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Économie

L’Albanie mise sur les fruits tropicaux pour affronter le dérèglement climatique

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Face à la hausse des températures, les agriculteurs albanais se tournent vers des cultures exotiques, moins gourmandes en eau et prometteuses à l’export.

Dans la plaine fertile de Divjakë, à une centaine de kilomètres de Tirana, des serres abritent désormais des fruits du dragon, des kiwano ou encore des goyaves. Ces espèces tropicales, autrefois importées de contrées lointaines, s’épanouissent désormais sous le soleil albanais. Une adaptation pragmatique au réchauffement climatique, mais aussi une opportunité économique pour un secteur agricole en quête de nouveaux débouchés.

Parmi les pionniers de cette transition, Irakli Shkoza, agronome de 75 ans, a converti ses deux hectares en laboratoire à ciel ouvert. Depuis six ans, il teste avec succès des variétés venues d’Afrique ou d’Amérique latine. « Ces plantes demandent moins d’irrigation et de main-d’œuvre que les cultures traditionnelles », explique-t-il. Un atout dans un pays où l’exode rural a privé les campagnes de 400 000 habitants en dix ans.

La région, considérée comme le grenier du pays, subit de plein fouet l’évolution du climat méditerranéen. Selon les projections scientifiques, les Balkans pourraient enregistrer une hausse des températures allant jusqu’à 8,8°C d’ici la fin du siècle en cas de scénario pessimiste. Plutôt que de subir ces bouleversements, certains producteurs y voient une chance. « Les fruits mûrissent naturellement ici, contrairement à ceux importés par avion, récoltés verts et traités artificiellement », souligne Vasil Nikolovski, un agriculteur macédonien installé dans la région.

Les premiers résultats commerciaux semblent confirmer ce potentiel. Des exportations vers la Croatie, notamment 30 tonnes de kiwano, ont déjà été réalisées. D’autres, comme Lulzim Bullari, misent sur les kiwis et les figuiers nord-africains, résistants aux hivers doux. « Le marché européen est demandeur, et nous pouvons offrir des produits plus frais à moindre coût », estime Altin Hila, un autre expert local.

Si l’agriculture représente près de 20 % du PIB albanais, sa modernisation reste un défi. Mais pour ces innovateurs, l’avenir passe par la diversification. « Il ne s’agit pas de craindre le changement, mais de s’y préparer », résume Irakli Shkoza, scrutant avec satisfaction les bourgeons de ses fruits du dragon. Une philosophie qui pourrait bien inspirer d’autres régions confrontées aux mêmes défis.

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