L’ancien parrain de Grenoble abattu en pleine journée : un règlement de comptes lié à un passé trouble
_Jean-Pierre Maldera, figure emblématique du grand banditisme grenoblois des années 80, a été assassiné mercredi sur l’autoroute A41. Son avocat révèle qu’il se savait menacé depuis la disparition non élucidée de son frère Robert en 2015._
Jean-Pierre Maldera, 71 ans, a été victime d’une attaque spectaculaire en pleine journée près de Grenoble. Après avoir été blessé par des tirs de kalachnikov, il a été percuté violemment par une voiture conduite par ses assaillants. Une arme de poing a été retrouvée près de son corps, et les auteurs de ce crime sont toujours en fuite. Selon son avocat, Me Bernard Ripert, Maldera vivait dans la crainte depuis la disparition de son frère Robert, il y a dix ans. « Il se savait menacé, en danger, il vivait caché chez lui », a-t-il déclaré.
Les frères Maldera, d’origine italienne, avaient marqué de leur empreinte le milieu criminel grenoblois dans les années 80. Spécialisés dans les arnaques à la carte bleue et le racket, ils s’étaient retirés des affaires depuis deux décennies. Leur passé judiciaire est pourtant lourd : Jean-Pierre avait été condamné à 15 ans de réclusion criminelle en 1986 pour un vol à main armée, tandis que Robert avait écopé de peines pour association de malfaiteurs et proxénétisme aggravé. En 2004, les deux frères avaient été incarcérés dans une affaire de grand banditisme, mais libérés un an plus tard en raison d’un vice de procédure.
La disparition de Robert en 2015 reste un mystère. Présumé mort après un rendez-vous avec un artisan, son cas n’a jamais été élucidé, bien que trois hommes aient été mis en examen pour « meurtre en bande organisée » en 2017. Pour Me Ripert, cette disparition et l’assassinat de Jean-Pierre sont liés à un litige financier. « Robert a été tué non pas dans un contexte de rivalité criminelle, mais à cause d’une dette personnelle. Supprimer le créancier était le moyen le plus simple de faire disparaître la dette », explique-t-il.
Les enquêteurs explorent plusieurs pistes, dont celle du narcotrafic, évoquée par la préfète de l’Isère. Cependant, aucun mobile n’a encore été confirmé. La police nationale a lancé un appel à témoins pour tenter de recueillir des informations cruciales. En attendant, la cellule médico-psychologique mise en place pour les témoins du drame continue d’accueillir les personnes choquées par cette violence en plein jour.
Me Franck De Vita, autre avocat des Maldera, reste prudent : « C’est un dossier complexe, et les enquêteurs vont explorer toutes les pistes possibles. » Une chose est sûre : l’assassinat de Jean-Pierre Maldera rappelle que les ombres du passé peuvent resurgir, même après des décennies de retrait.