Europe
Virus: Londres tente de trouver une solution pour la reprise du trafic transmanche
Menacé de pénuries, le Royaume-Uni s’efforçait mardi de trouver une sortie de crise avec la France pour permettre une reprise du trafic transmanche de marchandises, interrompu face à la propagation d’une variante potentiellement plus contagieuse du nouveau coronavirus.
La forte circulation en Grande-Bretagne de cette nouvelle souche du virus, dont la transmission est 40 à 70% plus importante selon l’estimation communiquée par le Royaume-Uni à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a transformé la fin d’année en casse-tête pour le Premier ministre Boris Johnson.
A la peine pour arriver à un accord commercial post-Brexit avec Bruxelles à moins de 10 jours de l’échéance, il a dû pendant le week-end reconfiner en catastrophe 16 millions de Britanniques dont les retrouvaille familiales de Noël tombent à l’eau. Et il doit maintenant gérer la décision de dizaines de pays, dont la France, d’interdire les arrivées du Royaume-Uni, qui bouscule les échanges et menace, faute de dénouement rapide, de provoquer des pénuries de produits frais dans les jours qui viennent.
Lors d’une réunion de ses ambassadeurs prévue mardi, l’Union européenne cherchait à mettre sur pied « une réouverture des frontières de manière coordonnée », selon une source diplomatique européenne. Il s’agit notamment de permettre les « retours ciblés » de voyageurs et de chauffeurs de camions qui se sont trouvés bloqués par les mesures mises en oeuvre brutalement depuis ce week-end.
Parmi les solutions avancées par Londres figurent des tests pour les chauffeurs des centaines de camions bloqués dans le sud-est de l’Angleterre, empêchés de pouvoir se rendre sur le continent après la décision prise dimanche soir par la France de suspendre pour 48 heures toutes les arrivées en provenance du Royaume-Uni.
Un dépistage dans les ports « fait absolument partie de la discussion », « nous envisageons tout », a déclaré mardi matin la ministre britannique de l’Intérieur Priti Patel sur la chaîne Sky News.
« Nous sommes en discussion avec nos homologues français », « nous trouverons une solution », a-t-elle assuré.
Selon la ministre, 650 camions sont actuellement bloqués sur l’autoroute menant de Londres au port de Douvres, le principal port transmanche fermé au trafic sortant depuis dimanche soir. Plus de 800 poids-lourds de plus sont stationnés sur un ancien aéroport voisin.
Barre de céréales
Si les produits pour les repas de Noël, bien que largement chamboulés par les restrictions pour lutter contre la propagation de l’épidémie, ont été épargnés car ils ont déjà été acheminés sur le sol britannique, des perturbations dans l’approvisionnement sont à craindre si la situation perdure.
Selon Andrew Opie, l’un des responsables du British retail consortium, organisme représentant les distributeurs, « il faut vraiment que les frontières fonctionnent à peu près librement à partir de demain (mercredi) pour être sûr qu’il n’y ait pas de perturbations » dans l’approvisionnement des magasins. Salades, légumes, fruits frais pourraient manquer « directement après Noël », a-t-il déclaré sur la BBC.
La crainte est d’autant plus forte que les jours sont comptés avant la fin de la période de transition post-Brexit le 31 décembre. Les négociations commerciales entre Londres et Bruxelles n’ont toujours pas abouti et en cas d’échec, l’irruption de quotas et droits de douanes fait craindre de graves perturbations dans les approvisionnements du pays.
Selon Rod McKenzie, le directeur général de l’association du transport routier, les chauffeurs coincés se sont vu offrir « une barre de céréale » lundi de la part de la collectivité locale du Kent. « Bien peu, je pense, pour les soutenir moralement », a-t-il déclaré sur la BBC. S’y ajoutent le « gros problème » de l’accès à des toilettes et la question sanitaire.
Lors d’une conférence de presse lundi en fin de journée, Boris Johnson a précisé avoir discuté de la situation avec le président français Emmanuel Macron qui, selon lui, a dit vouloir « régler la situation dans les prochaines heures ».
Selon une source européenne mardi, M. Johnson s’est aussi entretenu lundi soir avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sur les négociations post-Brexit et la situation de la pandémie.
Le chef du gouvernement britannique, critiqué pour sa gestion de la pandémie qui a fait près de 68.000 morts, l’un des plus lourds bilans en Europe, a soutenu que les risques de transmission par les chauffeurs routiers « solitaires » sont « vraiment très faibles ».
Europe
Quand l’Allemagne paie au prix fort son virage énergétique
L’Allemagne, pionnière dans la transition énergétique, doit maintenant faire face à des coûts élevés et à des défis structurels qui mettent à l’épreuve sa compétitivité et sa stabilité énergétique.
La transition énergétique allemande, autrefois saluée comme un modèle de développement durable, se heurte aujourd’hui à des obstacles majeurs. Deux épisodes récents de « pannes vertes », où le prix de l’électricité a atteint des sommets vertigineux, ont mis en lumière les failles du système. En novembre et décembre, le prix de l’électricité a frôlé les 1000 euros par mégawattheure, une situation inédite qui a ébranlé non seulement l’Allemagne mais aussi ses voisins européens.
L’absence de vent et de soleil, éléments cruciaux pour la production d’énergie renouvelable, a paralysé les éoliennes et les panneaux solaires, entraînant une dépendance accrue aux importations d’électricité et une envolée des coûts. Les entreprises énergivores, forcées de réduire ou d’arrêter temporairement leur production, témoignent de l’impact direct de ces fluctuations sur l’économie. Bien que les particuliers et certaines entreprises bénéficient de tarifs fixes, la situation a révélé une vulnérabilité structurelle du marché énergétique allemand.
La politique énergétique du gouvernement Scholz, déjà sous le feu des critiques, a été vivement attaquée par l’opposition. Friedrich Merz, leader conservateur, a accusé le gouvernement d’avoir mis en péril la compétitivité de l’Allemagne. En réponse, Robert Habeck, ministre de l’Économie, a pointé du doigt l’inaction des gouvernements précédents face aux défis énergétiques.
Malgré une progression significative des énergies renouvelables, qui représentent désormais 60% de la production d’électricité, l’Allemagne peine à gérer l’intermittence de ces sources. La fermeture progressive des centrales à charbon et l’arrêt des réacteurs nucléaires en avril 2023 accentuent cette difficulté. Le pays doit investir massivement dans les capacités de stockage et dans des infrastructures flexibles pour pallier les variations de production.
Les experts, comme Georg Zachmann de Bruegel, soulignent l’urgence de réformes réglementaires pour encourager les investissements nécessaires. Cependant, des obstacles bureaucratiques retardent le déploiement des énergies vertes. Claudia Kemfert de l’institut DIW critique le décalage entre les délais de construction des infrastructures vertes et celles des énergies fossiles.
La chute de la coalition d’Olaf Scholz et la perspective des élections de février 2025 ajoutent une incertitude politique à cette équation complexe. L’abandon d’un projet de loi visant à remplacer le charbon par des centrales à gaz illustre les tensions entre les objectifs environnementaux et les impératifs économiques.
Le secteur industriel, représenté par Markus Krebber de RWE, alerte sur un système énergétique poussé à bout. Les « pannes vertes » de cet hiver ont démontré que, sans une adaptation rapide et profonde, la transition énergétique allemande pourrait non seulement coûter cher, mais aussi menacer la stabilité énergétique de l’Europe.
Europe
Le Portugal, fleuron européen du cannabis médical
Le Portugal se positionne comme un leader européen dans la production de cannabis à usage médical, grâce à des conditions climatiques idéales et une législation avant-gardiste.
Le Portugal émerge comme un acteur clé dans le domaine du cannabis médical en Europe. Grâce à un climat favorable et une réglementation adaptée, le pays attire de nombreuses entreprises pharmaceutiques, se positionnant comme un pionnier sur le marché européen.
Dans la région de Serpa, au sud du Portugal, des ouvriers agricoles récoltent du cannabis destiné à des fins thérapeutiques. José Martins, agronome en charge de cette vaste plantation, souligne que le Portugal bénéficie d’un environnement unique pour cette culture. La région, avec ses collines paisibles et son ensoleillement exceptionnel, offre des conditions idéales pour la croissance du cannabis, réduisant ainsi les coûts énergétiques par rapport aux cultures sous serres.
L’entreprise portugaise FAI Therapeutics, filiale du groupe Iberfar, a investi dans cette filière dès 2022. Cette initiative vise à concurrencer les sociétés étrangères déjà bien implantées dans le pays. Pedro Ferraz da Costa, PDG d’Iberfar, insiste sur la qualité et la sécurité des produits portugais, qui répondent aux exigences internationales grâce à un cadre réglementaire strict mis en place dès 2019.
À Cantanhede, au centre du Portugal, la multinationale canadienne Tilray a établi une importante installation. José Tempero, directeur médical de Tilray, affirme que le Portugal est à l’avant-garde de la production de cannabis médical en Europe. Avec ses serres de 4,4 hectares, Tilray peut produire jusqu’à 27 tonnes de cannabis par an, destinées à divers marchés mondiaux, y compris en Europe, en Amérique latine et en Australie.
Malgré cette expansion, l’accès au cannabis médical pour les patients portugais reste limité. Non remboursé par la sécurité sociale et peu prescrit par les médecins, le cannabis thérapeutique souffre encore d’une certaine stigmatisation. Lara Silva, mère d’une enfant épileptique, témoigne de l’inefficacité du système actuel. Elle doit importer du CBD depuis l’Espagne pour traiter les crises de sa fille, constatant des améliorations significatives.
Le marché mondial du cannabis médical est en pleine croissance, avec une valeur estimée à 16,6 milliards de dollars en 2023, et une projection à plus de 65 milliards en 2030. L’Europe, en particulier, devrait voir sa part du marché bondir de 226 millions de dollars à plus de 1,2 milliard d’ici la fin de la décennie. Le Portugal, avec ses exportations de près de 12 tonnes de produits médicaux à base de cannabis en 2023, principalement vers l’Allemagne, la Pologne, l’Espagne et l’Australie, est bien placé pour capitaliser sur cette tendance.
Cependant, l’acceptation du cannabis médical au Portugal reste un défi. Les patients et les professionnels de santé doivent surmonter les préjugés et les obstacles administratifs pour que cette thérapie devienne une option de traitement reconnue et accessible.
Europe
Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer
À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.
Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.
Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.
Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.
En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.
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