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Mérignac, le drame d’une femme condamnée à vivre dans la peur

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Chahinez Daoud pressentait son destin tragique. Son procès révèle des années de terreur et de violences conjugales.

Le procès du féminicide de Chahinez Daoud, brûlée vive en 2021 à Mérignac, met en lumière l’effroyable réalité d’une vie sous emprise. Ses proches ont décrit mercredi une femme consciente de son sort, hantée par la certitude que son ex-mari finirait par la tuer. « Elle répétait souvent qu’elle ne survivrait pas, même si elle tenait encore un an ou deux », a témoigné une amie proche, la voix tremblante.

Originaire d’Algérie, Chahinez travaillait dans la petite enfance et tentait de construire une existence pour elle et ses trois enfants. Mais son quotidien était rongé par la peur. Mounir Boutaa, son époux de 2015 à sa mort, la surveillait sans relâche, fouillant son téléphone, détruisant ses documents et l’accusant sans cesse d’infidélité. « Il la considérait comme sa propriété. Même un chat sur ses genoux le rendait fou de jalousie », a raconté une autre amie.

Les témoignages se succèdent, dépeignant un homme violent, alcoolique et obsédé par le contrôle. Lorsqu’il a été incarcéré quelques mois en 2020 pour violences conjugales, Chahinez a enfin respiré. « Elle était redevenue elle-même, apaisée », a souligné une connaissance. Mais cette accalmie fut de courte durée.

Dans le box, Mounir Boutaa, 48 ans, écoute sans émotion apparente. Seules les dépositions de ses enfants, issus d’une précédente union, ont provoqué chez lui quelques larmes. Son passé violent ressurgit à travers les récits de son ex-épouse et de sa belle-fille, qui évoquent gifles, étranglements et menaces de mort. « Il m’a dit un jour que j’avais eu de la chance d’être la mère de ses enfants, sinon il m’aurait tuée », a confié sa première compagne.

Son frère a tenté, maladroitement, d’expliquer l’inexplicable en évoquant leur enfance en Algérie, marquée par la guerre civile. « Ceux qui ont grandi dans cette violence en portent les séquelles », a-t-il murmuré, avant de présenter des excuses au nom de sa famille.

Le procès se poursuit, révélant peu à peu l’horreur d’un système où la peur et la domination ont eu raison d’une vie. Chahinez, elle, savait depuis longtemps qu’elle n’y échapperait pas.

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