Les trésors historiques de l’île subissent les conséquences du cyclone, avec des dégâts majeurs sur les monuments et les collections muséales.
Le Musée de Mayotte, situé à Dzaoudzi, ressemble désormais à un entrepôt improvisé. Instruments de musique, modèles de pirogues traditionnelles et vestiges archéologiques s’entassent dans les bureaux, faute d’espace sécurisé. Les équipes doivent composer avec cette cohabitation forcée depuis que le cyclone Chido a frappé l’archipel en décembre dernier, endommageant gravement les infrastructures culturelles.
La caserne coloniale, qui abritait les collections du musée, a perdu son toit sous la violence des vents. Seuls quelques objets, comme un minbar et un crâne de cachalot, ont pu être sauvés des inondations. Les infiltrations d’eau menacent désormais la conservation des pièces, malgré les efforts déployés pour les sécher et les traiter contre les moisissures. Près de 30 % des collections archéologiques auraient subi des dommages irréversibles.
Parmi les sites historiques les plus touchés figure l’ancienne résidence du gouverneur, un édifice du XIXe siècle aujourd’hui délabré, dont la toiture et les persiennes ont été arrachées. Un projet de rénovation, porté par la Fondation du patrimoine, visait à en faire une extension du musée, mais les diagnostics doivent être revus après la catastrophe.
Les usines sucrières du XIXe siècle, témoins de l’histoire industrielle de Mayotte, n’ont pas été épargnées. Certaines, comme celles de Soulou et d’Hajangoua, présentent des effondrements partiels, rendant leur accès dangereux. L’objectif n’est pas de les reconstruire intégralement, mais de les stabiliser pour en faire des lieux de mémoire accessibles au public.
Face à l’urgence, un fonds spécial d’un million d’euros a été lancé pour financer la restauration des sites prioritaires, dont la mosquée de Tsingoni, la plus ancienne de France encore en activité. Parallèlement, les autorités étudient la possibilité d’accélérer les procédures de réhabilitation.
Ironie du sort, le cyclone a aussi révélé des vestiges enfouis, comme des sépultures découvertes sur un îlot près de Mamoudzou. Un appel à témoins a été lancé pour recenser d’éventuelles trouvailles archéologiques liées aux intempéries.
Alors que Mayotte se relève difficilement de cette catastrophe, la préservation de son patrimoine culturel reste un défi de taille, nécessitant des moyens humains et financiers conséquents pour éviter que des pans entiers de son histoire ne disparaissent à jamais.