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Une vie ordinaire au cœur de l’horreur

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Le procès de Carole Sun, une Française revenue de Syrie, met en lumière le parcours d’une femme décrite comme banale, dont l’existence a pourtant croisé les figures les plus violentes de l’organisation État islamique.

Née en région parisienne il y a trente ans, l’accusée comparaît depuis mardi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Elle est jugée pour des faits liés à une entreprise terroriste. Face à ses juges, elle se présente comme une personne ordinaire, dont la vie a été mouvementée et difficile. Cette description contraste avec le portrait dressé par les services de renseignement, qui dépeignent un entourage marqué par une extrême violence au sein de la zone irako-syrienne.

Son parcours personnel est émaillé d’épreuves précoces. À l’adolescence, elle subit une agression sexuelle. Peu après, elle fugue et se retrouve sous l’emprise d’un proxénète qui la contraint à la prostitution. C’est en ligne, vers 2012, que ses premières convictions radicales se forgent. Pour cette jeune femme dont la mère est catholique, l’islam rigoriste apparaît alors comme une forme de purification face à des traumatismes, notamment l’absence de son père.

Ses fréquentations deviennent un indicateur de son engagement. Elle entretient notamment une relation avec Nassim Tache, une figure liée à des réseaux de recrutement et proche du prédicateur Abdelhakim Sefrioui. Elle quitte la France pour la Syrie en juillet 2014, quelques jours après la proclamation du califat par l’organisation État islamique. Un expert psychologue a évoqué devant la cour un départ visant à combler un vide intérieur, plutôt qu’à concrétiser une idéologie très structurée.

Sur place, son existence s’ancre dans un milieu décrit par les enquêteurs comme particulièrement brutal et criminel. Son premier mariage religieux est scellé dès son arrivée avec un Français, Salahedidine Guitone, présenté comme un propagandiste aux méthodes sanguinaires. Ce dernier évoluait au sein de la katiba al-Battar, une brigade de combattants étrangers considérée comme un vivier pour des cellules terroristes, dont certaines impliquées dans les attaques du 13 novembre 2015. Il meurt au combat peu après leur union.

Son frère aîné, Charly Sun, était quant à lui membre de la police islamique chargée de la sécurité d’une ville, selon un document saisi sur zone. Les renseignements français attribuent à son unité des actes d’une extrême violence. Son second mari, un Palestinien de Gaza épousé en 2015, appartenait à l’Amni, la branche de l’EI dédiée à la sécurité intérieure et au renseignement, intégrant lui aussi une katiba réputée pour sa cruauté.

Arrêtée en décembre 2017 par des forces kurdes alors qu’elle se trouvait dans un convoi, l’accusée affirme avoir tenté de fuir l’organisation. Les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure estiment pour leur part qu’il s’agissait d’une manœuvre de relocalisation de membres par l’EI. Son audition se poursuivra jusqu’à la fin des débats, prévus jeudi.

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