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Économie

Le pavillon des Îles Cook, un sas discret pour les pétroliers sous sanctions

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_**Des navires transportant des hydrocarbures russes et iraniens contournent les embargos occidentaux en s’immatriculant dans ce micro-État du Pacifique, selon des données officielles.**_

Un bureau discret, voisin d’une pizzeria sur l’île de Rarotonga, sert de siège à Maritime Cook Islands. Cette société privée gère le registre maritime de l’archipel, dont la croissance est l’une des plus dynamiques au monde. Pour des armateurs étrangers, il suffit de s’acquitter de droits pour naviguer sous ce pavillon étoilé, sans avoir jamais foulé le sol polynésien.

Cette facilité d’immatriculation attire des navires aux activités opaques. Des bases de données américaines et britanniques relatives aux sanctions internationales pointent une vingtaine de pétroliers battant pavillon des Îles Cook. Ces bâtiments sont suspectés d’avoir acheminé des cargaisons de pétrole russe et iranien entre 2024 et 2025, en violation des embargos décrétés par les puissances occidentales.

La situation préoccupe Wellington, partenaire historique des Îles Cook. La Nouvelle-Zélande a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude quant à la gestion de ce registre maritime, qualifiant ces révélations d’alarmantes. Bien que jouissant d’une large autonomie, l’archipel reste lié à son ancienne puissance administrante par un accord de libre association, qui laisse à la Nouvelle-Zélande un rôle en matière de politique étrangère.

L’activité génère des revenus substantiels pour le micro-État. Les droits perçus ont été multipliés par plus de cinq en quelques années, représentant une manne financière non négligeable. Toutefois, cette opacité profite à des acteurs habitués à exploiter les failles des registres de petits États insulaires pour contourner les sanctions, une pratique observée de longue date selon des analyses spécialisées.

Un rapport du Parlement européen identifiait déjà les Îles Cook parmi les pavillons de complaisance privilégiés par la « flotte fantôme » transportant du pétrole russe. Des cas concrets illustrent ce phénomène. Des pétroliers immatriculés dans l’archipel ont été impliqués dans des affaires de contrebande au profit de l’armée iranienne dans le golfe Persique. Par ailleurs, l’équipage de l’Eagle S, un pétrolier battant ce pavillon, a récemment fait l’objet de poursuites en Finlande pour des actes de sabotage, avant que la justice locale ne se déclare incompétente, renvoyant la responsabilité à l’État du pavillon.

Les autorités des Îles Cook se défendent de toute complicité. Maritime Cook Islands affirme que son registre n’a jamais accueilli de navires sanctionnés et dispose de systèmes de surveillance efficaces. La société se dit par ailleurs ignorante de tout manquement aux règles internationales. Cette position contraste avec les critiques d’experts, qui soulignent l’absence de mécanisme contraignant pour obliger les États de pavillon à faire respecter leurs obligations, laissant un vide juridique propice aux contournements.

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