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L’Algérie, terre d’accueil inattendue pour une romancière aux racines coloniales

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Le parcours singulier de Claire Messud, auteure d’un roman sur les pieds-noirs, invite à repenser les frontières mouvantes entre histoire personnelle, littérature et diplomatie culturelle.

L’écrivaine Claire Messud a récemment fait l’expérience d’une forme d’exception algérienne. Alors que son dernier ouvrage, *L’Étrange Tumulte de nos vies*, s’intéresse à l’histoire d’une famille française durant la période coloniale en Algérie, l’auteure a pourtant été invitée à participer au Salon international du livre d’Alger en novembre 2024. Une démarche initiée par l’ambassade des États-Unis, soucieuse à l’époque de promouvoir une culture américaine au-delà des simples productions cinématographiques.

Née avec trois nationalités et élevée entre les États-Unis et l’Australie, Claire Messud puise dans sa propre histoire familiale pour construire ce récit qui suit le destin de pieds-noirs ayant choisi de s’exiler sur le continent américain après l’indépendance de l’Algérie en 1962. Le roman, qui couvre la période de 1953 à 1963, évoque avec une certaine nostalgie le pays sans pour autant aborder frontalement la guerre qui a conduit à son émancipation.

Contre toute attente, sa demande de visa n’a soulevé aucune objection particulière. Les autorités consulaires algériennes à Washington, après un examen sommaire de l’ouvrage, lui ont accordé l’autorisation de se rendre à Alger. Sur place, l’accueil a été des plus chaleureux. L’auteure a pu arpenter les lieux qui ont marqué l’histoire de sa famille, du lycée où son père fut scolarisé à l’ancienne église devenue mosquée où ses grands-parents s’étaient mariés.

Ce contraste est d’autant plus frappant que, dans le même temps, l’éditeur Gallimard se voyait exclu du même salon pour avoir publié un roman traitant de la décennie noire algérienne. De même, l’écrivain Boualem Sansal, arrivé à Alger le jour de la clôture de l’événement, a été immédiatement incarcéré pour des motifs politiques.

Le parcours de Claire Messud illustre ainsi la complexité des relations culturelles et mémorielles entre l’Algérie et ses anciens colonisateurs, où chaque cas semble traité de manière distincte, en fonction de sensibilités politiques et historiques toujours vives. Son roman, aujourd’hui en lice pour le prix du roman Fnac en France, cherche selon elle à transcender les frontières et à parler, au-delà de l’exil des pieds-noirs, de toutes les formes de migration.

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