Monde
« Ils n’ont fait de mal à personne »: le cauchemar des parents d’enfants kidnappés au Nigeria
Judith a 14 ans, elle chante dans la chorale de son église, rêve de devenir avocate et durant son temps libre elle aime coiffer les cheveux de ses voisines.
Sophie a un an de moins, mais elle sait déjà que plus tard elle sera ingénieure mécanique, même si ses parents préféraient qu’elle devienne infirmière.
Il y a presque deux semaines, ces deux jeunes filles ont été enlevées au côté de 119 autres de leurs camarades dans leur lycée du nord-ouest du Nigeria.
Le 5 juillet dernier, des hommes armés ont envahi dans la nuit les dortoirs du lycée baptiste Bethel, situé à Chikun dans l’Etat de Kaduna, avant de kidnapper ses pensionnaires âgés entre 10 et 19 ans.
Cette attaque est la dernière d’une série d’enlèvements de masse d’enfants et d’étudiants commis dans le nord-ouest du Nigeria par des groupes armés criminels.
Les enlèvements de voyageurs sur les routes ou de personnalités influentes contre le paiement d’une rançon sont fréquents dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
Les islamistes de Boko Haram s’étaient livrés aux premiers rapts dans des écoles, avec l’enlèvement de plus de 200 jeunes filles dans leur dortoir de Chibok en 2014, suscitant l’émoi de l’opinion publique mondiale.
Mais les enlèvements d’écoliers se sont tragiquement multipliés depuis, en particulier cette année, où près de 1.000 jeunes gens ont été kidnappés depuis décembre. La plupart ont été libérés après des négociations mais beaucoup d’entre-eux restent entre les mains de leurs ravisseurs, des criminels organisés.
« Je suis une mère et je voudrais que personne ne prenne mon enfant ne serait-ce qu’une journée. Alors imaginez le traumatisme », confie la mère de Judith, Hassana Ayuba. « Les enfants sont sans défense, ils n’ont fait de mal à personne ».
Marcher dans la brousse
L’attaque a dévasté les parents de ce lycée chrétien, qui y attendent désespérément le retour de leurs enfants en priant chaque jour de longues heures et en organisant des veillées.
Au milieu de la cour de l’école, les chaussures et les tongs des enfants ont été rassemblé en un tas.
C’est là que Wobia Jibrailu Ibrahim, le père d’une des jeunes filles enlevées, passe désormais le plus clair de son temps.
« Quand mon téléphone a sonné ce soir-là à 01H00 du matin, j’ai d’abord cru à une plaisanterie », raconte-t-il.
« Comment ces personnes peuvent-elles faire marcher nos enfants comme ça dans la brousse », enrage-t-il.
Les écoliers dormaient dans les dortoirs lorsque les hommes lourdement armés ont maitrisé les gardes de sécurité et sont entrés dans l’enceinte du lycée en ouvrant le feu au hasard.
Comme dans la plupart des dernières attaques, les ravisseurs ont agi la nuit, et forcé les enfants à les suivre à pied dans l’obscurité jusque dans les forêts avoisinantes.
En début de matinée, les parents de Bethel se sont précipités à l’école.
Traumatisme
Les forces de sécurité, parties à leur recherche, ont pu secourir 25 élèves et une enseignante, a affirmé la police.
Mais plus de 120 lycéens sont toujours retenus par les ravisseurs, qui ont pris contact avec la communauté pour demander le paiement d’une rançon, a affirmé à l’AFP le révérend Joseph Hayab.
« Il est impossible pour nous de recueillir une telle somme, même en 50 ans », dit le révérend sans préciser le montant demandé.
Son fils, Sunday Hayab, a réussi à s’échapper, même si il s’est retrouvé face à face avec un homme armé dans l’un des dortoirs.
« Pouvez-vous imaginer le traumatisme. Comment ces enfants vont réussir à retourner à l’école ? ».
Les autorités de l’école ont envoyé aux ravisseurs du riz, des haricots et de l’huile afin de nourrir les écoliers, qui dorment dans la brousse.
« Lorsqu’il pleut, j’imagine la pluie qui tombe sur leurs têtes », confie Mme Ayuba, la mère de Judith.
« Regardez-moi, j’ai froid, j’ai une couverture pour me réchauffer. Pensez-vous que ma fille en a une ? » lance-t-elle désespérée.
Non aux négociations
Le président nigérian Muhammadu Buhari a ordonné aux forces de sécurité de tout faire pour libérer les enfants mais le chef de l’Etat est fortement décrié alors que la situation sécuritaire du pays ne cesse de se dégrader.
Des bandes criminelles, qui comprennent parfois plusieurs centaines de membres, terrorisent depuis longtemps certaines parties du nord-ouest et du centre du Nigeria, pillant les villages et volant le bétail.
Certains gouverneurs locaux ont tenté de négocier avec ces groupes, leur offrant une amnistie en échange de leurs armes. Mais la plupart des accords ont échoué.
Le gouverneur de l’État de Kaduna, Nasir Ahmad El-Rufai, a toujours refusé de payer des rançons, pour éviter d’encourager ces bandes à commettre toujours plus d’enlèvements.
Sa position provoque la colère et l’incompréhension des familles du lycée de Bethel.
« Le gouvernement a promis de protéger nos vies et nos biens, peut-être pouvons-nous dire qu’il nous a laissé tomber », affirme M. Ibrahim, qui passe toutes ces journées dans la cour de l’école.
« Je ne suis pas retournée à la maison depuis, si je dois y retourner, j’y retournerai avec ma fille ».
Europe
Arrestation du fils de la princesse de Norvège soupçonné de viol
Les forces de l’ordre norvégiennes ont procédé à l’arrestation de Marius Borg Høiby, 27 ans, suspecté d’agression sexuelle. Les détails de l’affaire commencent à émerger.
Lundi soir, les autorités norvégiennes ont mis sous les verrous Marius Borg Høiby, fils de la princesse héritière Mette-Marit, dans le cadre d’une enquête pour viol. Le jeune homme de 27 ans est accusé d’avoir eu un rapport sexuel avec une personne incapable de donner son consentement, selon les déclarations de la police. Cet incident est décrit comme un acte sexuel sans pénétration, où la victime était dans un état d’inconscience ou de faiblesse l’empêchant de s’opposer.
Les investigations ont rapidement progressé. Une perquisition a été menée au domicile de Høiby, où des éléments matériels ont été saisis. Cette arrestation fait suite à une précédente interpellation en août, lors d’une altercation nocturne à Oslo, où Høiby était accusé de violences domestiques. À cette occasion, un couteau avait été découvert planté dans un mur de la chambre de la femme impliquée, avec laquelle il entretenait une relation.
La situation s’est encore compliquée en septembre, lorsque Høiby a été arrêté pour avoir enfreint une ordonnance de protection. La police a révélé qu’au moment de son arrestation lundi, il se trouvait en compagnie de la même femme qui avait été impliquée dans l’incident d’août. Les charges contre lui se sont élargies pour inclure des accusations de violences domestiques.
Marius Borg Høiby, né d’une relation antérieure de Mette-Marit avant son mariage avec le prince héritier Haakon, n’a pas de rôle officiel au sein de la famille royale, contrairement à ses demi-frères et sœurs, la princesse Ingrid Alexandra et le prince Sverre Magnus. La police n’a pas encore décidé si Høiby serait placé en détention provisoire, laissant l’avenir judiciaire du jeune homme en suspens.
Cet événement soulève des questions sur les dynamiques familiales au sein de la royauté norvégienne et sur la manière dont la justice traite les affaires impliquant des personnalités publiques. La Norvège, connue pour son système judiciaire transparent et équitable, devra naviguer avec soin dans cette affaire délicate, assurant à la fois la protection des droits de la victime et le respect des procédures légales.
Europe
Russie : Vladimir Poutine signe un décret permettant un recours plus large à l’arme nucléaire
Face à la montée des tensions avec l’Occident, Vladimir Poutine a modifié la doctrine nucléaire russe, permettant un recours plus large à l’arsenal atomique en cas de menaces jugées sérieuses.
L’annonce de la signature par le président russe Vladimir Poutine d’un décret élargissant les conditions d’emploi des armes nucléaires marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions internationales. Ce décret intervient après que les États-Unis ont permis à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, signalant une évolution stratégique dans le conflit.
Le document, signé le 19 novembre, modifie substantiellement la politique nucléaire russe. Désormais, toute attaque contre la Russie par un État non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, sera considérée comme une agression conjointe. Cette révision reflète une adaptation de la Russie à ce qu’elle perçoit comme des menaces croissantes à sa sécurité, selon les dires du Kremlin. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a justifié cette mesure en expliquant qu’il était impératif de réajuster les fondements de la doctrine nucléaire face aux défis actuels.
Cette décision intervient à un moment où les relations entre la Russie et l’Occident sont particulièrement tendues. Fin septembre, Poutine avait déjà fait état de sa volonté d’utiliser l’arme nucléaire en réponse à une attaque aérienne massive contre le territoire russe, une menace qui a été réitérée par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, indiquant que la réponse de la Russie serait proportionnée et décisive.
La Russie accuse également l’Ukraine d’avoir utilisé des missiles de longue portée fournis par les États-Unis pour frapper la région de Briansk. Selon les informations relayées par le ministère russe de la Défense, six missiles ATACM ont été lancés, dont cinq ont été interceptés par la défense antiaérienne russe. Les débris auraient causé des dommages mineurs à un site militaire, attisant encore la tension dans la région.
Cette escalade dans la rhétorique et les actions nucléaires soulève des inquiétudes quant à une possible intensification du conflit, déjà marqué par des échanges de prisonniers et des accusations réciproques d’agressions. La signature de ce décret par Poutine pourrait être interprétée comme une tentative de dissuasion, mais aussi comme une manifestation de l’intention de la Russie de protéger ses intérêts par tous les moyens, y compris les plus extrêmes.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
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