Les États-Unis au bord d’une paralysie budgétaire : un vote crucial au Sénat pourrait éviter le « shutdown »
Alors que le pays se prépare à une éventuelle fermeture des services fédéraux, les démocrates sont divisés face à un texte budgétaire controversé.
Le Sénat américain s’apprête à voter ce vendredi sur une proposition budgétaire qui, si elle est rejetée, pourrait plonger l’administration fédérale dans une paralysie totale. Bien que la menace d’un « shutdown » se soit atténuée après le revirement du chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, les tensions restent vives. Ce dernier, après avoir initialement exprimé son opposition, a finalement annoncé qu’il soutiendrait le texte, invoquant les risques d’une paralysie gouvernementale. « Permettre à Donald Trump de renforcer son pouvoir grâce à un ‘shutdown’ serait une option bien pire », a-t-il déclaré, soulignant les conséquences désastreuses d’une telle situation pour les services publics essentiels.
Le projet de loi, déjà approuvé par la Chambre des représentants à majorité républicaine, vise à prolonger le financement de l’État fédéral jusqu’en septembre. Ce délai permettrait de négocier un budget annuel plus complet, incluant notamment des fonds pour les promesses de campagne de Donald Trump, comme son programme d’expulsion des migrants. Sans accord avant minuit, des centaines de milliers de fonctionnaires pourraient être mis au chômage technique, le trafic aérien serait perturbé, et les aides alimentaires risqueraient d’être retardées. Une perspective impopulaire que les deux partis cherchent à éviter.
Cependant, le soutien de Chuck Schumer a suscité des réactions mitigées au sein du parti démocrate. Des manifestants se sont rassemblés devant son domicile à New York pour protester contre sa décision, tandis que des figures de proue comme Nancy Pelosi ont dénoncé un « faux choix » entre un « shutdown » et un texte budgétaire jugé néfaste pour les familles américaines. John Fetterman, un autre sénateur démocrate, a également exprimé son désaccord avec plusieurs aspects du projet, tout en reconnaissant la nécessité de voter en sa faveur pour éviter une paralysie gouvernementale.
Du côté républicain, Donald Trump a salué la décision de Schumer, la qualifiant de « judicieuse et intelligente ». Le président a par ailleurs rejeté la responsabilité d’un éventuel « shutdown » sur les démocrates, affirmant que toute paralysie serait de leur faute. Pourtant, malgré leur majorité au Sénat, les républicains ont besoin du soutien de plusieurs démocrates pour atteindre la majorité des 60 voix requises pour l’adoption du texte.
Le projet de loi propose une augmentation de 6 milliards de dollars pour le budget de la défense, mais il prévoit également des réductions de 13 milliards dans d’autres domaines. Ces coupes sont vivement critiquées par les démocrates, qui dénoncent également les licenciements massifs de fonctionnaires orchestrés par Elon Musk, avec le soutien de Trump, dans le cadre de sa commission sur l’efficacité gouvernementale. Depuis son retour à la Maison Blanche, le milliardaire s’est attaqué à plusieurs agences fédérales, accusées de mauvaise gestion ou de gaspillage.
Les démocrates redoutent qu’un financement temporaire, plutôt qu’annuel, ne limite le pouvoir du Congrès dans l’élaboration du budget, donnant ainsi plus de latitude à l’exécutif pour décider des priorités. Rosa DeLauro, élue démocrate, a qualifié le texte de « chèque en blanc à Elon Musk », tandis que Mark Warner, sénateur modéré, a annoncé qu’il voterait contre, refusant de « donner les clés à Trump et Musk sans contrainte ».
Alors que le pays retient son souffle, ce vote pourrait déterminer l’avenir des services publics américains et marquer un tournant dans les relations entre les deux partis.