Le Premier ministre François Bayrou a dû recadrer fermement plusieurs membres de son gouvernement, confronté à des dissensions internes et à des menaces de démission. Les tensions portent notamment sur des sujets sensibles comme le port du voile dans le sport et les relations avec l’Algérie.
Mardi, lors d’un petit-déjeuner à Matignon, François Bayrou a vivement critiqué les « critiques internes inacceptables » entre ministres, promettant de rétablir l’ordre. Il a ensuite convoqué cinq membres de son équipe pour clarifier la position du gouvernement sur l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives. Le Premier ministre a rappelé que la ligne officielle était celle du texte adopté par le Sénat en février, qui prévoit une interdiction des signes religieux, y compris le voile, dans toutes les compétitions, même amateurs. Cette position a été réaffirmée par Aurore Bergé, ministre de l’Égalité, lors des questions au gouvernement.
Cependant, des divergences persistent au sein de l’exécutif. Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a menacé de quitter le gouvernement si celui-ci cédait sur cette question. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, soutient également cette ligne dure et propose d’étendre l’interdiction aux accompagnants scolaires. À l’inverse, Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation, estime que les fédérations sportives doivent définir leurs propres règles. Marie Barsacq, ministre des Sports, a finalement soutenu la position gouvernementale, tout en mettant en garde contre les amalgames entre port du voile et radicalisation.
Les tensions ne se limitent pas à ce sujet. Sur le dossier algérien, Bruno Retailleau a menacé de démissionner si le gouvernement renonçait à un rapport de force avec l’Algérie concernant le rapatriement des ressortissants en situation irrégulière. Il a même évoqué une possible révision des accords de 1968, qui régissent les relations entre les deux pays. François Bayrou, tout en jouant la carte de l’apaisement, a évoqué une « révision » de ces accords.
Les dissensions s’étendent également à la réforme des retraites. Bayrou a fermé la porte à un retour à l’âge de départ à 62 ans, ce qui a provoqué des tensions avec les partenaires sociaux. L’organisation patronale U2P a quitté les négociations, tandis que la CGT dénonce une position « scandaleuse ». Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a tenté d’apaiser les esprits en laissant la décision finale aux partenaires sociaux, mais les divisions restent profondes.
Face à ces multiples crises, François Bayrou tente de maintenir la cohésion de son gouvernement, mais les menaces de démission et les désaccords internes fragilisent son équipe.