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Turquie sous tension. Sept journalistes derrière les barreaux alors que la protestation gronde

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La colère ne faiblit pas en Turquie. Des milliers de manifestants et plusieurs reporters, dont un photographe de l’AFP, ont été arrêtés dans un climat de répression croissante.

La mobilisation contre l’incarcération du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, rival de poids du président Recep Tayyip Erdogan, ne cesse de prendre de l’ampleur. Selon les chiffres officiels, plus de 1 400 personnes ont été interpellées depuis le 19 mars, date du début des manifestations. Les autorités turques font face à une contestation d’une intensité rare, comparable au mouvement Gezi de 2013.

Parmi les arrestations figurent celles de sept journalistes, dont Yasin Akgül, photographe de l’Agence France-Presse, placé en détention provisoire mardi par un tribunal d’Istanbul. Accusé d’avoir participé à des rassemblements interdits, le professionnel a pourtant affirmé n’avoir fait que son travail en couvrant les événements. Fabrice Fries, PDG de l’AFP, a exigé sa libération immédiate, soulignant que son collaborateur exerçait légalement son métier.

L’ONG Reporters sans Frontières a dénoncé une décision « scandaleuse », y voyant un précédent inquiétant. Jamais auparavant des journalistes en mission n’avaient été emprisonnés sur la base de cette loi anti-manifestations. Le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a confirmé que près d’un millier de personnes restaient en garde à vue, tandis que plus de 470 autres avaient été présentées à la justice.

Les interdictions de rassemblement se multiplient. Ankara a prolongé jusqu’au 1er avril les restrictions, tout comme Izmir, fief de l’opposition, où elles sont maintenues jusqu’au 29 mars. À Istanbul, des foules importantes continuent de défier l’interdiction, se rassemblant chaque soir devant la mairie. Mardi, des milliers d’étudiants ont défilé, certains dissimulant leur visage par crainte des représailles policières. « J’ai peur, bien sûr », a confié une étudiante sous couvert d’anonymat.

Özgür Özel, dirigeant du CHP, le parti d’opposition auquel appartient Imamoglu, a appelé à une nouvelle mobilisation devant l’hôtel de ville. Il s’est rendu à la prison de Silivri, où le maire et 48 autres accusés sont détenus, les qualifiant de « lions » pour leur résistance.

La communauté internationale s’alarme. Le Conseil de l’Europe a pointé un « usage disproportionné de la force », tandis que l’ONU a exprimé sa « vive préoccupation ». En réponse, le CHP a lancé un boycott contre plusieurs entreprises supposées proches du pouvoir.

Dans un discours télévisé, Erdogan a accusé l’opposition de semer le trouble, appelant à préserver « la paix sociale ». Malgré les pressions, la rue turque refuse de se taire.

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