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Ethiopie: au Tigré, « les gens sont terrifiés » par un possible retour de la guerre

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Deux ans après une guerre dévastatrice, les tensions politiques et militaires ravivent les craintes d’une reprise des violences dans cette région du nord de l’Éthiopie.

Dans la région du Tigré, en Éthiopie, un sentiment d’angoisse s’est emparé des habitants. Les récents affrontements entre factions rivales du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et les tensions croissantes avec l’Érythrée voisine font craindre un retour des hostilités. Les souvenirs de la guerre qui a ravagé la région entre 2020 et 2022, faisant plus de 600 000 morts, sont encore vivaces. Les Tigréens, déjà éprouvés, redoutent un nouveau conflit encore plus destructeur.

Depuis Mekele, la capitale régionale, Solomon Hagos, un universitaire, témoigne de l’inquiétude générale. « Les gens se précipitent dans les banques pour retirer leurs économies, de peur que les services ne soient à nouveau suspendus », explique-t-il. Les habitants stockent également des denrées alimentaires, anticipant une possible pénurie. L’inflation galopante et la fragilité économique exacerbent ces comportements de survie.

Les divisions internes au sein du TPLF alimentent cette atmosphère de crise. Getachew Reda, nommé à la tête d’une administration intérimaire par le gouvernement fédéral, s’oppose à Debretsion Gebremichael, le leader historique du parti. Ces luttes de pouvoir, couplées à des mouvements militaires suspects, notamment près de la frontière érythréenne, font craindre une escalade. « Nous avons peur d’un nouveau siège ou d’une guerre civile entre Tigréens », confie Mehari Gebremariam, un fonctionnaire d’Adigrat.

Les relations entre l’Éthiopie et l’Érythrée, toujours instables, ajoutent à l’incertitude. Malgré un accord de paix signé en 2018, les tensions persistent. Fin février, Asmara a accusé Addis-Abeba de mener une campagne de dénigrement, ravivant les craintes d’un conflit régional. « Une guerre dans ces conditions serait intenable », déplore Solomon Hagos, rappelant que la population est épuisée et l’économie en ruines.

Face à cette situation, les Tigréens se sentent pris en otage par des forces qui les dépassent. Les scènes de panique devant les banques et les préparatifs frénétiques pour affronter une éventuelle crise témoignent d’une population traumatisée, qui espère éviter un nouveau cauchemar.

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