À Paris, la Gaîté lyrique au cœur d’une mobilisation : des jeunes migrants face à l’expulsion
Des centaines de manifestants se sont rassemblés lundi soir devant le lieu culturel occupé depuis trois mois, dénonçant une décision de la préfecture de police jugée inhumaine.
Une tension palpable régnait lundi soir devant la Gaîté lyrique, à Paris, où plusieurs dizaines de personnes, dont des élus de gauche, ont manifesté leur soutien à des centaines de jeunes migrants occupant les lieux depuis décembre 2024. La préfecture de police a ordonné leur évacuation avant mardi, suscitant une vague d’indignation parmi les défenseurs des droits des migrants. « La honte à ce pouvoir qui fait la guerre aux mineurs isolés ! », ont scandé les manifestants, brandissant des banderoles et des slogans dénonçant l’absence de solutions pérennes pour ces jeunes.
Les occupants, principalement des mineurs isolés, ont investi ce lieu culturel du 3e arrondissement pour réclamer un hébergement digne et la reconnaissance de leur statut. Depuis, la Gaîté lyrique a dû fermer ses portes au public, et les salariés ont exercé leur droit de retrait. Les jeunes migrants, originaires pour la plupart d’Afrique de l’Ouest, vivent dans des conditions précaires, mais trouvent dans ce lieu un refuge contre le froid et la rue. « Ici, on est au moins à l’abri », confie Mohamed Sangare, un Ivoirien de 17 ans, en attente de régularisation depuis huit mois.
Le préfet de police, Laurent Nuñez, a justifié cette décision en assurant que des solutions d’hébergement seraient proposées aux occupants. Cependant, le collectif des jeunes migrants dénonce des offres temporaires et éparses, souvent situées en région, loin de Paris. « Nous ne voulons pas être déplacés ailleurs, nous voulons des solutions durables », insiste un porte-parole du collectif. La mairie de Paris, de son côté, rejette la responsabilité sur l’État, tout en appelant à des mesures dignes pour ces jeunes.
Parmi les manifestants, des représentants de syndicats et de partis politiques de gauche ont exprimé leurs craintes quant à une dispersion violente des occupants. « Nous redoutons des ratonnades et des agressions », a déclaré Simon, un membre de la CGT, préférant garder l’anonymat. Les élus présents, dont les députés Pouria Amirshahi et Danielle Simonnet, ont également dénoncé une politique migratoire qu’ils jugent inhumaine.
Alors que l’évacuation semble imminente, les jeunes migrants restent déterminés à se battre pour leurs droits. « Nous irons jusqu’au bout, mais sans violence », assure Cheikh Koné, l’un des occupants. La situation reste tendue, alors que l’État et la mairie se renvoient la responsabilité d’une crise qui met en lumière les lacunes du système d’accueil des migrants en France.