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ÉDITO – Yves Marchand : « Sète d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec Sète que j’ai connue »

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ÉDITO – Yves Marchand : « Sète d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec Sète que j’ai connue »
©VilledeSète

Yves Marchand, l’ancien député-maire de Sète, reconnu pour ses analyses socio-politiques pertinentes, nous livre, dans ce « Spleen d’été », une réflexion approfondie sur les mutations démographiques de la ville de Sète.

Après avoir lu mon texte qui révélait quelques-uns de mes états d’âme à propos de Sète, ma ville d’origine, mon berceau et l’espace de mes projets, Sébastien Denaja, conteur et coauteur de nos « Mythologies »* qui portent bien leur nom, m’avait dit : « Yves, ce que vous décrivez, c’est Sète du passé ». Il avait raison.

Chaque escale que j’y fais – toujours trop courte –me rappelle ce jugement terrible de mon cadet. C’est pourtant vrai. Sète d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec Sète que j’ai connue. Je n’y retrouve rien de ce que j’y ai tant aimé.

Certes j’y retrouve avec plaisir et émotion des amis, de la famille et les bords des canaux qui font l’essence de la ville. Même si certains d’entre eux ont tellement changé qu’on ose à peine s’y promener tant une décoration passe-partout, style nouveau-riche, leur a ôté l’empreinte de l’Histoire. Mais les photos que je découvre tous les jours sur Facebook, prises au petit matin, au coucher du soleil, l’hiver comme l’été révèlent cependant avec une infinie poésie le charme indélébile de nos quais, du bord de mer et de l’étang de Thau.

Ce que je ne retrouve plus, c’est la simplicité d’une famille accueillante. On lui a préféré la mode et le vulgaire d’un décor d’appartement en « vente debout ». L’accueil est au mieux standardisé, au pire indifférent.
La « boboïsation » de la ville a érodé son identité. Sébastien Denaja, pour affiner sa pensée, avait ajouté, sévère : « Sète s’est « Côte d’Azurisée ». Il pensait sans doute davantage à la tendance politique qui se faisait jour qu’à sa transformation économique. Moi pas. C’est pourquoi, sur ce point, je ne suis que partiellement d’accord avec lui.

Sète a certes pris de la Côte d’Azur ce qu’elle avait de pire : le clinquant. Il a raison. Mais en a laissé le meilleur : la dynamique, faute d’avoir eu le courage d’aller au bout de sa démarche touristique en créant un vrai port de plaisance. La Région n’est pas indemne de la responsabilité qu’elle a prise, qu’elle a voulue et de laquelle la ville s’est soustraite. Ce n’est ni le dépit – j’ai la faiblesse de croire avoir réussi ma vie – ni l’envie – rien ne m’empêcherait d’y revenir – ni un quelconque ressentiment – j’en ignore tout – ni même le regret de n’avoir pu mener à bonne fin une entreprise que je considérais comme indispensable – puisqu’il appartenait aux Sétois de choisir et ils l’ont fait – qui m’inspirent ce sentiment.

Pas non plus, comme certains pour se rassurer aimeraient le croire, la présence d’une nouvelle population : une immigration de l’intérieur favorisant une population de retraités, ou une immigration magrébine qui auraient, l’une et l’autre, bousculé les racines sétoises et étouffé la population d’origine. Les retraités sont venus parce qu’ils aimaient cette ville et son site. Ils n’ont pour Sète qu’affection. Et il y a longtemps que la population magrébine est devenue française et s’est assimilée. Ce serait faire porter par d’autres le poids d’une responsabilité qu’aucune d’elles et qu’aucun d’eux n’ont à assumer. Pour autant qu’on la reconnaisse – car je peux me tromper – la responsabilité en incombe à la ville – au sens large – comme toujours. Il serait inconvenant de se défausser sur d’autres.

Ce n’est pas un simple avatar, électoral ou sociologique, qui a créé ce changement, mais quelque chose de plus profond.

Sète n’a plus de moteur. Il y a longtemps que ce n’est plus le port de commerce. Il vivote. Ce n’est plus le port de pêche. Il s’éteint. Et ce ne sera jamais le port de plaisance. Il est mort-né. Sète ne vit que d’artifices, de faux-semblants. Ce ne sont pas des immeubles de location estivale qui lui offriront ce moteur. Il s’essouffle au gré des modes, du climat de l’usure et des habitudes. Et si l’on comptait sur un nouveau quartier dépourvu de lien avec son implantation géographique, constitué de bureaux qui ne pourraient au mieux héberger que des activités tertiaires apportant des bénéfices à des sociétés situées ailleurs en région ou même plus loin, ce serait assurer à la ville un statut subalterne de banlieue.

C’est sans doute ce sentiment, teinté de nostalgie, que m’inspire son tout nouveau costume. Sète n’est pas perdue pour autant. Elle n’est certes plus la même et ne vivra plus jamais de la même manière. Certains diront qu’elle a perdu son âme. D’autres qu’elle s’est modernisée. Elle aura perdu, c’est sûr, sa personnalité si particulière qui faisait son originalité. La question qui se pose consiste seulement à savoir si elle en trouvera une nouvelle. Que ceux qui s’attacheront à répondre à cette question considèrent avant tout que la personnalité d’une ville est issue de son travail, de sa production et de sa liberté. Ce sont ces trois composantes qui créent la nature d’un peuple. Nos ancêtres, fondateurs du port et de la ville, avaient respecté ces principes. Ils avaient refusé la féodalité, avaient créé leur port, en avaient fait le premier port de la Méditerranée, avaient fondé leur ville et en avaient fait une ville franche. Le chemin était tracé. Il suffisait de le suivre.

Si dans nos « Mythologies » j’avais évoqué par un sonnet illustrant le quartier du Barrou, mon choix de voir déposée – le plus tard possible – mon urne funéraire dans son vieux cimetière, ignoré de tous et ouvert au public une seule fois l’an, c’est en témoignage de la reconnaissance que je voue à ces quelques aventuriers des XVIIème et XVIIIème siècles qui ont forgé et nous ont transmis l’image que je veux conserver de Sète.

*« Mythologies amoureuses de Sète » Editions de Paris 2021

2 Commentaires

1 Commentaire

  1. Jacques Gudicelli

    22 juillet 2023 at 12 h 09 min

    Il est gonflé « l’ex futur ministre de la mer », il oublie qu’en livrant notre ville aux compagnies des eaux et aux promoteurs, il est le premier responsable de ce que Sète est devenue.
    Il aura au moins un peu payé pour ses forfaits.
    1995, à cause du Pont des Sétois, Claude Chirac, fille du président fraîchement élu ayant été alertée par un possible scandale autour du financement des campagnes électorales de Marchand, le ministère lui échappe. À l’époque il déclare à la télé (de mémoire): « à midi j’étais ministre, à 18h, je ne l’étais plus ».

    Il lui reste au moins une très belle retraite…

    Mais l’affaire du Pont des Sétois n’est pas éteinte et intéresse Médiapart. Pour mémoire voir le lien suivant :

    https://www.liberation.fr/france-archive/1995/09/18/le-maire-de-sete-malmene-par-la-houle-des-affaires-ses-liens-avec-le-cge-pourraient-lui-valoir-des-p_143802/

    • véronique BRITTO

      24 juillet 2023 at 0 h 13 min

      Le pont des Sétois incarne une réalisation d’une importance capitale pour la communauté locale et a grandement amélioré la circulation à Sète. Les Sétois qui ont de la mémoire, ont donc de bonnes raisons d’exprimer leur sincère gratitude envers Yves Marchand pour l’ensemble de ses réalisations, qui continuent de profiter à tous, y compris aux nouvelles générations qui n’étaient pas encore nées il y a 30 ans.

      Parmi ses nombreuses contributions majeures, on peut notamment citer la création du parking sous le canal et la mise en place d’un nouveau plan de circulation, qui ont considérablement facilité la mobilité dans la ville. Il a également été à l’origine de la construction d’un EHPAD digne de ce nom, les Pergolines, ainsi que de l’Hôpital du Bassin de Thau, qui ont eu un impact positif sur la qualité de vie de nos anciens.
      L’initiative du projet Thalacap et des Claires Marines a joué un rôle essentiel dans le développement économique du quartier de la Corniche…tandis que l’arrivée de VAMOMILLS a contribué à générer des emplois à Sète. La précoce piétonisation du centre-ville a été un exemple précurseur parmi les villes de taille moyenne de la région, améliorant l’environnement urbain pour les résidents et les visiteurs.

      La création du Lycée de la Mer a été un pas important pour l’éducation des enfants de pêcheurs et de la communauté locale renforçant nos traditions maritimes. De plus, la réalisation de l’échangeur de la caserne Marsault a eu un impact significatif en désengorgeant le boulevard et en facilitant l’accès au quartier du Barrou en seulement 5 minutes depuis le centre-ville.

      Yves Marchand mérite également d’être salué pour son rôle crucial dans la classification du Théâtre Molière en Scène Nationale, ainsi que pour la création de la Passerelle à l’île de Thau, qui ont apporté une dimension culturelle significative à Sète. Le MACO et les journées Brassens ont propulsé la ville sur la scène culturelle française, et la base de l’America Cup a contribué à donner à Sète une visibilité internationale dans les années 80. Grâce à ses connaissances en art, Le Musée Paul Valéry a commencé à recevoir des expositions d’envergure. Ces initiatives témoignent de son engagement envers la valorisation du patrimoine culturel et artistique, tout comme la création de la Médiathèque en centre-ville, qui a également vu le jour grâce à lui.

      J’en oublis certainement, vous m’en excuserez…

      Malheureusement, certains projets encore plus ambitieux portés par Yves Marchand n’ont pu être réalisés en raison de considérations politiques, on pense à ATHOLIS pour l’aménagement du lido et au percement d’un tunnel sous la consigne jusqu’à la route de Montpelleir… mais ils reflètent sa vision audacieuse et son dévouement envers l’amélioration de la vie à Sète.

      Son héritage est indéniablement immense, et les réalisations accomplies SEULEMENT en DEUX MANDATS ne peuvent que susciter l’admiration. Il est essentiel de rappeler ces accomplissements, ainsi que les projets avortés, aux nouveaux Sétois, qui pourraient ne pas pleinement réaliser leur impact réel sur la ville actuelle et la vie des habitants.

      Aussi, il est important de garder à l’esprit que, malgré les défis, les critiques et les obstacles rencontrés, Yves Marchand a travaillé inlassablement pour le bien-être et l’avenir de Sète.

      Espérons que la ville aura la chance de voir émerger d’autres personnalités inspirées par sa vision et son dévouement, afin de poursuivre son héritage pour un avenir porteur et prometteur.

      Ceci dit = Parfaitement d’accord avec l’analyse d’Yves Marchand…

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Sète : François Commeinhes économise 1,1M€ d’impôts grâce à des montages fiscaux

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Sète : François Commeinhes économise 1,4M€ d’impôts grâce à des montages fiscaux
©SèteAgglopôleMéditerranée

Alors que les sétois subissent une pression fiscale croissante, le maire de Sète, démontre une maîtrise redoutable des dispositifs d’optimisation fiscale. Grâce à des montages complexes et parfaitement légaux, il a transmis un patrimoine de plusieurs millions d’euros à sa famille avec une imposition dérisoire.

À Sète, l’ironie se dessine parfois en lettres capitales. Alors que les sétois supportent une fiscalité toujours plus écrasante, leur maire affairiste condamné, semble exceller dans l’art de la légalité fiscale… à son avantage. Un contraste saisissant entre les sacrifices exigés des contribuables locaux et l’habileté avec laquelle l’édile optimise son propre patrimoine.

Deux sociétés familiales, COGIR et LOUMI, constituent le socle d’une transmission patrimoniale habilement orchestrée. Ensemble, elles représentent une valeur totale de plus de 4,5M€. Pourtant, grâce à des dispositifs légaux d’optimisation fiscale, François Commeinhes a réduit les droits de donation à une fraction de ce qu’ils auraient dû être. Une économie fiscale estimée à 1,1 M€, qui met en lumière le contraste entre la charge supportée par ses administrés, et les privilèges que s’octroie le maire de Sète et président de Sète Agglopôle Méditerranée (SAM)

La pierre angulaire de cette transmission réside dans l’utilisation de l’article 787 B du Code général des impôts, qui prévoit une exonération de 75 % de la valeur des parts d’une société familiale transmises à titre gratuit. Créée pour préserver les entreprises et éviter leur démantèlement lors des successions, cette disposition est ici utilisée par sa société COGIR, une société valorisée à 2,8M€. En appliquant cet article, François Commeinhes a ramené la base imposable de cette transmission à seulement 700 500 €. Deux abattements familiaux de 100 000 € par bénéficiaire ont ensuite permis de réduire encore cette somme à 500 500 €, soumise au barème progressif des droits de donation. Résultat, des droits à payer d’à peine 75 075 €. Sans ce montage, la fiscalité aurait atteint environ 520 400 €, soit une économie nette de près de 445 000 €.

La société LOUMI, quant à elle, illustre une autre facette de l’optimisation fiscale, le démembrement de propriété. Ici, François et Michèle Commeinhes, tout en transmettant la nue-propriété des parts à leurs enfants, ont conservé l’usufruit, leur permettant de continuer à percevoir les revenus locatifs générés par les biens immobiliers. Ce montage a également permis d’appliquer une décote importante sur la valeur des parts sociales. En prenant en compte cette réduction et les abattements familiaux, la fiscalité sur la transmission de la société LOUMI a été réduite à 68 793 €, contre plus de 595 000 € sans optimisation. L’économie fiscale réalisée sur cette opération avoisine ainsi les 526 000 €.

Ces deux opérations combinées montrent comment le maire affairiste sétois a su exploiter les outils fiscaux à sa disposition pour réduire considérablement le poids de l’impôt. En tout, les droits de donation sur un patrimoine de 4,5M€ n’ont coûté qu’environ 144 000 €, contre plus de 1,1 M€ sans optimisation. Une maîtrise certes légale, mais qui met en lumière les inégalités d’accès à ces dispositifs, souvent réservés à une élite bien informée.

Cette affaire soulève des questions d’éthique et d’équité fiscale. Le contraste entre les capacités d’optimisation fiscale de François Commeinhes et la pression fiscale qu’il impose à ses administrés est frappant. Sous ses mandats successifs, la ville de Sète et les communes du bassin de Thau qu’il administre ont vu une augmentation significative des taxes locales, justifiée par « des projets ambitieux et une volonté de dynamiser le territoire ». Pourtant, alors que ces hausses étouffent les contribuables locaux et pèsent lourdement sur leur pouvoir d’achat, François Commeinhes, grâce à des dispositifs d’optimisation fiscale, allège considérablement sa propre charge. En dépit de son patrimoine conséquent, il ne participe pas à l’effort collectif imposé à ses administrés, accentuant le décalage entre ceux qui subissent la fiscalité locale et ceux qui savent en contourner les effets.

Le Pacte Dutreil, la sous-évaluation des parts sociales, le démembrement de propriété, autant de dispositifs qui permettent aux familles fortunées de transmettre un patrimoine considérable tout en minimisant leur contribution fiscale. Pendant ce temps, la majorité des contribuables, moins bien conseillés ou moins fortunés, supporte le poids des prélèvements sans possibilité de réduire l’addition.

Enfin, l’utilisation de ces montages interroge sur leur véritable impact économique. Si ces dispositifs sont censés préserver l’emploi et l’activité des entreprises familiales, rien n’indique ici qu’ils servent directement à soutenir l’économie locale. Au contraire, ces opérations semblent davantage répondre à une logique de conservation et de consolidation d’un patrimoine familial, avec peu de retombées visibles pour la collectivité.

Pendant que les contribuables jonglent entre hausses des impôts locaux et budgets serrés, leur maire et président de la SAM démontre qu’il ne manque ni de créativité ni de ressources… pour lui-même. Ironiquement, le champion de l’optimisation fiscale laisse ses administrés découvrir qu’il existe deux poids, deux mesures dans la fiscalité. L’un favorise les initiés, l’autre pénalise ceux qui financent « les projets ambitieux ».

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Sète : Quand François Commeinhes échange le béton pour la douceur marocaine

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François Commeinhes échange le béton pour la douceur marocaine
©Instagram - François Commeinhes

Après avoir transformé Sète en une ville saturée de béton et de projets immobiliers, François Commeinhes s’affiche sur Instagram dans un cadre idyllique au Maroc. Entre palmiers et paysages naturels, le maire dévoile une facette qui contraste avec la réalité imposée à ses administrés.

Il est où le bonheur ? Certainement pas à Sète, si l’on en croit les escapades exotiques de François Commeinhes, maire affairiste de la « Venise du Languedoc », qui a passé ses vacances de fin d’année… au Maroc. Après avoir transformé sa ville en un entrelacs de béton et de grues, l’édile dévoile une facette insoupçonnée de sa personnalité sur Instagram, celle d’un amateur de nature, de grands espaces et de vues dégagées. Une ironie qui n’échappe à personne.

Sur ses clichés de vacances, François Commeinhes apparaît détendu, presque hors du temps, au milieu de paysages idylliques. Palmiers, sable doré, couchers de soleil sur une mer scintillante, et même quelques animaux paisibles en arrière-plan. Un cadre à des années-lumière des chantiers permanents, des parkings à étages et des barres d’immeubles qui dominent désormais l’horizon sétois.

Car, à Sète, les espaces respirables se font rares. La ville est saturée, son identité d’antan noyée sous des tonnes de béton et des projets immobiliers controversés. Le contraste entre la vie « rêvée » du maire affairiste condamné et le quotidien des sétois est saisissant. Ceux qui subissent les nuisances d’une densification urbaine effrénée pourraient percevoir ces images comme une provocation, voire une insulte. Ils pourraient même se demander pourquoi François Commeinhes n’a pas choisi d’imprégner Sète de cette nature et de ces grands espaces qu’il considère comme étant « le bonheur ».

Mais ces publications sur Instagram n’ont rien d’un hasard. François Commeinhes, habituellement discret sur sa vie privée, sortirait-il soudain de sa réserve pour détourner l’attention ? Faut-il y voir un signe d’une pression croissante, alors qu’il attend la décision de la Cour de Cassation pour tenter d’échapper à une inéligibilité ? Même la douce mélodie de Christophe Maé, choisie pour accompagner ses vidéos, semble refléter une certaine mélancolie. Le maire bétonneur commencerait-il à mesurer l’étendue des dégâts, non seulement pour sa ville, mais aussi pour sa carrière politique ?

En attendant, une pensée pour les habitants de Sète, qui n’auront pas, eux, le luxe de s’évader dans un havre de paix pour échapper au chaos urbain qui se profile. Une pensée, aussi, pour les générations futures, condamnées à hériter de barres de béton, de dettes colossales et des souvenirs d’une ville qui, autrefois, respirait. François Commeinhes, quant à lui, continuera de profiter, quoi qu’il advienne, de vastes paysages et de la nature, loin des tracas de ceux qu’il administre.

Et si, finalement, le vrai luxe, ce n’était pas la nature, mais le pouvoir de choisir où l’on vit ? Une question qui restera, comme les grues à Sète, suspendue au-dessus de nos têtes.

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Sète : La ville condamnée pour une promesse d’embauche non respectée

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Sète : la ville condamnée pour la rupture d’une promesse d’embauche
©VilledeSète

Le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de Sète a été condamné pour préjudice moral envers une ancienne employée. Ce jugement, rendu en fin d’année, met en évidence les conséquences graves d’une gestion défaillante du CCAS sous la direction de Jocelyne Gizardin.

En août 2021, une professionnelle expérimentée dans le secteur social reçoit un appel de la direction des ressources humaines de la commune, lui annonçant que sa candidature au poste de chef du service insertion solidarité a été retenue. Un courrier officiel daté du 12 août 2021 confirme cette décision, précisant une prise de poste fixée au 11 octobre 2021.

Rassurée par ces démarches, la candidate démissionne de son poste précédent à Trappes et organise un déménagement à 700 kilomètres, emportant avec elle son fils âgé de 15 ans. Ce dernier est inscrit au lycée Jean Mermoz à Montpellier pour la rentrée 2021/2022. Tout semblait prêt pour un nouveau chapitre.

Cependant, à sa grande surprise, le 8 septembre 2021 soit à peine un mois après la confirmation écrite de son embauche et son déménagement, le CCAS lui adresse un courrier laconique. En objet, on peut lire, « Annulation de recrutement ». La raison ? Le poste n’est finalement plus vacant. Ce revirement brutal, intervenu alors que tout était mis en place pour son arrivée, plonge la candidate dans un état de stupéfaction.

Cette rupture d’embauche n’a pas seulement affecté sa carrière, mais a également bouleversé sa vie personnelle et familiale. Obligée de retourner en région parisienne, elle a réussi à retrouver un emploi à Châtillon après quelques mois, d’abord en contrat temporaire, puis en tant que directrice adjointe. Pendant ce temps, son fils de 15 ans, tout juste installé à Montpellier, a dû vivre seul dans un appartement, à des centaines de kilomètres de sa mère, afin de poursuivre sa scolarité. Des frais inutiles, des nuits d’angoisse et un éloignement forcé de son enfant mineur viennent s’ajouter à une humiliation professionnelle.

Face à cette situation, la candidate saisit la justice et demande réparation. Elle réclame 21 000 euros pour couvrir la perte financière, les frais liés au déménagement et le préjudice moral. Toutefois, le tribunal administratif de Montpellier n’a retenu que la dimension morale du préjudice. Si la perte financière n’a pas pu être prouvée, les juges ont reconnu l’impact psychologique et les troubles causés par cette rupture fautive. Le CCAS a été condamné à lui verser 2 000 euros, ainsi que 1 500 euros pour couvrir les frais de justice.

Pour cette mère et salariée, la décision judiciaire représente une forme de reconnaissance des épreuves traversées. Elle illustre également à quel point les défaillances dans la gestion du CCAS et des ressources humaines de la ville de Sète peuvent bouleverser des vies. À Sète, l’hospitalité légendaire semble parfois se résumer à un aller-retour de 700 kilomètres. Espérons que la candidate, malgré cette expérience amère, gardera de la ville le souvenir d’une promenade au bord des canaux, plutôt que d’une plongée dans les eaux troubles du CCAS.

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