Le texte élargit les pouvoirs des agents de sûreté et pérennise le port de caméras-piétons, suscitant des critiques sur les libertés publiques.
Le Parlement a définitivement adopté mardi une loi visant à renforcer la sécurité dans les transports, un texte porté par le ministre des Transports Philippe Tabarot. Ce dernier a salué une avancée majeure pour les professionnels du secteur, bien que certaines dispositions aient été vivement critiquées par les partis de gauche. Le texte a été voté par 303 voix contre 135 à l’Assemblée nationale, avec le soutien de la majorité présidentielle, du Rassemblement National et d’une partie des députés indépendants.
Parmi les mesures phares, la loi élargit les prérogatives des agents de sûreté ferroviaire (SNCF) et du Groupe de protection et de sécurité des réseaux (RATP). Ces derniers pourront désormais procéder à des palpations sans autorisation préfectorale, intervenir aux abords des gares et saisir des objets jugés dangereux. Le député Les Républicains Ian Boucard a salué cette évolution, estimant qu’il était essentiel de doter les agents des moyens nécessaires pour assurer la sécurité des usagers. À l’inverse, la gauche a dénoncé un empiètement sur les missions régaliennes de l’État, avec des frontières de plus en plus floues entre les agents de sûreté et les forces de l’ordre.
La loi pérennise également le port de caméras-piétons par les contrôleurs, une mesure plébiscitée par les professionnels. Une expérimentation similaire est prévue pour les chauffeurs de bus et de cars. En revanche, certaines dispositions ont suscité des débats houleux, comme la prorogation jusqu’en 2027 de l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA). Ce dispositif, testé lors des Jeux olympiques de Paris 2024, permet à un algorithme d’analyser les images de vidéosurveillance pour détecter des comportements suspects. Les opposants y voient une dérive sécuritaire et une menace pour les libertés individuelles.
D’autres mesures, comme la gradation des amendes pour les bagages oubliés ou l’interdiction d’accès aux transports pour certains individus, ont également été introduites. Cependant, leur application pratique, notamment dans le réseau francilien, reste incertaine. Le député macroniste Guillaume Gouffier Valente, rapporteur du texte, a reconnu certaines limites, tandis que des voix critiques, comme celle du socialiste Roger Vicot, ont dénoncé une « logique répressive ».
Enfin, l’association La Quadrature du net a vivement critiqué la méthode gouvernementale, accusant l’exécutif de violer ses promesses d’évaluation et de favoriser une société de surveillance. La députée insoumise Elisa Martin a quant à elle dénoncé une « France surveillée, punie et contrôlée », en vain, sa motion de rejet ayant été largement rejetée. Malgré les polémiques, le ministre Tabarot a appelé à une mise en œuvre rapide de la loi, marquant une nouvelle étape dans la sécurisation des transports publics.