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Meta devant la justice kényane : accusé d’avoir alimenté la haine pendant la guerre du Tigré

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Le géant des réseaux sociaux devra répondre de son rôle dans la propagation de contenus violents lors du conflit éthiopien, après une décision historique de la justice kényane.

La Haute Cour de Nairobi a confirmé sa compétence pour juger Meta, accusé d’avoir laissé proliférer des messages incitant à la violence pendant la guerre du Tigré en Éthiopie. Deux ressortissants éthiopiens et une ONG locale, l’institut Katiba, reprochent à Facebook d’avoir amplifié des discours haineux ayant contribué aux atrocités commises entre 2020 et 2022, un conflit qui a fait plus de 600 000 morts.

Parmi les plaignants, Abrham Meareg affirme que son père, universitaire, a été assassiné après la diffusion sur Facebook de posts le désignant comme un sympathisant rebelle, avec ses coordonnées personnelles. Fisseha Tekle, chercheur pour Amnesty International, dénonce quant à lui les menaces subies en raison de son travail. Meta avait tenté d’écarter la juridiction kényane, arguant que seul un tribunal américain pouvait trancher. Mais la cour a rejeté cet argument, soulignant que les modérateurs de contenus opéraient depuis le Kenya à l’époque des faits.

Cette affaire pose une question cruciale : jusqu’où les plateformes numériques peuvent-elles être tenues responsables des violations des droits humains facilitées par leurs algorithmes ? Le tribunal a qualifié ce débat d’enjeu majeur pour la protection des libertés fondamentales à l’ère du numérique. Meta a immédiatement fait appel, tout en refusant de commenter l’affaire.

Les victimes et les organisations de défense des droits saluent une décision historique. « Les vies africaines comptent », a déclaré Abrham Meareg, dénonçant l’attitude de Meta. Amnesty International y voit un pas vers la fin de l’impunité des géants technologiques dans les pays du Sud. L’ONG rappelle que Facebook avait déjà été mis en cause pour son rôle dans les persécutions des Rohingyas en Birmanie.

Cette procédure s’ajoute à d’autres contentieux visant Meta au Kenya, où d’anciens modérateurs contestent leurs conditions de travail. Pour les observateurs, le verdict pourrait marquer un tournant dans la régulation des réseaux sociaux en Afrique, où leur influence reste souvent sans contrôle.

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