L’institution parisienne s’active pour transférer ses collections mythiques, dont le célèbre Mur André Breton, avant des travaux pharaoniques de cinq ans.
Au cœur du Centre Pompidou, une équipe de conservateurs et restaurateurs s’affaire avec une minutie d’horloger. Parmi les pièces les plus complexes à déplacer figure le légendaire Mur André Breton, un assemblage unique de tableaux, masques tribaux et objets insolites ayant appartenu au père du surréalisme. Ce trésor, légué en 2003, nécessite des semaines de préparation avant son transfert vers des lieux d’exposition temporaires.
Sous les néons des ateliers, des spécialistes examinent chaque centimètre des œuvres. À l’aide de pinceaux et de loupes, elles dépoussièrent des statuettes en bois, des colliers de dents de dauphin ou des boîtes de papillons. L’objectif est double : garantir leur intégrité pendant le transport et documenter leur état avant ce périple inédit. « Ces pièces n’ont connu que deux domiciles depuis un siècle », rappelle Aurélie Verdier, conservatrice en chef.
Le chantier relève du défi logistique. Les fragilités des matériaux — fibres végétales, pigments anciens — imposent des emballages sur mesure. Certaines réparations sont effectuées en urgence, comme la consolidation de pendentifs océaniens dont les liens menaçaient de céder. « Une poussière malencontreuse ou un choc pourrait endommager irrémédiablement ces artefacts », souligne Camille Alembik, restauratrice indépendante.
Fermé au public à l’automne 2025, le temple de l’art moderne entamera alors sa mue. Ses 120 000 œuvres voyageront vers des partenaires en région parisienne, comme le futur Centre Pompidou de Massy, et à l’étranger. Une renaissance est prévue pour 2030, avec des espaces repensés et des équipements modernisés. D’ici là, chaque pièce du Mur Breton fera l’objet d’une surveillance accrue, traquant la moindre altération.
Ce ballet méticuleux marque un tournant pour l’institution, dont l’architecture avant-gardiste de Piano et Rogers va subir sa première rénovation d’envergure. Un chantier à la hauteur de son statut de phare culturel européen.