Balaruc-les-Bains – SUBLIO : Brigitte Lanet a voté l’achat, son fils détenait des parts

Nouvelle révélation vient alourdir un dossier déjà marqué par les irrégularités. Le fils d’une adjointe au maire a été actionnaire de la société vendeuse, tout en travaillant aux Thermes de Balaruc-les-Bains. Pendant ce temps, sa mère votait l’achat du système en conseil municipal. Un conflit d’intérêts désormais difficile à ignorer.

À Balaruc-les-Bains, l’affaire SUBLIO semblait avoir livré l’essentiel. Après six épisodes documentés et plus de vingt documents confidentiels dévoilés, notre enquête avait mis au jour une suite de défaillances administratives, techniques et sanitaires [lire ici]. Mais derrière le scandale réglementaire se cache une autre affaire, plus grave encore, jusqu’ici passée sous silence. Le Singulier révèle aujourd’hui l’existence d’un conflit d’intérêts familial entre une élue municipale et son fils, à un moment clé du déploiement de la technologie SUBLIO.

Bastien Lanet, salarié des Thermes de Balaruc-les-Bains en qualité de chef de projet et collaborateur direct du directeur, a été actionnaire de Sublio France entre mai 2021 et juillet 2023. Cette société est celle qui a fourni les réacteurs d’hyperionisation installés dans l’établissement thermal public.

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Durant toute cette période, les discussions avec Sublio s’intensifiaient, les tests dans la première station thermale de France se multipliaient, et les premières démarches d’acquisition étaient lancées. En parallèle, Brigitte Lanet, sa mère, adjointe au maire en charge du développement économique, du tourisme et du commerce, siégeait au conseil municipal. Le 15 février 2023, alors que son fils était toujours actionnaire de Sublio France, elle participe à un vote autorisant l’achat de plusieurs réacteurs.

Ce vote, intervenu sans déclaration de conflit d’intérêts, place Brigitte Lanet dans une position problématique. En tant qu’adjointe au maire, elle a participé à une décision publique autorisant l’achat de réacteurs auprès d’une société privée dans laquelle son propre fils détenait alors des parts. Cette délibération engageait directement des fonds publics conséquents en faveur de Sublio France, fournisseur du système, au moment même où Bastien Lanet était à la fois actionnaire de l’entreprise et salarié de l’établissement acheteur. Chef de projet aux Thermes de Balaruc-les-Bains, il occupait un poste stratégique en lien direct avec la direction, susceptible d’influer sur la validation technique du dispositif. La cession de ses parts, intervenue le 18 juillet 2023, n’efface pas les deux années durant lesquelles il a combiné intérêts privés et responsabilités publiques.

Autre découverte, la société personnelle de Bastien Lanet, BLB Partner, ajoute encore un élément troublant. En 2023, elle facture à Sublio France une prestation de conseil pour le « dimensionnement d’une installation en eau hyperionique ». Cette intervention commerciale témoigne d’une continuité d’intérêts entre le fils de l’élue et le fournisseur du dispositif à la station thermale publique. Il est chef de projet dans une station thermale publique et facture des prestations à Sublio avec sa société privée, pendant que le dispositif Sublio se déploie aux Thermes de Balaruc-les-Bains.

Ces faits ne relèvent pas seulement d’une faute de vigilance. Ils traduisent une gestion publique où les lignes entre sphère privée et pouvoir communal deviennent poreuses. À Balaruc-les-Bains, les élus contrôlent par leur vote l’établissement thermal public. La commune est actionnaire majoritaire, les décisions stratégiques passent par le conseil municipal, et les postes clés sont largement confiés à des proches. Dans ce contexte, l’absence totale de transparence sur les liens familiaux entre une élue et un salarié impliqué dans une opération de plusieurs centaines de milliers d’euros interroge.

Les faits révélés sont extrêmement graves et pourraient conduire à l’ouverture prochaine d’une enquête judiciaire, ainsi qu’à des condamnations pénales. Pour rappel, le fait pour un élu, un agent public ou une personne privée participant à une mission publique d’obtenir un intérêt dans une société privée dont elle assure la surveillance, l’administration ou le paiement est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 500 000 euros d’amende, selon l’article 432-12 du Code pénal.

Ces nouvelles révélations ne fragilisent pas seulement une gouvernance locale en difficulté. Elles révèlent l’agonie d’un système politique à bout de souffle. Depuis la mise en ligne de notre enquête en six épisodes, pas un mot d’explication, pas un geste de responsabilité, pas une seule démission. Le silence est devenu méthode, le déni une ligne de conduite. Et pendant ce temps, les réacteurs SUBLIO restent fixés aux murs, la société Sublio France demeure sous enquête, et les élus fuient nos sollicitations. Tout continue comme si rien ne s’était passé.

Mais ce système, celui de Gérard Canovas, maire depuis 24 ans, ne tient plus qu’à un fil. Il s’accroche, déjà candidat à un cinquième mandat, comme si ce scandale n’était qu’un accident sans conséquence. Or, il n’est que le dernier symptôme d’un mode de gestion où l’entre-soi, le clientélisme et l’opacité ont fini par miner la confiance des citoyens. Balaruc-les-Bains mérite mieux. Elle mérite d’autres choix, d’autres visages, d’autres horizons. La première station thermale de France ne peut rester prisonnière d’un réseau familial, de combines institutionnelles et de silences organisés. Il est temps de tourner la page.

Vous pouvez lire l’intégralité de l’enquête SUBLIO en six épisodes en cliquant ICI

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