Politique
Présidentielle : Macron défend son projet, Pécresse s’en démarque
Le président-candidat Emmanuel Macron a retrouvé le terrain vendredi pour défendre son projet de second mandat donnant un coup d’accélérateur à la campagne présidentielle qui voit Valérie Pécresse reculer un peu plus dans les sondages, à 23 jours du premier tour.
Au lendemain d’une conférence de presse fleuve, Emmanuel Macron s’est déplacé à Pau pour assurer le service après vente d’un programme aux allures de « mi-mandat » qui promet 15 milliards d’euros de baisses d’impôts et vise le « plein emploi » d’ici cinq ans.
Interrogé pendant trois heures et demie par des lecteurs de la presse régionale, il a notamment assuré que la nouvelle réforme des retraites – âge de départ à 65 ans, suppression de régimes spéciaux – sera « moins chamboule-tout » que celle de 2020.
« Le système universel, ça changeait trop les règles, c’était trop anxiogène », a-t-il reconnu. La réforme des retraites en 2020 s’était heurtée à un tir de barrage des partenaires sociaux et déclenché un vaste mouvement de grèves, avant d’être enterrée au début de la pandémie de Covid-19.
« Dépassement »
Fort de son statut de favori et de chef de l’Etat en pleine guerre en Ukraine, le président, qui devait s’entretenir de nouveau avec Vladimir Poutine vendredi après-midi, impose à la fois son tempo et son agenda à la campagne, prenant l’initiative et laissant ses adversaires réagir et critiquer l’absence de débat démocratique.
M. Macron refuse de débattre directement avec eux et n’a pour l’heure prévu qu’un seul meeting, le 2 avril à Paris.
Dans le camp Pécresse, qui craint le « vote utile » à droite en faveur de M. Macron, on s’est efforcé vendredi de se démarquer du président-candidat après l’avoir accusé la veille de piller leurs idées.
Un argument dont s’est emparé son rival d’extrême droite Eric Zemmour qui n’a de cesse de comparer Mme Pécresse et M. Macron à des « clones ».
« Cinq années après le début de l’engagement politique d’Emmanuel Macron, certains n’ont toujours pas compris ce qu’était le dépassement », a répliqué le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie sur Public Sénat.
« Je m’en fiche, royalement, totalement, +présidentiellement+. S’ils ne savent pas se différencier du projet que je porte, qu’ont-ils été faire dans cette galère? », avait répondu dès jeudi le candidat.
Quant à Marine Le Pen, qui forte de sa deuxième position dans les sondages espère un remake de 2017, elle a dit avoir eu « le sentiment qu’Emmanuel Macron se débarrassait d’une corvée ».
La candidate du Rassemblement national a stigmatisé un président qui pendant cinq ans « a fait une gestion de technicien, confiée à des techniciens ».
L’abstention plane
A gauche, les candidats ont également fustigé la conférence de presse de M. Macron, dénonçant comme le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon « une politique datée des années folles du libéralisme » ou encore comme la socialiste Anne Hidalgo un programme d’une « violence sociale inouïe ».
Le candidat communiste Fabien Roussel a lui mis en garde contre le risque qu’une campagne a minima n’aboutisse à une forte abstention et une faible légitimité en cas de réélection. « Cinq ans de présidence de la République ne peuvent pas être résumés en quatre heures de conférence de presse; ce serait style +je vous balance mon programme en quatre heures, affaire réglée+ », a-t-il dit sur franceinfo.
Ce procès en illégitimité a été brandi par plusieurs figures de l’opposition, jusqu’au président LR du Sénat, Gérard Larcher, s’attirant les foudres de M. Macron déclarant jeudi: « un président du Sénat ne devrait pas dire ça ».
Selon un sondage Ipsos/Sopra Steria publié vendredi, Emmanuel Macron est crédité de 29% des intentions de vote au premier tour le 10 avril largement devant Marine Le Pen, à 16%. Derrière, Eric Zemmour est stable à 13%, de même que le candidat de gauche radicale Jean-Luc Mélenchon à 12%.
Ce sondage confirme l’érosion de Valérie Pécresse, à 10,5%, soit à la 5ème place.
La candidate LR se trouvait vendredi dans le sud de la France à la Grande-Motte puis à Toulouse où elle devait tenir un meeting en soirée.
Elle qui a dénoncé un « mauvais copier-coller » de ses idées a tenté vendredi de reprendre la main, arguant d’être la seule capable de battre le chef de l’Etat au second tour et d’avoir le « courage » des réformes.
« Le programme d’Emmanuel Macron n’est pas le mien. Un programme ayant un deni total des questions d’autorité, de dette, qui fait moitié moins de baisses d’impôts, qui ne revalorise pas les salaires n’est pas le mien », a-t-elle affirmé.
« Quand Emmanuel Macron dit qu’il va faire les réformes, qui peut le croire?, a-t-elle ajouté en lançant que si elle est élue, elle « ne le prendrais pas comme ministre ».
Pour sa part, Eric Zemmour comptait lui sur un meeting vendredi soir à Metz pour donner un coup de fouet à sa campagne qui patine.
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Économie
Climat, guerres, Trump: le G20 sous pression en sommet à Rio
Le sommet du G20 à Rio de Janeiro se tient sous haute tension, avec des enjeux climatiques et géopolitiques majeurs, et l’influence croissante de Donald Trump.
Le sommet du G20, qui réunit les dirigeants des économies les plus influentes du monde, a débuté à Rio de Janeiro dans un contexte marqué par des défis climatiques pressants et des tensions géopolitiques exacerbées. Les discussions, qui se déroulent dans un cadre de plus en plus instable, sont dominées par la nécessité de trouver des accords sur le financement climatique et la gestion des conflits internationaux, tout en anticipant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
Les dirigeants du G20, représentant une part significative du PIB mondial et des émissions de gaz à effet de serre, sont confrontés à l’urgence d’agir pour le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à des compromis pour garantir un résultat positif à la prochaine conférence sur le climat, la COP29. Cependant, les divergences sur les questions climatiques et les conflits en cours, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, rendent les négociations particulièrement ardues. La Russie, absente du sommet, continue d’influencer les discussions par son conflit avec l’Ukraine, tandis que la situation à Gaza et au Liban ajoute une complexité supplémentaire.
Le président argentin Javier Milei, connu pour ses positions ultralibérales et climatosceptiques, introduit une incertitude supplémentaire. Buenos Aires a exprimé des réserves quant à l’adhésion à un communiqué commun, ce qui pourrait entraver les efforts de consensus. De son côté, le président brésilien Lula da Silva, hôte du sommet, souhaite recentrer les débats sur les enjeux sociaux et la lutte contre la pauvreté, avec le lancement d’une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, et la proposition d’une taxation des plus riches, déjà discutée entre les ministres des Finances du G20.
L’ombre de Donald Trump, qui devrait revenir à la Maison Blanche en janvier, plane sur le sommet. Joe Biden, en visite en Amazonie, a envoyé un message fort sur la nécessité de protéger l’environnement, soulignant le risque d’un affaiblissement des ambitions climatiques mondiales sous une nouvelle administration républicaine. Cette perspective alimente les craintes d’une fragmentation internationale accrue et d’un retour en arrière sur les engagements climatiques.
Les discussions bilatérales de Xi Jinping avec d’autres dirigeants illustrent également l’importance croissante des pays émergents et des visions alternatives dans un ordre mondial en pleine mutation. Selon Oliver Stuenkel, professeur en relations internationales, le monde entre dans une phase d’imprévisibilité accrue, où les pays du Sud et la Chine auront plus d’espace pour articuler leurs propres stratégies.
Le G20 de Rio de Janeiro se tient à un moment critique où les leaders doivent naviguer entre les impératifs climatiques, les conflits internationaux et les changements politiques majeurs, tout en cherchant à maintenir un semblant d’unité et d’action collective.
Politique
Au bord de l’épuisement, plus de huit maires sur dix jugent leur fonction usante pour la santé
L’Association des maires de France dévoile une étude inquiétante : la majorité des maires français sont au bord de l’épuisement, confrontés à des défis de plus en plus pressants.
Selon une enquête récente, l’exercice de la fonction de maire en France s’avère de plus en plus exigeant, au point de devenir préjudiciable pour la santé de ceux qui l’assument. L’étude, soutenue par l’Association des maires de France (AMF), révèle que 83% des maires estiment leur mandat « usant pour la santé ». Ce chiffre est alarmant et soulève des questions sur la soutenabilité de cette charge publique.
Les maires sont exposés à une multitude de pressions : tensions avec les administrés, menaces, agressions, mais aussi un rythme de travail intense. Plus de 65% des maires interrogés ont avoué ressentir « des moments de lassitude » durant leur mandat, tandis que 64% ont été confrontés à « des coups de fatigue ». Un autre aspect préoccupant est la santé mentale : plus de la moitié des maires (51,2%) souffrent de troubles du sommeil, symptomatique d’un stress chronique et d’une surcharge mentale.
L’étude met en lumière une réalité souvent occultée : la charge mentale, plus que la charge physique, pèse lourdement sur les épaules des élus locaux. Plus de 64% des maires se plaignent de penser à « trop de choses à la fois », et 77% considèrent que leur action n’est pas « efficace » face à la multitude de tâches à accomplir. Cette situation est particulièrement aiguë dans les petites communes, où les maires, souvent seuls, doivent prendre des décisions cruciales sans le soutien social nécessaire.
Cependant, malgré ces difficultés, les maires continuent d’éprouver une grande satisfaction dans leur rôle. Une quasi-totalité d’entre eux (99,7%) ressentent qu’ils font « quelque chose d’utile pour les autres » et 98,5% expriment la « fierté du travail bien fait ». Ce paradoxe entre l’épuisement et le sentiment de réalisation souligne l’importance et la complexité de leur mission.
Cette étude interpelle sur la nécessité de revoir les conditions d’exercice du mandat de maire, pour préserver la santé des élus et garantir la qualité de la gouvernance locale. Il est temps de réfléchir à des solutions concrètes pour alléger la charge des maires, afin que leur engagement civique ne se transforme pas en sacrifice personnel.
France
Emmanuel Macron atteint un seuil historique d’impopularité
Malgré son retrait de la scène politique intérieure, Emmanuel Macron enregistre un nouveau recul dans les sondages. Avec seulement 17% d’opinions favorables, il connaît l’un des plus bas niveaux de popularité jamais atteints par un président en exercice.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier continue de peser lourdement sur la popularité d’Emmanuel Macron. Un récent baromètre révèle que seulement 17% des Français ont aujourd’hui une opinion favorable du chef de l’État. Ce chiffre marque une chute sans précédent pour le président, qui traverse désormais une crise de confiance plus marquée que lors de la période tendue des « Gilets jaunes ». L’étude met en lumière le fossé grandissant entre le président et l’opinion publique, alimenté par son retrait de la gestion des affaires intérieures depuis la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, qui concentre désormais l’essentiel du pouvoir exécutif.
Le désenchantement des Français ne se limite pas à une simple baisse de popularité. Selon le sondage, 78% des personnes interrogées déclarent ne plus faire confiance à Emmanuel Macron. Un chiffre élevé, mais qui ne dépasse pas le record d’impopularité enregistré par François Hollande en 2016, où ce dernier avait culminé à 87% de défiance. Cet ancrage persistant d’une méfiance vis-à-vis du chef de l’État traduit un mécontentement profond, notamment au sein des classes populaires et de certaines franges de l’électorat centriste, qui semblent aujourd’hui désillusionnées par les promesses initiales de renouveau portées par le président.
Le sondage illustre également la montée du Rassemblement national (RN) dans le paysage politique français, avec Jordan Bardella et Marine Le Pen occupant les deux premières places du classement de popularité. La progression de figures de droite, comme Marion Maréchal en cinquième position et Éric Ciotti en dixième, témoigne d’un basculement notable de l’opinion publique en faveur des idées portées par le RN, et de la stratégie d’alliances qui semble désormais porter ses fruits. Gabriel Attal, quant à lui, peine à consolider sa base de soutien, fragilisée par sa posture ambiguë de critique du gouvernement tout en menant ses troupes à l’Assemblée nationale. Les tensions entre ses engagements et les attentes de ses partisans l’ont conduit à perdre 4 points auprès des centristes et 21 points à gauche, reflétant la difficulté de maintenir une ligne cohérente dans un contexte politique polarisé.
Cette baisse de popularité et la montée en puissance de l’extrême droite dessinent un paysage politique français de plus en plus incertain, marqué par une désaffection à l’égard de l’exécutif et un attrait croissant pour des alternatives radicales.
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