Politique
Politique : Macron face à une France fracturée et au combat des législatives
Emmanuel Macron entame lundi un second quinquennat fort d’une victoire face à l’extrême droite au score historique, mais va devoir composer avec une France fracturée et des opposants déjà sur le pied de guerre à sept semaines des législatives.
« Sur le fond, on veut aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort sur un certain nombre d’enjeux », pouvoir d’achat et climat en tête, a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur BFMTV et RMC.
Mais à l’aune des résultats de dimanche, il faut « inventer une méthode nouvelle », associant les Français « beaucoup plus largement et beaucoup plus directement », a-t-il reconnu, confirmant la promesse d’Emmanuel Macron, dimanche au Champ-de-Mars, d’une « méthode refondée » pour être « le président de tous ».
Avec 58,55% des voix face à la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, Emmanuel Macron a certes signé dimanche un exploit en étant le premier président sortant à être réélu hors cohabitation depuis l’instauration du vote au suffrage universel direct en 1962. Il a toutefois perdu deux millions de voix entre les seconds tours de 2017 et 2022 (18,7 millions dimanche, contre 20,7 millions il y a cinq ans, selon le ministère de l’Intérieur).
De son côté, le RN, qui a gagné près de huit points en cinq ans, fait également un score historique (41,45%). L’abstention (28%) a elle atteint un record depuis la présidentielle de 1969 (31%).
« J’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir », a assuré le chef de l’Etat à ceux ayant voté pour lui « non pour soutenir (ses) idées » mais « pour faire barrage à celles de l’extrême droite ».
« Il a dit qu’il allait changer, qu’il allait y avoir un renouvellement dans sa politique, et c’est ce qu’on attend », soulignait à Bordeaux lundi matin Salim Boutaleb, 33 ans, éducateur en protection de l’enfance.
Il faut « répondre au message de colère, d’inquiétude, de millions de Français qui disent +je ne m’en sors pas+ », a affirmé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur franceinfo, confirmant que le bouclier sur les tarifs du gaz serait « maintenu jusqu’à la fin de l’année 2022 », et que le gouvernement travaillait pour « l’été » à un dispositif d’aide ciblant les gros rouleurs.
« Apaiser »
Après un quinquennat marqué par la crise sanitaire du Covid et celle des « gilets jaunes », l’enjeu est grand.
« Il y a cinq ans, il y avait 10 millions de voix d’écart entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Aujourd’hui il n’y en a plus que 5,5 millions », a résumé Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos, sur franceinfo. Et « plus d’un tiers du corps électoral a décidé de ne pas faire de choix. »
La carte des résultats du scrutin de dimanche dessine deux France: d’un côté les grandes métropoles, les classes moyennes supérieures et les retraités ayant voté Macron; de l’autre une France plus populaire, se sentant souvent exclue, particulièrement dans le nord-est et le pourtour méditerranéen, ayant voté Le Pen.
« Emmanuel Macron est conscient de devoir apaiser », a insisté sur RTL Elisabeth Borne, dont le nom circule pour remplacer Jean Castex à Matignon.
Interrogé sur le visage d’un futur gouvernement, Gabriel Attal n’a donné aucune précision, soulignant que les décisions « ne dépendent pas » de lui.
Jean Castex avait annoncé mi-avril qu’il démissionnerait, ainsi que son gouvernement, « dans les jours qui suivent » l’élection. Mais son bail à Matignon pourrait être prolongé de plusieurs jours au moins. Emmanuel Macron a glissé vendredi qu’il envisageait une « semaine de transition ».
« Tambouille politique »
En guise d’état de grâce, c’est le combat des législatives des 12 et 19 juin qui attend désormais le président fraîchement réélu et la majorité. Deux sondages réalisés dimanche ont montré qu’une majorité de Français ne voulait pas que les troupes de M. Macron remportent les législatives (63% selon OpinionWay et 56% selon Ipsos Sopra-Steria).
Marine Le Pen a lancé dès dimanche soir « la bataille », voyant dans son score inédit « une éclatante victoire » et la manifestation du « souhait » des Français d' »un contre-pouvoir fort à Emmanuel Macron ».
Le RN, dont Marine Le Pen ne devrait pas redevenir présidente selon son porte-parole Sébastien Chenu, compte six députés seulement dans la législature qui s’achève.
L’enjeu sera pour lui de dépasser le statut d’un parti contestataire qui, comme l’avance le politologue Jean-Yves Camus, « recueille un pourcentage considérable de voix, infuse dans la société, mais n’arrivera jamais au pouvoir parce qu’il n’a pas d’alliés ».
Eric Zemmour, le candidat Reconquête! du premier tour (7% des voix), a encore appelé dimanche soir « le bloc national » à « s’unir » pour concrétiser une « union des droites », relevant, cinglant, que c’est « la huitième fois que la défaite frappe le nom de Le Pen ».
Mais Sébastien Chenu a une nouvelle fois opposé une fin de non-recevoir: « on ne va pas se lancer dans des alliances sur des théories qui ne sont pas les nôtres (…), ce n’est pas de la tambouille politique qu’attendent les Français », a-t-il souligné sur BFMTV et RMC.
Les critiques se concentrent aussi sur Jean-Luc Mélenchon, le candidat de LFI qui, fort de sa place de troisième au premier tour avec près de 22% des voix, exhorte les Français à l' »élire Premier ministre » lors de législatives qui constitueront selon lui un « troisième tour ».
« Pour Jean-Luc Mélenchon une élection qu’il ne gagne pas est une élection qui n’existe pas », a critiqué Gabriel Attal. « Personne ne croit à l’idée d’un Jean-Luc Mélenchon Premier ministre », même s' »il a le droit d’imaginer qu’il est le centre de la vie politique », a raillé Sébastien Chenu.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
Politique
Au bord de l’épuisement, plus de huit maires sur dix jugent leur fonction usante pour la santé
L’Association des maires de France dévoile une étude inquiétante : la majorité des maires français sont au bord de l’épuisement, confrontés à des défis de plus en plus pressants.
Selon une enquête récente, l’exercice de la fonction de maire en France s’avère de plus en plus exigeant, au point de devenir préjudiciable pour la santé de ceux qui l’assument. L’étude, soutenue par l’Association des maires de France (AMF), révèle que 83% des maires estiment leur mandat « usant pour la santé ». Ce chiffre est alarmant et soulève des questions sur la soutenabilité de cette charge publique.
Les maires sont exposés à une multitude de pressions : tensions avec les administrés, menaces, agressions, mais aussi un rythme de travail intense. Plus de 65% des maires interrogés ont avoué ressentir « des moments de lassitude » durant leur mandat, tandis que 64% ont été confrontés à « des coups de fatigue ». Un autre aspect préoccupant est la santé mentale : plus de la moitié des maires (51,2%) souffrent de troubles du sommeil, symptomatique d’un stress chronique et d’une surcharge mentale.
L’étude met en lumière une réalité souvent occultée : la charge mentale, plus que la charge physique, pèse lourdement sur les épaules des élus locaux. Plus de 64% des maires se plaignent de penser à « trop de choses à la fois », et 77% considèrent que leur action n’est pas « efficace » face à la multitude de tâches à accomplir. Cette situation est particulièrement aiguë dans les petites communes, où les maires, souvent seuls, doivent prendre des décisions cruciales sans le soutien social nécessaire.
Cependant, malgré ces difficultés, les maires continuent d’éprouver une grande satisfaction dans leur rôle. Une quasi-totalité d’entre eux (99,7%) ressentent qu’ils font « quelque chose d’utile pour les autres » et 98,5% expriment la « fierté du travail bien fait ». Ce paradoxe entre l’épuisement et le sentiment de réalisation souligne l’importance et la complexité de leur mission.
Cette étude interpelle sur la nécessité de revoir les conditions d’exercice du mandat de maire, pour préserver la santé des élus et garantir la qualité de la gouvernance locale. Il est temps de réfléchir à des solutions concrètes pour alléger la charge des maires, afin que leur engagement civique ne se transforme pas en sacrifice personnel.
France
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Malgré son retrait de la scène politique intérieure, Emmanuel Macron enregistre un nouveau recul dans les sondages. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État. Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des « Gilets jaunes ». L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance. Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
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