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Culture

La 2CV slovène, une ode à la douceur automobile

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Dans les collines de Postojna, des milliers d’adeptes de la célèbre Citroën célèbrent un art de vivre délibérément lent.

Plus de trois mille exemplaires de la mythique 2CV se sont donné rendez-vous en Slovénie pour un rassemblement international. Cet événement bisannuel, qui attire des passionnés d’une quarantaine de pays, met à l’honneur une philosophie de conduite loin des impératifs de vitesse et de technologie.

Karmen Uglesic, organisatrice de cette édition, décrit l’expérience unique qu’offre ce véhicule. « Dès que l’on s’installe au volant, le stress disparaît. C’est une invitation à savourer le paysage », explique-t-elle. Employée au Parlement slovène, elle retrouve chaque soir son mari pour des balades sous la capote ouverte, une routine qui incarne l’esprit de cette voiture surnommée autrefois « Spacek » dans les Balkans en raison de son allure singulière.

Parmi les participants, Gabriele Salvoni, un Italien de 55 ans, a parcouru 400 kilomètres à un rythme paisible, ne dépassant jamais les 90 km/h. « C’est un autre monde, loin du bruit et de l’agitation », confie-t-il, une bière à la main, sur l’aérodrome de Postojna transformé en camping éphémère.

En Allemagne, où les autoroutes sans limitation de vitesse glorifient la puissance, la 2CV apparaît comme une douce provocation. Pourtant, Jamie, une jeune artiste hambourgeoise, y voit un symbole de résistance à l’accélération permanente. « Elle reste étonnamment facile à conduire, même aujourd’hui », souligne-t-elle devant son modèle bleu, tandis qu’Aleksandar, un adolescent serbe de 16 ans, se réjouit à l’idée d’en hériter bientôt.

La simplicité mécanique de la 2CV, conçue à l’origine pour être accessible et économique, séduit toujours. Les pièces détachées restent disponibles, et les propriétaires apprécient de pouvoir effectuer eux-mêmes les réparations. Certains poussent l’attachement jusqu’à se faire tatouer l’effigie du véhicule, comme Gabriele Salvoni, qui arbore fièrement deux dessins de 2CV accompagnés des prénoms de ses enfants.

L’imagination des collectionneurs ne connaît pas de limites. Entre les modèles classiques, des versions personnalisées attirent les regards, comme cette 2CV coiffée d’un canard géant ou une limousine allongée, défiant les conventions avec humour. « Pour beaucoup, cette voiture est une toile blanche où s’exprime leur créativité », observe Karmen Uglesic.

Dans un monde obsédé par la performance, ce rassemblement rappelle que la route peut aussi se parcourir autrement. Loin des tableaux de bord surchargés, la 2CV incarne une certaine idée de la liberté, où le voyage compte autant que la destination.

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