Société
Aline Le Guluche, l’itinéraire combatif d’une femme qui a appris à lire à 50 ans
Après avoir caché son illettrisme à ses collègues de travail et ses amis pendant des années, Aline Le Guluche a osé rompre le silence et suivre une formation pour réapprendre à lire et à écrire. Avant de prendre fièrement la plume pour retracer son parcours dans un livre.
Son témoignage, « J’ai appris à lire à 50 ans » (éditions Prisma), sort le 1er octobre. Et il lui faut maintenant jongler entre son travail d’aide à domicile et son rôle d’ambassadrice du programme national de lutte contre l’illettrisme des femmes, Write Her Future, porté par une marque de parfum. Une nouvelle fonction qui l’intimide mais qu’elle endosse comme une « chance de transmettre de l’espoir », à travers des conférences et des rencontres, à ceux qui n’osent pas parler de leur handicap.
« Je fais encore des fautes, » relativise-t-elle. Tout en élégance, cheveux roux sur chemisier blanc, elle raconte son histoire d’une voix grave et douce à la fois. Fille de paysans, elle est la petite dernière d’une fratrie de 8 enfants.
Habituée à prêter main forte dans la ferme familiale, Aline n’entre à l’école qu’à 6 ans. Incapable de suivre la lecture parce qu’elle confond les lettres entre elles, elle finit régulièrement au coin avec un coup de règle sur les doigts. Terrorisée et humiliée quotidiennement par des professeurs violents, la petite fille, timide, en vient à redoubler le CP.
Seule lumière dans ce tunnel scolaire : M. Beau, son « gentil professeur », comme elle aime à l’appeler. Lui est doux, souriant, patient. L’instituteur se souvient, à 75 ans, de sa rencontre en début de carrière avec cette gamine. « J’avais été frappé par la différence entre ses difficultés de lecture et ses facilités en mathématiques pour les calculs. A l’époque, on ne connaissait pas le mot +dyslexie+ », témoigne-t-il. Ce n’est en effet que bien plus tard qu’Aline comprendra qu’elle souffre de ce mal méconnu.
« La honte »
Elle quitte définitivement les bancs de l’école à 15 ans et file à l’usine pour exercer un travail manuel. « Je fabriquais des tartes et des galettes des rois. Personne ne m’a demandé si je savais lire et écrire. » Elle y reste 14 ans avant de rejoindre le service de restauration d’un hôpital.
Là, elle est coincée: il faut apprendre à déchiffrer les consignes pour préparer les plats adaptés aux pathologies des patients, remplir les étiquettes sur les barquettes… Le soir, elle rapporte les menus chez elle pour apprendre à les recopier.
Une gymnastique quotidienne qui se trouve bouleversée au moindre changement. « Pour ne jamais dire +je ne sais pas faire+, je mentais tout le temps. Tout était prétexte : j’avais oublié mes lunettes, je manquais de temps, j’avais une mauvaise écriture… »
« C’est la honte », pense-t-elle alors. « Je les entendais se moquer des personnes qui faisaient des fautes alors que moi aussi », se souvient-elle. « On te colle une étiquette d’imbécile. Une fois, une collègue m’a dit +ça ne sert à rien d’être belle et puis de ne rien avoir dans la tête+. »
Dans la vie de tous les jours, impossible de s’orienter, prendre les transports, choisir un film au cinéma. « Au restaurant, j’attendais que l’autre commande pour dire +je prends comme toi+. Personne ne se doute de rien parce qu’on sourit, on rigole, on masque la réalité ».
A la maison, elle trouve un stratagème pour « lire » des histoires à ses enfants en les racontant sous forme de spectacles. « Petite, je ne me rendais compte de rien », assure sa fille Céline. « Maman était très à cheval sur les devoirs et l’importance d’aller à l’école pour apprendre. »
Secrètement, Aline aspire à évoluer dans son travail et en finir avec les tâches physiques éreintantes. Après deux refus, elle obtient de sa DRH l’inscription à une formation sur « les compétences clés ».
Pendant six mois, elle s’y rend tous les vendredis matins et reprend confiance en elle petit à petit. Dans la foulée, elle obtient son CAP d’intendante hôtelière.
« Son parcours est le récit d’une émancipation, elle n’a jamais baissé les bras », salue Hervé Fernandez, directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, qui l’a conviée à diverses conférences pour partager son histoire. « Elle montre que personne n’est condamné à demeurer dans la condition à laquelle tout le destine. »
Société
Vol de données de santé de 750.000 patients d’un établissement francilien
Un pirate informatique propose à la vente les dossiers médicaux de centaines de milliers de patients. Le ministère de la Santé réagit face à cette menace.
Dans un contexte où la cybersécurité devient un enjeu majeur, un individu anonyme a mis en vente des informations sensibles appartenant à 758.912 patients d’un établissement de santé de la région parisienne. Ces données, accessibles via un site internet, incluraient des détails personnels tels que noms, adresses, et même des informations médicales spécifiques comme l’identité des médecins traitants ou les prescriptions médicales. L’expert en cybersécurité Damien Bancal, également rédacteur du blog zataz.com, a confirmé cette violation de données, tout en soulignant l’incertitude quant à la véracité des chiffres avancés par le pirate.
La société Softway Medical, éditeur du logiciel Mediboard mentionné dans l’offre de vente, a rapidement précisé que la fuite provenait d’un établissement utilisant leur logiciel, et non du logiciel lui-même. Déborah Draï, responsable de la communication chez Softway Medical, a souligné que les données de santé n’étaient pas hébergées par leur entreprise, mais par l’établissement concerné, appartenant au groupe Aléo. Ce dernier, regroupant plusieurs cliniques et maisons de retraite, n’a pas encore fourni de réponse officielle à cette situation.
Le ministère de la Santé, informé par l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France, a assuré que des mesures sont en cours pour gérer cet incident, en collaboration avec les autorités compétentes. Il a été précisé que cette attaque n’affecte pas la continuité des soins ni la sécurité des patients. Toutefois, les implications de cette fuite sont vastes et préoccupantes. Selon Benoit Grunemwald, expert en cybersécurité chez ESET, ces informations peuvent servir à créer des bases de données très précises, facilitant des attaques d’hameçonnage ciblées et potentiellement des fraudes bancaires.
Cette affaire s’inscrit dans une série de violations de données récentes, touchant également des entreprises comme Le Point et Direct Assurance, filiale d’Axa. Ces incidents soulignent l’urgence d’une amélioration des mesures de protection des données personnelles et sensibles, tant au niveau des entreprises que des institutions de santé. La vigilance des individus et des organisations face aux cybermenaces doit être renforcée pour éviter de tels scénarios à l’avenir.
France
Vents forts, neige-verglas : une large partie du territoire placée en vigilance orange vendredi
La France se prépare à affronter un épisode hivernal précoce, avec 31 départements sous vigilance orange pour neige, verglas et vents violents.
La tempête Caetano continue de semer le trouble sur une grande partie du territoire français, avec un refroidissement soudain et des conditions météorologiques extrêmes. L’agence Météo-France a maintenu son niveau d’alerte orange pour 31 départements, soulignant le danger des phénomènes de neige et de verglas, ainsi que des rafales de vent potentiellement dévastatrices.
La nuit de jeudi à vendredi a été marquée par une chute significative des températures, atteignant jusqu’à -10 degrés Celsius dans certaines régions. Cette baisse drastique a entraîné un regel généralisé des surfaces, rendant les routes extrêmement glissantes. Les autorités mettent en garde contre les risques accrus d’accidents de la circulation et recommandent une extrême prudence aux automobilistes.
Les départements concernés par l’alerte neige et verglas s’étendent de l’Aube à l’Yonne, en passant par Paris et ses alentours. Une attention particulière est portée à la région parisienne où le trafic pourrait être fortement perturbé. En parallèle, la Corse est confrontée à des vents violents, ce qui ajoute une dimension supplémentaire à la vigilance météorologique.
Le passage de la tempête Caetano a déjà eu des répercussions sur la vie quotidienne, avec des écoles fermées, des transports en commun modifiés et des entreprises adaptant leurs horaires. Le gouvernement, en collaboration avec les services de météorologie, suit de près l’évolution de la situation pour ajuster les mesures de sécurité et d’assistance nécessaires.
La population est invitée à rester informée via les canaux officiels et à limiter ses déplacements aux stricts nécessités. Les recommandations incluent également de se préparer à des coupures de courant et à des conditions de circulation hivernales difficiles.
Économie
Ryanair menace d’arrêter de desservir dix aéroports régionaux français
En réponse à une hausse de la taxation aérienne, Ryanair envisage de réduire sa présence dans les régions françaises dès janvier 2025.
Face à la perspective d’une augmentation significative de la taxation du secteur aérien inscrite dans le budget 2025, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a publiquement menacé de cesser ses opérations dans dix aéroports régionaux français. Cette décision, si elle est mise à exécution, pourrait avoir des répercussions importantes sur la connectivité aérienne des régions françaises, déjà fragilisées par des défis économiques et concurrentiels.
Le gouvernement, dans une tentative de combler un déficit budgétaire plus élevé que prévu, propose un triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) et une augmentation de la taxation des passagers de jets privés, visant à collecter un milliard d’euros supplémentaires. Cette mesure, bien que destinée à renforcer les finances publiques, pourrait entraîner une réduction drastique des services aériens dans les régions, selon Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair. Il a souligné que cette augmentation des taxes rendrait de nombreuses routes non viables économiquement, affectant particulièrement les zones rurales et moins desservies.
Ryanair, qui dessert actuellement 22 aéroports en France, dont deux près de Paris, envisage de réduire sa capacité de 50% dans les aéroports régionaux si le projet de taxation se concrétise. Cette menace n’est pas isolée; le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, avait déjà indiqué des réductions de capacités en France et en Allemagne en réponse à des politiques fiscales similaires.
La compagnie aérienne, déjà confrontée à des défis opérationnels tels que des retards de livraison d’appareils et une demande en baisse, considère que l’augmentation de la TSBA représente un « problème fondamental pour la connectivité des régions françaises ». McGuinness a souligné l’intense concurrence entre les aéroports européens pour attirer des lignes aériennes, indiquant que Ryanair orienterait ses ressources vers les régions et pays offrant des conditions fiscales plus favorables.
Les impacts potentiels de cette réduction de service ne sont pas seulement économiques pour les régions concernées, mais également culturels et sociaux, en isolant davantage des territoires déjà en marge. La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) a également mis en garde contre une baisse du trafic aérien pouvant atteindre 2% sur l’ensemble du territoire, avec des conséquences encore plus marquées pour les aéroports accueillant des compagnies à bas coûts.
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