Nous rejoindre sur les réseaux

Monde

Paris sur le point d’envoyer à Alger une liste d’une soixantaine d’Algériens à expulser de France

Article

le

La France et l’Algérie traversent une crise sans précédent, marquée par un bras de fer migratoire et des relations diplomatiques au plus bas.

Le gouvernement français a finalisé une première liste d’une soixantaine de ressortissants algériens en situation irrégulière, qu’il compte expulser vers leur pays d’origine. Cette liste, qui doit être transmise « imminemment » aux autorités algériennes, concerne des individus jugés « dangereux » ou ayant commis des troubles à l’ordre public, selon les déclarations du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Ce dernier a insisté sur le fait que tous les noms figurant sur cette liste sont des Algériens dont la nationalité a été formellement établie.

Cette initiative intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays, exacerbées par le refus persistant de l’Algérie de reprendre ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Parmi ces cas figure notamment l’auteur d’un attentat ayant coûté la vie à une personne à Mulhouse en février dernier. Ces blocages ont contribué à envenimer des relations déjà fragilisées depuis la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet dernier.

Bruno Retailleau a averti que cette liste constituerait un « moment de vérité » pour l’Algérie. Si celle-ci refuse de coopérer, la France pourrait envisager une riposte graduée, allant jusqu’à la remise en cause des accords bilatéraux existants. Le ministre a rappelé que l’Algérie est tenue par des engagements internationaux et des accords signés avec la France, notamment celui de 1968 qui régit les conditions de circulation, de séjour et d’emploi des Algériens en France.

Cependant, cette liste initiale semble bien en deçà des ambitions affichées par le ministre, qui avait précédemment évoqué l’expulsion de « plusieurs centaines » de personnes. D’autres listes pourraient suivre, selon les évolutions de la situation. De son côté, le Premier ministre François Bayrou a appelé à la raison, soulignant l’importance de respecter les engagements pris et de préserver les relations entre les deux pays. Il a toutefois rappelé que la France pourrait dénoncer l’accord de 1968 si l’Algérie ne reprenait pas ses ressortissants dans un délai de six semaines.

Le président Emmanuel Macron, quant à lui, a opté pour une approche plus apaisée, prônant une renégociation de l’accord plutôt que sa dénonciation. Cette position contraste avec le ton ferme adopté par Bruno Retailleau, qui est également candidat à la présidence de son parti, Les Républicains. Le ministre est accusé par certains observateurs de jouer la surenchère dans un contexte de campagne interne.

Malgré ces tensions, la France espère que cette liste pourra servir de base à un dialogue renouvelé avec l’Algérie. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a récemment souligné l’importance de relations apaisées entre les deux pays, tout en rappelant que l’apaisement ne peut être décrété unilatéralement. Il a appelé les autorités algériennes à saisir cette opportunité pour amorcer une nouvelle phase de coopération.

Cette annonce survient par ailleurs dans un contexte sensible, marqué par une affaire judiciaire impliquant un fonctionnaire français soupçonné d’avoir transmis des informations sur des opposants au régime algérien vivant en France. Cette affaire, révélée quelques jours avant l’annonce de la liste, ajoute une couche supplémentaire de complexité aux relations déjà tendues entre Paris et Alger.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus