Nous rejoindre sur les réseaux

Économie

Le vivier français d’intelligence artificielle résiste à l’appel des géants étrangers

Article

le

Malgré les sollicitations internationales, les jeunes talents hexagonaux en intelligence artificielle affichent une nette préférence pour construire leur carrière dans l’écosystème français, où les opportunités professionnelles se multiplient.

Au sein du campus arboré de Paris-Saclay, les futures élites de l’intelligence artificielle française peaufinent leur expertise. Ces profils très recherchés pourraient facilement s’exporter vers des cieux plus lucratifs, mais nombreux sont ceux qui choisissent délibérément de poursuivre leur parcours dans l’Hexagone. Manon Arfib, étudiante en dernière année à CentraleSupélec, incarne cette tendance. La jeune femme de 22 ans projette de rejoindre le centre de recherche et développement d’un grand groupe national pour œuvrer sur les enjeux énergétiques et écologiques.

Ce pôle académique, qui fédère grandes écoles et instituts de recherche, se classe au deuxième rang mondial en mathématiques derrière Harvard selon Frédéric Pascal, vice-président en charge de l’IA. La demande pour ces compétences ne cesse de croître, comme en témoigne Ève Delegue, récemment diplômée du master MVA. « Chaque semaine apporte son lot de nouvelles offres d’emploi » confie-t-elle, évoquant des propositions variées émanant tant du secteur assurantiel que de cabinets de conseil en IA, sans oublier certaines sociétés basées à Dubaï.

La présence française dans le paysage mondial de l’intelligence artificielle se manifeste également par l’ascension de chercheurs hexagonaux au sein des géants technologiques. Yann LeCun dirige ainsi les recherches scientifiques chez Meta tandis que Joëlle Barral occupe les fonctions de directrice de l’ingénierie chez Google DeepMind. Cette reconnaissance internationale n’empêche pas les jeunes talents de privilégier l’ancrage européen. Mathis Pernin, étudiant en master MVA, estime que Paris constitue actuellement le meilleur environnement européen pour développer des projets d’IA, vantant une approche régulatoire et responsable distincte des modèles américain et chinois.

Cette dynamique française attire les investisseurs étrangers. La société canadienne Cohere a inauguré en septembre un bureau parisien avec l’objectif de doubler ses effectifs locaux d’ici 2026. Elle rejoint ainsi les startups américaines Anthropic et OpenAI, récemment installées dans la capitale. Joëlle Pineau, directrice de l’IA chez Cohere, souligne la qualité exceptionnelle du vivier français, notant que de nombreux talents renoncent désormais à une carrière outre-Atlantique au profit d’un développement professionnel en Europe.

La compétition pour recruter ces profils s’intensifie cependant. Charles de Fréminville, directeur des ressources humaines chez Mistral AI, reconnaît cette réalité tout en constatant un afflux de plusieurs milliers de candidatures hebdomadaires vers sa startup, perçue comme un champion européen indépendant et scientifiquement exigeant. En revanche, les structures de taille modeste comme Gojob éprouvent davantage de difficultés à attirer ces ingénieurs spécialisés. Son dirigeant Pascal Lorne déplore une pénurie manifeste de talents par rapport aux besoins du marché.

Face à cette demande croissante, l’université Paris-Saclay, qui forme actuellement 1 500 diplômés de niveau Bac+5 annuellement en intelligence artificielle, ambitionne de doubler ce chiffre dans les cinq prochaines années. Cette augmentation des capacités de formation apparaît essentielle pour répondre aux attentes d’un secteur en pleine expansion.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus