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Économie

L’administration Trump bouleverse les fondements du libéralisme économique américain

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En multipliant les prises de participation dans des entreprises privées, le gouvernement fédéral s’écarte d’une tradition historique de non-interventionnisme, suscitant des inquiétudes sur l’avenir du modèle économique national.

L’administration Trump opère un virage notable dans la relation entre l’État et le secteur privé. Ces dernières semaines, le gouvernement fédéral a manifesté son intention d’acquérir des parts dans diverses sociétés, à l’image de Lithium Americas, spécialisée dans l’extraction du lithium. Cette démarche s’inscrit dans une série d’interventions similaires, comme l’entrée au capital du géant des semi-conducteurs Intel et de la société minière MP Materials au cours de l’été.

Un précédent significatif a été établi avec l’autorisation de la vente de US Steel à Nippon Steel, accord conditionné à l’obtention par l’État américain d’une action spécifique conférant un droit de veto. La Maison Blanche défend ces initiatives en les présentant comme bénéfiques pour le contribuable, mettant en avant les compétences de négociation du président tout en assurant que la gestion opérationnelle demeure aux mains des entreprises.

Cette nouvelle orientation suscite des réserves parmi les défenseurs du libre marché. Certains experts estiment que ces interventions faussent la concurrence en favorisant les entreprises disposant de relations politiques. Le principe historique aux États-Unis veut que le gouvernement fixe le cadre réglementaire sans s’immiscer directement dans les affaires des sociétés, laissant ces dernières réagir aux mécanismes du marché. Un récent rapport indique d’ailleurs que cette action privilégiée aurait déjà été utilisée pour maintenir en activité une usine de US Steel dans l’Illinois.

Si des prises de participation publiques ont eu lieu par le passé, notamment lors du sauvetage du secteur automobile durant la crise financière de 2008, elles étaient alors considérées comme des mesures exceptionnelles et temporaires. Le consensus bipartisan avait toujours prévalu pour un désengagement étatique une fois la crise surmontée. Des observateurs soulignent que cette pratique contraste fortement avec la philosophie économique suivie par les administrations précédentes, qu’elles soient démocrates ou républicaines.

Au-delà des interventions directes, l’attitude de l’exécutif pourrait influencer les stratégies corporate. Des rumeurs circulent ainsi sur un possible investissement d’Apple dans Intel, suite à une rencontre entre le président et le dirigeant de la firme. Cette situation crée une forme d’incertitude, brouillant la frontière entre décisions économiques rationnelles et volonté de s’aligner sur les attentes du pouvoir. Cette évolution interroge sur la pérennité d’un modèle capitaliste où l’État s’abstenait traditionnellement de désigner les gagnants et les perdants.

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