Cuba plongée dans le noir : une deuxième nuit sans électricité pour des millions d’habitants
L’île caribéenne, déjà fragilisée par une crise économique persistante, subit une nouvelle panne généralisée, la quatrième en six mois, plongeant la population dans l’incertitude et l’inquiétude.
Depuis vendredi soir, des millions de Cubains vivent dans l’obscurité, privés d’électricité suite à une défaillance majeure du réseau national. Cette nouvelle coupure, la quatrième en moins de six mois, a plongé l’île dans une situation critique, exacerbant les difficultés quotidiennes d’une population déjà éprouvée par des années de crise économique. Les autorités ont reconnu que les efforts pour rétablir le courant progressaient lentement, laissant peu d’espoir d’un retour à la normale dans l’immédiat.
À La Havane, comme dans d’autres provinces, les habitants s’organisent tant bien que mal. Certains cuisinent au feu de bois, tandis que d’autres, comme Rubén Borroto, un retraité de 69 ans, se retrouvent coincés dans des immeubles sans ascenseur ni eau courante. « Je me sens impuissant et frustré. On ne sait pas quand cela va s’arrêter », confie-t-il, déplorant une situation plus longue que lors des précédentes pannes. Dans la province de Pinar del Rio, Daymi Echenique, une jeune femme de 26 ans, témoigne de son désarroi : « Cela fait 24 heures que nous sommes sans électricité, sans aucune indication de quand elle reviendra. »
Les autorités ont tenté de rassurer la population en annonçant la mise en place de circuits parallèles pour alimenter certains secteurs prioritaires. Cependant, ces solutions temporaires ont montré leurs limites, notamment à Santiago de Cuba, où le courant a été rétabli brièvement avant de disparaître à nouveau. « C’est une situation qui empire de jour en jour », déplore Xiomara Castellanos, une octogénaire de La Havane, inquiète pour les denrées périssables dans son réfrigérateur.
Cette crise énergétique s’inscrit dans un contexte plus large de difficultés économiques et d’infrastructures vieillissantes. Les huit centrales électriques du pays, datant des années 1980 et 1990, sont régulièrement en panne ou en maintenance. Les centrales flottantes louées à une entreprise turque et les générateurs de secours, bien que utiles, dépendent de combustibles difficiles à importer en raison de l’embargo américain en vigueur depuis 1962. Face à ces défis, le gouvernement cubain mise sur l’installation de parcs solaires pour diversifier ses sources d’énergie, mais ces projets ne porteront leurs fruits qu’à moyen terme.
En attendant, les Cubains doivent composer avec une réalité de plus en plus difficile, marquée par des coupures récurrentes et une précarité énergétique qui affecte tous les aspects de leur vie quotidienne. « Que Dieu nous aide, ce pays va de mal en pis », soupire Xiomara Castellanos, résumant le sentiment général d’une population épuisée mais résiliente.