Dans un contexte géopolitique tendu, les députés français ont voté une résolution symbolique en faveur de l’Ukraine, incluant un appel à la saisie des avoirs russes gelés. Une décision qui divise profondément l’hémicycle.
Mercredi 13 mars, l’Assemblée nationale a adopté une résolution visant à renforcer le soutien à l’Ukraine, avec 288 voix pour et 54 contre. Ce texte, porté par une coalition de députés macronistes, socialistes, écologistes et de droite, appelle notamment à la saisie des avoirs russes gelés pour financer l’aide militaire et la reconstruction de l’Ukraine. Cependant, cette mesure a suscité de vives oppositions, notamment de la part de La France insoumise (LFI), des communistes et du Rassemblement national (RN), qui s’est abstenu.
La résolution, bien que dépourvue de force contraignante, entend influencer la position du gouvernement français sur plusieurs fronts. Elle exhorte l’Union européenne et l’Otan à intensifier leur soutien politique, économique et militaire à Kiev. Elle plaide également pour la construction d’une défense européenne indépendante et soutient le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’UE.
Le point le plus controversé reste la saisie des avoirs russes. Les députés ont amendé le texte pour inviter l’UE à procéder « sans délai » à cette mesure, arguant que ces fonds pourraient être utilisés pour soutenir l’Ukraine. Une proposition jugée illégale par certains, comme les députés LFI et RN, qui y voient une violation du droit international.
Les discussions ont été marquées par des échanges tendus. Les opposants au texte, notamment LFI et le RN, ont dénoncé un message belliciste. Sophia Chikirou (LFI) a ainsi qualifié la résolution de « germe d’une nouvelle guerre », tandis que Marc de Fleurian (RN) a ironiquement invité les partisans du texte à « démissionner pour aller au front ».
En réponse, Patrick Mignola, ministre des Relations avec le Parlement, a défendu une position ferme : « Nous voulons une Union européenne forte pour arrêter la guerre et défendre l’Ukraine. »
La saisie des avoirs russes soulève des interrogations juridiques et économiques. Benjamin Haddad, ministre chargé de l’Europe, a reconnu les risques liés à un tel précédent pour les investisseurs étrangers. Toutefois, il a souligné que cette mesure constituait un « levier » dans les négociations avec la Russie.
Par ailleurs, la résolution aborde d’autres sujets sensibles, comme la fin des importations de gaz russe par l’UE et la possibilité d’un déploiement de forces européennes de maintien de la paix en Ukraine. Ces propositions ont également alimenté les divisions, certains députés critiquant un manque de clarté et de consensus.
Ce vote illustre les profondes divergences au sein de la classe politique française sur la question ukrainienne. Alors que la majorité des députés soutiennent une ligne ferme envers la Russie, d’autres dénoncent une escalade risquée. Marine Le Pen, présidente du groupe RN, s’est notamment opposée à la résolution en raison de son soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE.
En dépit des tensions, cette résolution marque une étape symbolique dans l’engagement français en faveur de l’Ukraine, tout en soulignant les défis juridiques et politiques qui entourent cette crise internationale.