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Au cœur des flammes, la course contre la montre pour sauver l’ADN des forêts thaïlandaises

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Des scientifiques britanniques et thaïlandais arpentent des paysages calcinés pour préserver le patrimoine génétique d’arbres menacés par les incendies et l’agriculture intensive.

Une équipe internationale de chercheurs parcourt péniblement les vestiges fumants de la réserve naturelle d’Umphang, en Thaïlande. Leur mission : collecter des échantillons génétiques d’arbres avant qu’ils ne disparaissent sous l’effet combiné des brûlis agricoles et du changement climatique. Le sol craque sous leurs pas, jonché de cendres et de troncs calcinés, tandis que l’odeur âcre de la fumée imprègne encore l’air.

Ce projet ambitieux, mené conjointement par les Jardins botaniques royaux de Kew et l’université de Chiang Mai, vise à constituer une banque de semences et d’ADN végétal. L’objectif est double : étudier la résistance des espèces locales aux conditions climatiques extrêmes et préparer des programmes de reboisement ciblés. Mais sur le terrain, les scientifiques doivent composer avec une réalité bien plus sombre que prévu.

Les zones théoriquement protégées subissent une pression croissante. Entre les parcelles illégalement défrichées pour la culture du maïs et les incendies récurrents, la biodiversité s’effrite à vue d’œil. Les chercheurs décrivent des scènes de désolation : nids d’oiseaux carbonisés, absence totale de faune sauvage, et des pans entiers de forêt réduits en paysages lunaires. Certains arbres centenaires, pourtant identifiés comme prioritaires, se dressent désormais isolés au milieu de terres ravagées.

La méthode de collecte allie savoir-faire traditionnel et haute technologie. Guidés par des locaux, les scientifiques traquent trois espèces clés aux propriétés génétiques prometteuses. Chaque échantillon – graines, feuilles ou fragments d’écorce – est soigneusement documenté avant d’être expédié vers les laboratoires britanniques. Là, des tests poussés révéleront quelles souches présentent les meilleures capacités d’adaptation.

Derrière cette urgence scientifique se profile un paradoxe cruel : les mêmes connaissances qui pourraient sauver ces forêts arrivent peut-être trop tard. Les chercheurs soulignent l’insuffisance des moyens dédiés à la protection des réserves, où les gardes forestiers sont sous-équipés et débordés. Pendant ce temps, les images satellites continuent de montrer l’extension inexorable des feux à travers le pays.

Ce travail minutieux de préservation prend des allures de course contre la montre. Chaque graine collectée représente une chance future de renaissance pour ces écosystèmes malmenés. Mais comme le confie l’une des chercheuses, la question demeure : ces efforts suffiront-ils à compenser l’ampleur des destructions en cours ?

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