Monde
Afghanistan: explosions à l’aéroport de Kaboul pendant les évacuations, au moins 6 morts
Deux explosions se sont produites jeudi devant l’aéroport de Kaboul, tuant au moins 6 personnes et blessant des dizaines d’autres, notamment parmi les milliers d’Afghans qui s’y massent depuis des jours dans l’espoir d’être évacués du pays tombé aux mains des talibans.
Des Américains figurent parmi les victimes, a indiqué le porte-parole du Pentagone John Kirby. Selon le Pentagone, qui a évoqué un « attentat complexe », au moins deux explosions ont eu lieu dans la zone de l’aéroport.
Au moins six personnes ont été tuées et une soixantaine d’autres blessées, a annoncé sur Twitter l’hôpital de l’ONG italienne Emergency à Kaboul, qui a reçu une partie des victimes.
Dénonçant un « attentat terroriste », le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a souligné que la priorité « reste d’évacuer autant de gens que possible ».
La France a annoncé dans la foulée le rapatriement à Paris de son ambassadeur en Afghanistan, David Martinon, pour raisons de sécurité. Il se trouvait jusqu’ici à l’aéroport de Kaboul, où les forces occidentales supervisent les évacuations de milliers d’étrangers et d’Afghans depuis la prise de pouvoir soudaine des talibans le 15 août.
Soulignant que la situation restait « très risquée » à l’aéroport, le président Emmanuel Macron a annoncé que la France allait encore évacuer « plusieurs centaines d’Afghans ».
A Washington, le président américain Joe Biden est tenu informé des développements après les explosions, selon la Maison Blanche.
A Londres, le Premier ministre britannique Boris Johnson a convoqué dans l’après-midi une réunion interministérielle de crise. L’armée britannique participe elle aussi aux évacuations en cours à Kaboul, supervisées par les forces américaines.
Depuis la veille, les Américains et d’autres pays occidentaux avaient averti de la menace sérieuse d' »attentat terroriste » dans la zone de l’aéroport, à l’approche de la date butoir prévue pour le retrait des forces américaines d’Afghanistan, le 31 août, synonyme de départ des forces occidentales et de fin des évacuations en cours.
Panique
Le président Biden avait déjà évoqué mardi la possibilité d’un attentat du groupe jihadiste État Islamique (EI), rival des talibans en Afghanistan ces dernières années.
Selon des sources militaires, l’une des explosions s’est produite à proximité d’Abbey Gate, l’un des trois points d’accès à l’aéroport où se pressent des milliers d’Afghans qui espèrent être évacués pour échapper au régime taliban.
« C’était une énorme explosion, au milieu de la foule qui attendait devant une des portes de l’aéroport », où entrent des gens qui se font évacuer par les Occidentaux, a déclaré un témoin de la scène, Milad.
« Quand les gens ont entendu l’explosion, ça a été la panique. Les talibans ont alors tiré en l’air pour disperser les gens qui attendaient devant la porte », a indiqué à l’AFP un autre témoin, qui a notamment vu « un homme courir avec un bébé blessé dans les bras ».
Quelques minutes plus tôt, le Pentagone avait démenti des informations selon lesquelles les évacuations d’Afghanistan pourraient, en raison de ces menaces, se terminer plus tôt que le 31 août.
Le rythme des départs, qui n’avait cessé de s’accélérer ces derniers jours, avait commencé à ralentir depuis mercredi.
Selon un bilan de la Maison Blanche jeudi matin, 13.400 personnes ont été évacuées au cours des 24 dernières heures (5.100 à bord de 17 avions militaires américains et 8.300 sur 74 avions de la coalition). Depuis le début du pont aérien le 14 août, et malgré une situation chaotique à l’aéroport provoqué par l’afflux de candidats au départ, les Etats-Unis ont contribué à l’évacuation d’environ 95.700 personnes.
De nombreux pays alliés des Etats-Unis ont annoncé la fin imminente de leurs propres opérations. Certains, comme le Canada, ont déjà cessé leurs évacuations.
Mercredi, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, avait assuré que les talibans s’étaient engagés à laisser partir les Américains et les Afghans à risque se trouvant encore dans le pays après le 31 août. L’Allemagne a précisé avoir eu l’assurance qu’ils pourraient prendre des vols commerciaux.
‘Moment douloureux’
Plusieurs pays ont plaidé en vain pour une extension du délai au-delà du 31 août, estimant qu’il ne serait pas possible d’évacuer tout le monde d’ici là.
La fin prochaine des évacuations fait craindre que de nombreux Afghans qui ont travaillé ces dernières années avec les étrangers ou le gouvernement pro occidental déchu, et se sentent menacés par les talibans, ne pourront tous quitter le pays à temps.
« Il s’agit d’un moment douloureux parce que cela signifie que, malgré les efforts importants dans la période récente, des gens éligibles à l’évacuation vers les Pays-Bas seront abandonnés », ont estimé les ministres néerlandaises des Affaires étrangères, Sigrid Kaag, et de la Défense, Ank Bijleveld.
Sous le nom d’ISKP (État islamique Province du Khorasan), l’EI a revendiqué certaines des attaques les plus sanglantes commises ces dernières années en Afghanistan, faisant des centaines de morts.
Il a surtout ciblé les musulmans qu’il considère comme hérétiques, en particulier les chiites. L’attentat qu’il a revendiqué contre un mariage chiite à Kaboul en août 2019 avait ainsi par exemple coûté la vie à 91 personnes.
Même s’il s’agit de deux groupes sunnites radicaux, l’EI et les talibans sont en concurrence et sont animés par une haine tenace et réciproque.
Jeudi, des analystes en sécurité relevaient que l’activité de l’ISKP s’était brutalement arrêtée depuis 12 jours, signe possible qu’il préparait une opération d’ampleur, via des tirs de mortier ou des attentats-suicide, véhiculés ou individuels.
Ces mises en garde n’avaient pas dissuadé, avant l’explosion, nombre d’Afghans de continuer d’assiéger l’aéroport dans l’espoir de prendre place sur un avion vers l’occident.
« J’attendrai jusqu’à ce que l’aéroport soit fermé », a déclaré un homme qui s’est présenté sous le nom d’Hamid et dit qu’il travaillait dans un ministère avant l’arrivée au pouvoir des talibans.
« Ils donneront notre emploi à des parents à eux. Comment prendrai-je soin de ma famille? », a-t-il demandé, pas rassuré par les promesses des talibans que la population n’avait rien à craindre d’eux.
Beaucoup d’Afghans, souvent urbains et éduqués, craignent que les islamistes n’instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu’ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.
Les femmes et les minorités ethniques en particulier s’inquiètent pour leur sort.
Les talibans s’efforcent de se présenter sous un jour plus modéré, souvent sans convaincre, en tout cas à Kaboul.
Europe
Arrestation du fils de la princesse de Norvège soupçonné de viol
Les forces de l’ordre norvégiennes ont procédé à l’arrestation de Marius Borg Høiby, 27 ans, suspecté d’agression sexuelle. Les détails de l’affaire commencent à émerger.
Lundi soir, les autorités norvégiennes ont mis sous les verrous Marius Borg Høiby, fils de la princesse héritière Mette-Marit, dans le cadre d’une enquête pour viol. Le jeune homme de 27 ans est accusé d’avoir eu un rapport sexuel avec une personne incapable de donner son consentement, selon les déclarations de la police. Cet incident est décrit comme un acte sexuel sans pénétration, où la victime était dans un état d’inconscience ou de faiblesse l’empêchant de s’opposer.
Les investigations ont rapidement progressé. Une perquisition a été menée au domicile de Høiby, où des éléments matériels ont été saisis. Cette arrestation fait suite à une précédente interpellation en août, lors d’une altercation nocturne à Oslo, où Høiby était accusé de violences domestiques. À cette occasion, un couteau avait été découvert planté dans un mur de la chambre de la femme impliquée, avec laquelle il entretenait une relation.
La situation s’est encore compliquée en septembre, lorsque Høiby a été arrêté pour avoir enfreint une ordonnance de protection. La police a révélé qu’au moment de son arrestation lundi, il se trouvait en compagnie de la même femme qui avait été impliquée dans l’incident d’août. Les charges contre lui se sont élargies pour inclure des accusations de violences domestiques.
Marius Borg Høiby, né d’une relation antérieure de Mette-Marit avant son mariage avec le prince héritier Haakon, n’a pas de rôle officiel au sein de la famille royale, contrairement à ses demi-frères et sœurs, la princesse Ingrid Alexandra et le prince Sverre Magnus. La police n’a pas encore décidé si Høiby serait placé en détention provisoire, laissant l’avenir judiciaire du jeune homme en suspens.
Cet événement soulève des questions sur les dynamiques familiales au sein de la royauté norvégienne et sur la manière dont la justice traite les affaires impliquant des personnalités publiques. La Norvège, connue pour son système judiciaire transparent et équitable, devra naviguer avec soin dans cette affaire délicate, assurant à la fois la protection des droits de la victime et le respect des procédures légales.
Europe
Russie : Vladimir Poutine signe un décret permettant un recours plus large à l’arme nucléaire
Face à la montée des tensions avec l’Occident, Vladimir Poutine a modifié la doctrine nucléaire russe, permettant un recours plus large à l’arsenal atomique en cas de menaces jugées sérieuses.
L’annonce de la signature par le président russe Vladimir Poutine d’un décret élargissant les conditions d’emploi des armes nucléaires marque une nouvelle étape dans l’escalade des tensions internationales. Ce décret intervient après que les États-Unis ont permis à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée contre la Russie, signalant une évolution stratégique dans le conflit.
Le document, signé le 19 novembre, modifie substantiellement la politique nucléaire russe. Désormais, toute attaque contre la Russie par un État non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire, sera considérée comme une agression conjointe. Cette révision reflète une adaptation de la Russie à ce qu’elle perçoit comme des menaces croissantes à sa sécurité, selon les dires du Kremlin. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a justifié cette mesure en expliquant qu’il était impératif de réajuster les fondements de la doctrine nucléaire face aux défis actuels.
Cette décision intervient à un moment où les relations entre la Russie et l’Occident sont particulièrement tendues. Fin septembre, Poutine avait déjà fait état de sa volonté d’utiliser l’arme nucléaire en réponse à une attaque aérienne massive contre le territoire russe, une menace qui a été réitérée par la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, indiquant que la réponse de la Russie serait proportionnée et décisive.
La Russie accuse également l’Ukraine d’avoir utilisé des missiles de longue portée fournis par les États-Unis pour frapper la région de Briansk. Selon les informations relayées par le ministère russe de la Défense, six missiles ATACM ont été lancés, dont cinq ont été interceptés par la défense antiaérienne russe. Les débris auraient causé des dommages mineurs à un site militaire, attisant encore la tension dans la région.
Cette escalade dans la rhétorique et les actions nucléaires soulève des inquiétudes quant à une possible intensification du conflit, déjà marqué par des échanges de prisonniers et des accusations réciproques d’agressions. La signature de ce décret par Poutine pourrait être interprétée comme une tentative de dissuasion, mais aussi comme une manifestation de l’intention de la Russie de protéger ses intérêts par tous les moyens, y compris les plus extrêmes.
Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
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