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Culture

Alexander Zeldin dévoile l’humanité invisible du monde du travail

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Le metteur en scène britannique expose avec une justesse troublante les réalités sociales contemporaines à travers sa pièce « Prendre soin », présentée au Théâtre national de Strasbourg.

Dans l’univers nocturne d’un abattoir industriel, une poignée de travailleurs précaires se croisent et tissent des liens fragiles. Cette création d’Alexander Zeldin, adaptée en français sous le titre « Prendre soin », plonge le spectateur au cœur des existences marquées par la précarité. Le spectacle constitue une radiographie sans concession des mécanismes sociaux qui érodent la dignité humaine.

Cette œuvre originale puise ses racines dans « Beyond Caring », premier volet d’une trilogie consacrée aux inégalités, initialement produite en 2014. Le parcours artistique de Zeldin s’est construit autour d’une observation minutieuse des réalités sociales, nourrie par dix années de collaboration avec des organismes d’action sociale. Le metteur en scène reconnaît une parenté esthétique avec le réalisme social britannique et l’œuvre cinématographique de Ken Loach.

Le spectacle met en lumière des personnages aux destins entremêlés – un quinquagénaire cherchant refuge dans les livres, une mère séparée de sa fille, une femme épuisée par les années de labeur. Malgré l’âpreté de leur condition, des solidarités spontanées émergent entre ces employés d’entretien, formant comme des îlots de résistance face à un système qui malmène leur santé et leur vie privée.

Pour l’artiste, cette pièce conserve une actualité brûlante dix ans après sa création, tant les questions d’insécurité sociale et de solitude restent prégnantes. Zeldin observe une convergence des modèles sociaux entre la France et le Royaume-Uni, notant que les défis liés à la fragilisation des protections sociales traversent désormais les frontières.

Après sa présentation strasbourgeoise, la production entamera une tournée nationale avec des escales au Havre, à Lyon et Paris, puis s’exportera dans plusieurs capitales européennes. Parallèlement, le créateur prépare la transposition en Angleterre de sa première pièce en français, « Une mort dans la famille », qui sera reprise au Young Vic de Londres. Cette circulation des œuvres entre les deux pays souligne l’universalité des questionnements portés par son théâtre.

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