Monde
Etats-Unis, UE, G7: en Birmanie, les pressions contre la junte militaire s’accumulent
Les militaires responsables du coup d’Etat en Birmanie étaient plus que jamais sous pression mardi avec une condamnation du G7 au lendemain de l’adoption par les Etats-Unis et l’Union européenne de nouvelles sanctions et de manifestations parmi les plus massives depuis le putsch du 1er février.
Depuis trois semaines, les autorités birmanes n’ont pas cessé d’intensifier le recours à la force afin d’affaiblir la mobilisation pro-démocratie.
Jusqu’à présent, trois manifestants ont été tués alors qu’un homme qui patrouillait pour éviter des arrestations massives dans son quartier, à Rangoun, a été abattu.
« L’utilisation de balles réelles contre des personnes non armées est inacceptable », ont déclaré mardi dans un communiqué les ministres des Affaires étrangères du G7, les sept plus grandes puissances de la planète, également signé par l’Union européenne.
« Quiconque répond à des manifestations pacifiques par la violence doit être tenu responsable », ont-ils déclaré, appelant les forces de sécurité du Myanmar à « faire preuve de la plus grande retenue et respecter les droits de l’homme et le droit international ».
Dans la nuit de lundi à mardi, les Etats-Unis avaient annoncé des sanctions contre deux autres leaders de la junte militaire birmane qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, le général Maung Maung Kyaw, à la tête de l’armée de l’air, et le lieutenant-général Moe Myint Tun.
Une salve de mesures similaires avait déjà été annoncées par Washington il y a dix jours, visant plusieurs leaders de la junte au pouvoir, dont son chef, le général Min Aung Hlaing.
« Nous n’hésiterons pas à prendre de nouvelles mesures contre ceux qui commettent des actes de violence et répriment la volonté du peuple. Nous ne faiblirons pas dans notre soutien au peuple birman », a prévenu le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Cette annonce est intervenue quelques heures après la décision de l’UE de prendre des sanctions contre les intérêts économiques et financiers des militaires responsables du coup d’Etat.
« Toute aide financière directe (…) aux programmes de réforme du gouvernement est suspendue », a indiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
« Priez pour eux »
Ces sanctions interviennent après que l’armée birmane a eu recours aux balles en caoutchouc, au gaz lacrymogène, aux canons à eau et même parfois aux tirs à balles réelles contre les manifestants.
Elle a également déployé d’avantages de forces de sécurité dans les rue de Rangoun, la plus grande ville du pays et sa capitale économique.
Pour empêcher les manifestants de se rassembler, des barricades ont été notamment installées autour des carrefours et des artères menant vers les ambassades.
Des coupures nocturnes d’internet, ordonnées par la junte, font craindre que les autorités n’en profitent pour procéder à des arrestations massives de militants pro-démocratie.
Jusqu’à présent, les mesures prises par la junte n’ont pas dissuadé les manifestants de descendre dans les rues.
Parmi eux figurent de nombreux fonctionnaires, employés de banque, soignants et employés des travaux publics qui ont cessé de travailler par solidarité.
Mardi, les manifestations se sont poursuivies à travers le pays, même si la capitale économique Rangoun a connu une moindre mobilisation que les jours précédents.
Dans la ville de Myitkyina, dans l’Etat de Kachin (Nord) – où des violences ont éclaté au cours du week-end – des manifestants ont traversé la ville à moto en agitant le drapeau birman et en saluant à trois doigts, un symbole de résistance.
A Mandalay, deuxième ville du pays, une foule recueilli a participé aux funérailles de Thet Naing Win, un homme de 37 ans abattu samedi lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur une foule de manifestants anti-junte.
« Je demande à tous d’aider à faire en sorte que le cas de mon mari soit jugé avec justice », a déclaré sa veuve Thidar Hnin, ajoutant qu’elle souhaitait voir « le dictateur détrôné ».
Les appels à cesser de travailler ont fortement perturbé les activités du gouvernement, des entreprises et des banques.
Le pouvoir avait brandi dimanche la menace de recourir à la force létale pour en finir avec « l’anarchie ».
Depuis le putsch, plus de 680 personnes ont été arrêtées, inculpées ou condamnées d’après une ONG d’assistance aux prisonniers politiques et presque toutes sont toujours derrière les barreaux.
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Monde
Italie: une spéléologue blessée sauvée après 4 jours dans une grotte
Une opération de sauvetage sans précédent a permis de sauver une spéléologue italienne blessée, piégée dans une cavité souterraine pendant quatre jours.
La région de Bergame, au nord de l’Italie, a été le théâtre d’une mission de sauvetage qui restera dans les annales du secours spéléologique. Ottavia Piana, une spéléologue de 32 ans, a été victime d’une chute dans la grotte de Bueno Fonteno, se blessant gravement. L’incident, survenu samedi soir, a déclenché une mobilisation massive des services de secours italiens.
Les efforts pour atteindre et extraire Ottavia de cette situation périlleuse ont impliqué 159 techniciens du Corps national italien de secours alpin et spéléologique (CNSAS), venus de 13 régions du pays. Leur détermination a été récompensée dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque, après quatre jours d’interventions continues, ils ont réussi à sortir la spéléologue de l’antre souterrain à 02H59, heure locale.
L’opération s’est révélée particulièrement complexe en raison de l’étroitesse de certains passages de la grotte, nécessitant l’utilisation de microcharges explosives pour élargir ces obstacles et permettre le passage d’un brancard. Ce défi technique a été relevé avec une précision chirurgicale, illustrant le professionnalisme et le dévouement des équipes de secours.
Ottavia Piana, souffrant de multiples fractures, a été immédiatement transférée par hélicoptère vers un hôpital de Bergame pour recevoir les soins nécessaires. Sa condition physique, bien que grave, n’a pas entamé son moral, soutenu par les messages de ses amis que les secouristes lui montraient sur leur téléphone, un geste qui a contribué à maintenir son esprit combatif.
Cette opération de sauvetage n’est pas la première pour Ottavia, qui, il y a environ un an et demi, avait déjà subi une chute dans la même grotte, se fracturant alors une jambe. Le destin a voulu que le même médecin, Leonardo Sattin, soit présent pour la secourir à nouveau, une coïncidence qui a sans doute apporté un réconfort supplémentaire à la spéléologue.
Le ministre des Affaires régionales, Roberto Calderoli, a salué le courage et l’engagement des secouristes et des volontaires, soulignant l’importance de leur travail dans de telles situations extrêmes. Cette histoire de survie et de solidarité humaine résonne comme un hommage à ceux qui risquent leur vie pour en sauver d’autres, rappelant à tous l’importance de la préparation et de la coopération dans les sports extrêmes comme la spéléologie.
Monde
L’ONU prévient que le conflit n’est pas « terminé » en Syrie, les nouvelles autorités cherchent à rassurer
L’ONU prévient que le conflit n’est pas terminé en Syrie, tandis que les nouvelles autorités cherchent à rassurer la population.
L’Organisation des Nations Unies a récemment mis en garde contre une fausse perception de la paix en Syrie, soulignant que les hostilités se poursuivent malgré les efforts des nouveaux dirigeants pour apaiser les tensions et restaurer la stabilité.
Les combats dans le nord du pays entre les forces kurdes et des groupes soutenus par la Turquie continuent d’alimenter l’instabilité, notamment après la chute du régime de Bachar al-Assad. Ces affrontements, qui se sont intensifiés suite à l’offensive rebelle ayant renversé le régime le 8 décembre, mettent en lumière la fragilité de la situation. Les États-Unis ont prolongé un cessez-le-feu temporaire entre ces factions, signe de leur implication dans la recherche d’une solution pacifique.
Les nouvelles autorités, dominées par des islamistes radicaux, promettent une pacification et une réunification du pays. Cependant, le chef militaire du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Mourhaf Abou Qasra, annonce la dissolution des factions armées pour les intégrer dans une structure militaire unifiée. Cette démarche est perçue comme une tentative de consolider leur pouvoir et de présenter une image plus modérée, en appelant à la levée des sanctions internationales.
Sur le plan diplomatique, plusieurs nations ont rétabli des contacts avec le nouveau pouvoir syrien. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont envoyé des émissaires à Damas, tandis que les États-Unis ont établi un dialogue direct avec HTS. Ces actions montrent une volonté de s’engager avec le nouveau régime, malgré les réserves et la méfiance persistantes.
Israël, de son côté, reste sur ses gardes. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment tenu une réunion sécuritaire au mont Hermon, illustrant les inquiétudes israéliennes face à un voisin syrien en pleine mutation. Les frappes israéliennes sur des sites militaires syriens soulignent la défiance envers les nouvelles autorités, accusées de masquer leurs intentions derrière un discours de paix.
Sur le terrain, les Syriens tentent de reconstruire leur vie. Dans les souks de Damas, les commerçants effacent les traces du régime précédent et les prix des denrées de première nécessité baissent, signe d’un retour à la normalité. Toutefois, l’ONU et les organisations humanitaires mettent en garde contre un retour massif des réfugiés, soulignant que le pays manque encore cruellement de services de base et de stabilité politique.
L’avenir de la Syrie reste incertain. Les nouvelles autorités, tout en cherchant à rassurer, doivent prouver leur capacité à gouverner de manière inclusive et à garantir la sécurité de toutes les communautés du pays, dans un contexte où les minorités craignent pour leur avenir. Le chemin vers une paix durable et une véritable reconstruction est encore long, et la communauté internationale observe de près les développements dans ce pays déchiré par plus d’une décennie de guerre.
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