Monde
Yémen: 26 morts dans des explosions à l’arrivée du gouvernement d’union à Aden
Des explosions ont fait au moins 26 morts et plus de 50 blessés mercredi à l’aéroport d’Aden, la capitale provisoire du Yémen en guerre où venait d’arriver le nouveau gouvernement d’union, dont un ministre a accusé les rebelles Houthis d’être derrière cette attaque.
« Ces actes terroristes (…) ne décourageront pas le gouvernement légitime d’exercer ses devoirs », a lancé le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, sans désigner de responsable, selon l’agence de presse officielle Saba.
Mais le ministre des Affaires étrangères Ahmed ben Moubarak a lui accusé les Houthis, des rebelles yéménites soutenus par l’Iran qui ont déferlé sur la capitale Sanaa en septembre 2014 et se sont emparés de vastes régions du pays, déclenchant une guerre meurtrière.
« Sur la base de toutes les informations actuelles », l’attaque « criminelle » ciblant le gouvernement a été « perpétrée par les Houthis », a-t-il dit sur Twitter.
Selon un correspondant de l’AFP, au moins deux explosions se sont produites lorsque l’avion qui transportait le gouvernement a atterri et que les responsables ont commencé à sortir de l’appareil.
Des sources médicales ont fait état à l’AFP d’au moins 26 morts et de plus de 50 blessés dans un nouveau bilan.
Des bruits d’explosions et des coups de feu ont retenti avant qu’une épaisse fumée noire ne jaillisse d’un bâtiment de l’aéroport tandis que des débris étaient projetés alentour, suscitant la panique parmi les personnes présentes, selon des images diffusées par la chaîne de télévision saoudienne Al-Hadath.
Appel à une enquête
Des civils, des vigiles et des responsables locaux figurent parmi les victimes mais tous les membres du gouvernement « vont bien », a indiqué à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Rajeh Badi, qui a appelé à une « enquête internationale ».
Le Comité international de la Croix-Rouge a indiqué que l’un de ses employés avait été tué et que trois autres avaient été blessés.
« Le peuple yéménite a subi de terribles souffrances ces cinq dernières années. Une journée telle qu’aujourd’hui ne fait qu’ajouter de la peine », a déclaré le directeur des opération de la Croix-Rouge, Dominik Stillhart.
L’avion arrivait en provenance de Ryad où le gouvernement yéménite s’était exilé après la prise de Sanaa par les rebelles. Aden –grande ville du Sud– était devenue la capitale temporaire.
Le front anti-Houthis rassemblant les forces progouvernementales et les séparatistes du Sud –indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990– a reçu l’appui à partir de mars 2015 d’une coalition menée par l’Arabie saoudite, mais s’est fissuré ces dernières années.
Pour resserrer les rangs, Ryad a négocié un accord de partage du pouvoir dans le Sud et tentait depuis plus d’un an de former un nouveau gouvernement d’union afin de maintenir l’unité de la coalition face aux Houthis, sur le point de prendre le contrôle de Marib, dernier bastion du gouvernement dans le Nord.
Un gouvernement d’union a été formé le 18 décembre, sous l’égide de l’Arabie saoudite.
Dans un tweet, l’ambassadeur saoudien Mohammed Al Jaber a dénoncé une « attaque terroriste lâche visant le peuple yéménite ».
Autre explosion
Les Emirats arabes unis, autre pilier de la coalition dirigée par Ryad et vus comme un soutien des séparatistes, ont estimé que l’attaque était un « plan visant à saper les chances d’établir sécurité et stabilité au Yémen ».
Mercredi soir, une autre explosion a eu lieu près du palais présidentiel à Aden, où le gouvernement est basé, selon une source de sécurité qui n’a pas fait état de blessés. Selon la coalition, « un drone des Houthis a essayé de viser le palais mais a été détruit ».
Les rebelles Houthis, mais aussi les groupes jihadistes Al-Qaïda et Etat islamique, ont par le passé mené des attaques visant le gouvernement yéménite et ses partisans.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a condamné une « attaque déplorable », adressant ses condoléances aux familles des victimes et au gouvernement yéménite, a indiqué dans un communiqué son porte-parole adjoint Farhan Haq.
C’est « un rappel tragique de l’importance de remettre d’urgence le Yémen sur la voie de la paix », a noté de son côté sur Twitter l’émissaire des Nations unies au Yémen, Martin Griffiths.
« L’Union européenne condamne fermement l’attaque », a déclaré un porte-parole, qualifiant l’acte d' »inacceptable », tout en rappelant sa volonté de « préserver la souveraineté, l’indépendance, la stabilité et l’unité territoriale » du Yémen.
La France a de son côté condamné « avec la plus grande fermeté » l’attaque, ajoutant continuer sa « mobilisation pour mettre un terme au conflit » dans le pays.
La guerre au Yémen a plongé ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, dans la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, avec une population au bord de la famine et menacée par les épidémies.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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