Monde
Brésil : la police de Rio sommée de rendre des comptes sur son raid sanglant
La police de Rio de Janeiro a été sommée de s’expliquer vendredi sur sa sanglante opération dans une favela qui a fait 28 morts la veille, selon un nouveau bilan, et sur laquelle l’ONU a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante.
Un précédent bilan faisait état de 25 morts, dont un policier.
Des centaines de manifestants ont défilé dans la favela de Jacarezinho, dans le nord de Rio, où a été menée l’opération policière, en scandant « Arrêtez de nous tuer ! ».
« Nous sommes ici pour exiger que justice soit faite après ce massacre injustifiable », a déclaré Roger Denis, un étudiant.
La colère était aussi alimentée par des témoignages selon lesquels certaines des victimes avaient été tuées de sang-froid lors de l’opération antidrogue la plus meurtrière jamais réalisée dans les favelas de cette métropole brésilienne où vivent les populations les plus défavorisées, noires majoritairement, habituées aux raids meurtriers de la police.
La police visait des trafiquants de drogue accusés de recruter des enfants et adolescents à Jacarezinho, considéré comme une base du « Comando Vermelho » (le « Commando rouge »), le plus important gang de trafic de drogue de Rio de Janeiro.
Le raid a transformé à l’aube cette favela en zone de guerre. Certains habitants ont raconté avoir vu des cadavres gisant au milieu de mares de sang dans les ruelles.
Une femme a dit qu’un jeune avait été abattu à l’intérieur de sa maison, où il s’était réfugié après avoir été blessé par balle.
« Les policiers ont vu du sang et sont entrés en criant : où est-il ? J’ai juste eu le temps d’emmener mes enfants vers l’arrière pendant qu’ils le tuaient dans la chambre », a-t-elle ajouté.
Une autre habitante a affirmé au site internet UOL que son mari avait été abattu à bout portant par la police au moment où il allait acheter du pain. « Ils l’ont exécuté ! », s’est-elle exclamée.
La police a assuré avoir suivi les procédures avant d’ouvrir le feu et avoir saisi d’importantes quantités de drogue et d’armes à feu.
« Enquête indépendante »
Parmi les morts figure un policier victime d’un tir en pleine tête et dont les funérailles vendredi après-midi ont donné lieu à un hommage ému de la part de ses collègues et des mouvements prônant un tour de vis sécuritaire dans un Brésil gangréné par la violence et la drogue.
Les 27 autres morts sont des « suspects », a assuré la police, qui va devoir le prouver et expliquer pourquoi ces personnes n’ont pas été arrêtées. Durant la pandémie de coronavirus qui sévit toujours à Rio, les raids de la police ont été suspendus par la Cour suprême.
Le juge Edson Fachin, de la même Cour suprême, a ordonné vendredi au parquet fédéral et à celui de Rio d’enquêter sur deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, dont l’une « montre une action qui, en théorie, pourrait représenter une exécution extra-judiciaire ».
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme s’est dit « profondément préoccupé » vendredi à Genève et a demandé à la justice brésilienne de mener une « enquête indépendante et impartiale ».
« Nous avons reçu des rapports inquiétants selon lesquels (…) la police n’a pas pris de mesures pour préserver les preuves sur la scène du crime, ce qui pourrait entraver les enquêtes », a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville.
« Vauriens »
Le camp des partisans de Jair Bolsonaro s’est rangé du côté de la police. Le président d’extrême droite entretient des liens étroits avec la police et l’armée et avait été élu fin 2018 avec un programme en faveur de la détention d’armes, promettant la fin de l’insécurité.
« C’était tous des sales types », a réagi son vice-président, le général Hamilton Mourao, a propos des personnes décédées.
L’un des fils du chef de l’Etat, le député Eduardo Bolsonaro, a critiqué ceux qui mettent en cause la police.
« Ces types sont des vauriens. Quand un policier se fait tuer, ils défendent les meurtriers », a-t-il écrit sur Twitter. « Je crois que je suis plus dégoûté par ces cols blancs qui défendent les trafiquants que par les trafiquants eux-mêmes ».
Rio est coutumière des violences policières, qui ont fait l’an dernier 1.245 morts dans l’Etat éponyme, plus que dans l’ensemble des Etats-Unis. Les policiers sont très rarement poursuivis.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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