Crise diplomatique majeure : les États-Unis expulsent l’ambassadeur sud-africain, les relations bilatérales au bord de la rupture
_La tension entre Washington et Pretoria atteint un niveau critique après l’expulsion de l’ambassadeur sud-africain aux États-Unis, Ebrahim Rasool, déclaré « persona non grata ». Cet acte marque un nouveau point bas dans des relations déjà fortement dégradées._
Les États-Unis ont donné 72 heures à Ebrahim Rasool pour quitter le territoire américain, selon un communiqué officiel du porte-parole des Affaires étrangères sud-africaines, Chrispin Phiri. Cette décision intervient après des accusations virulentes du secrétaire d’État américain, Marco Rubio, qui a qualifié l’ambassadeur de « politicien raciste anti-américain » sur les réseaux sociaux. Cette escalade verbale s’inscrit dans un contexte de relations tendues depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, influencé par des figures comme Elon Musk, originaire d’Afrique du Sud.
Les experts soulignent que les relations entre les deux pays n’ont jamais été aussi mauvaises. Tendai Mbanje, chercheur au Centre africain pour la gouvernance, explique que la détérioration s’est accélérée ces deux derniers mois, avec des conséquences imprévisibles. L’expulsion de Rasool a notamment compromis des discussions stratégiques prévues avec la Maison Blanche, mettant en péril des avancées diplomatiques cruciales pour Pretoria, notamment dans le cadre de l’AGOA, un accord commercial clé pour les exportations sud-africaines vers les États-Unis.
Les tensions ont été exacerbées par des déclarations incendiaires de Donald Trump, qui a critiqué la politique sud-africaine en matière de redistribution des terres, accusant le gouvernement de maltraiter les Afrikaners, descendants des colons européens. Trump a même promis une voie accélérée vers la citoyenneté américaine pour les fermiers sud-africains, alimentant un climat de méfiance mutuelle. Ces accusations interviennent alors que les Blancs possèdent encore 72 % des terres agricoles en Afrique du Sud, un héritage de l’apartheid.
En réponse, le gouvernement sud-africain a qualifié l’expulsion de son ambassadeur de « regrettable » et « sans précédent ». Le ministre des Affaires étrangères, Ronald Lamola, a exprimé son incompréhension face à cette décision, soulignant que des discussions auraient dû avoir lieu avant une telle mesure. Malgré tout, Pretoria reste attachée à maintenir une relation « stratégique et mutuellement bénéfique » avec Washington, bien que certains partis politiques sud-africains, comme l’EFF, aient adopté un ton bien plus critique, comparant Trump à un « grand sorcier d’un Ku Klux Klan mondial ».
Pour l’Afrique du Sud, les enjeux économiques sont colossaux. Les États-Unis sont son premier partenaire commercial, avec des exportations clés dans les secteurs automobile et des métaux précieux. Tendai Mbanje insiste sur la nécessité de poursuivre le dialogue, malgré les tensions, pour préserver ces intérêts vitaux. Cependant, avec une administration américaine prête à sanctionner de manière imprévisible, l’avenir des relations bilatérales reste incertain.