoyens », a dénoncé Peter Van der Auweraert sur Twitter. « Elle ne fera qu’augmenter le nombre de personnes qui dorment déjà dehors ».

« Ces actions irresponsables mettent des vies en danger », a renchéri la délégation de l’Union européenne en Bosnie.

Mustafa Ruznic, le Premier ministre du canton de Bihac, se défend en parlant « d’un foyer de problèmes sécuritaires et sanitaires ».

Kafil Kashr, journaliste de 48 ans qui a fui le Cachemire indien, compte, lui, quatorze tentatives de passage en un an et demi. Il se repose avant un nouveau « game ».

« Nous sommes venus jusqu’ici pour chercher le salut. Mais on nous donne des coups de pieds, on nous frappe. Il vaudrait mieux qu’on nous tue la prochaine fois. On en a marre ! ».

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SpaceX franchit une nouvelle étape avec la récupération en vol du lanceur de Starship

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SpaceX franchit une nouvelle étape avec la récupération en vol du lanceur de Starship

SpaceX a accompli une prouesse technologique en capturant pour la première fois en vol le lanceur Super Heavy de sa mégafusée Starship. Cette manœuvre pourrait révolutionner la réutilisation des lanceurs lourds et marquer un tournant dans l’exploration spatiale.

Dimanche, SpaceX a réussi une manœuvre sans précédent en capturant le premier étage de son lanceur Super Heavy, grâce à des bras mécaniques géants surnommés « Mechazilla ». Ce vol d’essai, qui s’est déroulé depuis la base texane de l’entreprise à 7h25, pourrait être un jalon crucial dans le développement de fusées entièrement réutilisables, une ambition de longue date de l’entreprise d’Elon Musk.

Après avoir propulsé le vaisseau Starship en orbite grâce à ses 33 moteurs, le lanceur de 70 mètres est revenu sur sa plateforme de lancement, où les bras de Mechazilla l’ont sécurisé.

Jusqu’à présent, Super Heavy terminait son parcours en mer, mais cette récupération pourrait permettre d’économiser de précieuses ressources et d’accélérer la cadence des vols. Starship, pour sa part, a poursuivi sa mission jusqu’à amerrir en douceur dans l’océan Indien, confirmant ainsi la fiabilité de son système.

Cette avancée technologique confirme le leadership de SpaceX dans la course à l’exploration spatiale, avec des implications majeures pour l’avenir des missions interplanétaires.

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Nouvelle démonstration de force chinoise autour de Taïwan : Washington exprime son inquiétude

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Nouvelle démonstration de force chinoise autour de Taïwan : Washington exprime son inquiétude

Pékin a lancé des exercices militaires massifs autour de Taïwan, dénonçant les autorités de l’île comme « séparatistes » et envoyant un message clair sur sa détermination à rétablir l’unité nationale. Les États-Unis, de leur côté, condamnent fermement ces manœuvres, qu’ils jugent dangereuses pour la stabilité régionale.

La Chine a intensifié ses actions militaires autour de Taïwan, déployant avions de chasse, bombardiers et navires de guerre dans ce qu’elle présente comme un « avertissement sérieux » à l’égard des autorités taïwanaises. Ces manœuvres, qualifiées de nécessaires par Pékin pour défendre sa souveraineté, suscitent une vive inquiétude à Washington, qui y voit une escalade non justifiée. Le contexte tendu s’explique par les tensions croissantes entre la Chine et Taïwan, exacerbées par les récents discours du président taïwanais Lai Ching-te, perçus par la Chine comme un appel à l’indépendance.

Bien que Pékin privilégie une réunification pacifique avec Taïwan, elle n’a jamais écarté l’option militaire. Cette nouvelle démonstration de force s’inscrit dans une série d’opérations militaires organisées ces dernières années pour encercler l’île. En réponse, Taïwan, soutenu par son principal allié, les États-Unis, a dénoncé un comportement « irrationnel et provocateur » de la part de la Chine, tout en renforçant ses défenses militaires pour protéger son système démocratique.

Les relations entre Pékin et Taipei se sont gravement détériorées depuis l’accession au pouvoir de la présidente Tsai Ing-wen en 2016, puis de son successeur Lai en 2024. Ce dernier a récemment affirmé sa volonté de résister à toute tentative d’annexion par la Chine. Les tensions politiques et militaires continuent d’alimenter les craintes d’une confrontation armée, malgré les appels répétés à la retenue de la communauté internationale.

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Zelensky accuse la Corée du Nord d’envoyer des troupes en soutien à la Russie

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Zelensky accuse la Corée du Nord d’envoyer des troupes en soutien à la Russie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé, ce dimanche, une collaboration militaire croissante entre la Russie et la Corée du Nord, allant au-delà de la simple fourniture d’armements. Il affirme que des soldats nord-coréens rejoindraient les forces russes, une accusation immédiatement démentie par le Kremlin.

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Face à cette situation, Kiev appelle à un renforcement rapide de l’aide militaire occidentale, notamment en matière d’armement longue portée pour intensifier la pression sur les forces russes.

Le Kremlin a, pour sa part, catégoriquement rejeté ces accusations, tout en niant également les affirmations de Séoul selon lesquelles Pyongyang fournirait des missiles et des munitions à Moscou. Toutefois, la récente intensification des relations entre la Russie et la Corée du Nord, illustrée par la visite de Vladimir Poutine à Pyongyang en juin, où il a conclu un accord de défense mutuelle avec Kim Jong-un, semble confirmer l’existence d’une coopération militaire stratégique.

Cette évolution est perçue par les observateurs occidentaux comme une menace pour l’équilibre régional, renforçant la nécessité pour l’Ukraine de recevoir davantage de soutien militaire de la part de ses alliés pour éviter une escalade prolongée du conflit.

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