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Une école irlandaise forme une nouvelle génération de chaumiers pour sauver un patrimoine en péril

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Face à la disparition progressive des toits traditionnels, des passionnés transmettent leur savoir-faire ancestral pour préserver ces chefs-d’œuvre architecturaux.

Perchés sur des charpentes, des apprentis s’appliquent à tresser des bottes de paille sous la supervision d’artisans expérimentés. Dans le comté de Donegal, au nord-ouest de l’Irlande, une école unique en son genre s’est donné pour mission de revitaliser l’art du chaume, technique séculaire menacée par l’urbanisation et les matériaux modernes.

Ouverte depuis peu, cette formation gratuite attire des profils variés, allant de jeunes en reconversion à des propriétaires soucieux d’entretenir leur héritage familial. Brian Lafferty, maître chaumier septuagénaire, y enseigne avec passion les gestes précis qui permettent de créer des couvertures à la fois esthétiques et fonctionnelles. « Ces toits racontent notre histoire. Chaque brin de paille est une page du passé qu’il faut préserver », confie-t-il en guidant les novices.

Parmi les élèves, Fidelma Toland incarne cette volonté de perpétuer la tradition. Propriétaire d’une chaumière familiale, elle souhaite acquérir les compétences nécessaires pour en assurer la rénovation. Son engagement reflète un mouvement plus large : malgré le déclin constant du nombre de ces habitations – près d’un tiers a disparu en une décennie –, l’intérêt pour ce patrimoine renaît.

Les défis restent pourtant nombreux. La pénurie de matières premières, comme le lin ou le roseau, oblige souvent à importer des matériaux. Par ailleurs, la profession ne compte plus qu’une dizaine d’artisans à temps plein en Irlande. Pour Conal Shovlin, cofondateur de l’école, la solution passe par une mobilisation collective : « Si nous formons assez de spécialistes, ils pourront parcourir le pays pour redonner vie à ces bâtiments. »

Au-delà de l’aspect technique, les chaumières représentent un héritage culturel précieux. Leur isolation naturelle et leur résistance aux intempéries en font des modèles de durabilité, tandis que leur charme pittoresque attire touristes et amateurs d’authenticité. Ivor Kilpatrick, l’un des rares cultivateurs de lin du pays, souligne cette dimension symbolique : « Ces toits sont bien plus qu’un simple abri. Ils incarnent l’âme de l’Irlande rurale. »

Grâce à cette initiative, l’espoir renaît de voir perdurer un savoir-faire qui semblait condamné à l’oubli. Chaque nouvelle génération formée devient ainsi gardienne d’une tradition qui façonne depuis des siècles les paysages et l’identité irlandaise.

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